
- On sait que vous avez étudié la pédagogie musicale, alors qu'est-ce qui vous a amené à l'art de la marionnette ?
J'ai d'abord étudié la pédagogie musicale à l'Université militaire des arts et de la culture. Cependant, en deuxième année d'université, une rencontre fortuite m'a poussé à m'essayer à la marionnetterie. J'ai postulé pour le cours de marionnettes du Théâtre de marionnettes du Vietnam et j'ai eu la chance d'être admis. Depuis, je pratique la marionnette depuis 21 ans.
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la pratique et de la représentation ?
- Le théâtre de marionnettes exige de la force, surtout pour les femmes. Les marionnettes sont généralement très lourdes et les acteurs doivent se tenir debout dans l'eau, vêtus de combinaisons spéciales en caoutchouc pour se protéger de l'eau. Cette combinaison pèse environ 3 kg. Lorsque l'on se tient debout dans une eau de 80 à 90 cm de profondeur, nos pieds et nos chevilles subissent une forte dépression, ce qui est très douloureux. Il est donc nécessaire de porter des chaussettes en coton pour réduire la pression de l'eau sur nos pieds.
Imaginez : vous devez contrôler une marionnette lourde, vêtue d'une combinaison en caoutchouc de 3 kg, puis la déplacer sous l'eau en opposant une forte résistance ; il faut déployer une force considérable. Déplacer et contrôler la marionnette simultanément n'est pas simple. Pour les femmes aux jambes fragiles et aux mains souples, c'est encore plus difficile.
Deuxièmement, la combinaison en caoutchouc est très étouffante. Le personnel du Théâtre de Marionnettes souffre souvent de maladies professionnelles comme l'arthrite, la sinusite… car il doit tremper dans l'eau toute la journée. Souvent, lors des répétitions, nous devons tremper du matin au soir, pendant des dizaines d'heures. Ensuite, nous devons courir pour nous produire. Ces maladies nous suivent comme une « combinaison promotionnelle » essentielle de la profession et nous devons apprendre à l'accepter.
- Malgré toutes ces difficultés, qu'est-ce qui vous a permis de rester passionné par votre carrière au cours des 21 dernières années ?
Je me sens réalisation très chanceuse d'avoir accompli de nombreusess et obtenu de précieux résultats grâce à cette profession. De plus, au cours de ma carrière, j'ai eu l'occasion de me produire et de faire des tournées dans de nombreux pays, non seulement au Vietnam, mais aussi à l'étranger. Où que j'aille, le public manifeste toujours de l'amour, de l'intérêt et de l'admiration pour l'art de la marionnette vietnamienne. C'est ce qui me motive à poursuivre cette voie artistique jusqu'à aujourd'hui.
- Au cours de ce long voyage, as-tu déjà eu envie de t'arrêter ?
Oui, autrefois, la marionnettes était très difficile et moins développée qu'aujourd'hui. Souvent , je n'avais pas assez d'argent pour vivre, alors j'ai pensé démissionner ou changer de travail pour gagner plus. Mais mes frères, sœurs, amis et collègues m'ont encouragé. Chaque fois que l'idée d'arrêter ou de changer de carrière me traversait l'esprit, je trouvais un emploi, je m'entraînais, je me produisais et je participais à des concours. J'étais pris dans ce cercle vicieux, et j'ai gagné en confiance et en détermination pour continuer mon métier.
- Parmi les spectacles de marionnettes que vous avez présentés, lequel vous rend émotif et mémorable ?
La pièce qui m'a le plus marquée et qui m'a le plus transformé est « Le Destin de Kieu ». On m'a attribué le rôle de Thuy Kieu. C'était la première fois que j'interprétais un rôle aussi difficile, et j'ai ressenti une énorme dépression. Juste au moment des répétitions, j'ai failli perdre l'appétit et le sommeil, et j'étais très stressée.
Après avoir terminé le rôle de Kieu, il m'a fallu trois mois pour m'extraire de mon personnage. Cette période était assez fatigante : je ne dormais que deux heures par jour. Le reste du temps, j'étais constamment tendu, pensant constamment au personnage de Thuy Kieu et à la meilleure façon de l'incarner.
- Vous avez participé à de nombreux spectacles itinérants, amenant des marionnettes dans les écoles. Qu'est-ce qui vous a motivé ?
Passionné de marionnettes depuis 21 ans, je trouve cet art très intéressant. Il y a beaucoup à découvrir et à apprendre. Je souhaite donc préserver et diffuser l'art des marionnettes sur l'eau auprès des jeunes, afin qu'ils connaissent et mieux comprennent cet art populaire traditionnel unique. C'est un sujet très intéressant et amusant. J'espère également pouvoir, à l'avenir, rapprocher l'art des marionnettes des élèves, afin que la marionnette, et en particulier la marionnette sur l'eau, ne se perde pas avec le temps.
Je suis ravi de constater que les jeunes, et plus particulièrement les élèves, commencent à s'intéresser davantage aux marionnettes. Auparavant, le théâtre organisait principalement des spectacles pour les enfants, les enfants d'âge préscolaire et les maternelles. Le public, composé d'élèves, d'adolescents et plus, était très restreint. Cependant, ces dernières années, la programmation du théâtre s'est progressivement étoffée et le public s'est diversifié. C'est le meilleur encouragement pour constater qu'on s'intéresse davantage au théâtre et aux arts traditions. Cela a un impact très positif, contribuant au retour et au développement de la culture populaire vietnamienne.
Merci beaucoup!
L'artiste émérite Nguyen Lan Huong a affirmé son talent et son courage à travers de nombreux rôles, remportant de nombreux prix lors de festivals de théâtre professionnels : Honorée comme « Jeune Talent » au 2e Festival de Marionnettes (2008), Médaille d'Argent au 3e Festival de Marionnettes (2012), Médaille d'Or au 4e Festival de Marionnettes (2015), Médaille d'Or au 5e Festival de Marionnettes (2018), Médaille d'Or au 4e Festival International de Théâtre Expérimental (2019)... En 2023, elle a reçu le titre d'Artiste émérite.
Source : https://hanoimoi.vn/nsut-nguyen-lan-huong-lan-toa-tinh-yeu-mua-roi-den-gioi-tre-708224.html
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