Un sommet des dirigeants européens sur l'Ukraine à Paris s'est terminé le 26 février par des appels à un soutien continu à l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie, mais sans mesures concrètes.
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse au palais de l'Élysée à Paris, le 26 février 2024. (Source : AP) |
Proposition choquante du propriétaire
Il semblait que la conférence, qui s'est terminée le 26 février, aurait lieu et aboutirait à des résultats similaires à ceux de certains forums de paix sur l'Ukraine en 2023 et début 2024. Cependant, une proposition vraiment choquante a émergé du président du pays hôte, Emmanuel Macron : le chef de l'Elysée voulait envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine si l'armée du gouvernement du président Zelensky perdait la bataille.
Immédiatement après la fin de la conférence, les collègues occidentaux de M. Macron, comme l'Allemagne, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie... ont annoncé presque simultanément qu'ils ne déploieraient pas de troupes de combat en Ukraine.
La proposition de Paris a donc été publiquement rejetée par la plupart des pays de l'OTAN. Même Washington, principal soutien de Kiev depuis le début du conflit, a déclaré qu'il n'enverrait pas de troupes et a fortement déconseillé aux autres pays de le faire.
Face aux fortes accusations publiques, M. Macron lui-même a dû présenter des excuses habituelles selon lesquelles les mots étaient « sortis de leur contexte » et « mal compris ».
Pour aider son dirigeant, le ministre français de la Défense, Lecornu, a expliqué le 28 février que le véritable objectif n'était pas d'envoyer des unités militaires professionnelles mais seulement d'autres activités auxiliaires, comme assurer la cybersécurité et le déminage... Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourne, a également déclaré franchement : « La France n'enverra pas de troupes en Ukraine pour participer à la guerre » et « les soldats français ne mourront pas pour l'Ukraine ».
Cependant, le 29 février, le président Emmanuel Macron a tout de même déclaré que « chaque mot que je prononce sur cette question, chaque phrase, chaque mot, est soigneusement réfléchi et pesé ». Ainsi, les déclarations du président français sur la possibilité d'envoyer des troupes de combat en Ukraine n'ont pas été mal interprétées et ont été prises dans leur contexte.
Pour Kiev ou l'Elysée
L'élite européenne savait pertinemment comment la Russie réagirait à la proposition provocatrice du président français. Et d'ailleurs, dans son discours sur l'état de la nation adressé à tous les députés de la Douma d'État et de la Chambre haute du Parlement russe le 29 février, le président russe Vladimir Poutine a souligné que les hommes politiques occidentaux avaient oublié ce qu'était la guerre et se rappelaient comment s'étaient terminées les invasions passées des ennemis sur le sol russe.
Le dirigeant russe a affirmé que si la même chose se produisait aujourd'hui, les conséquences pour ceux qui interviendraient seraient bien plus tragiques, et il a affirmé avec force que la Russie dispose d'armes capables de frapper des cibles sur son territoire.
Alors pourquoi M. Macron ajoute-t-il de l’huile sur le feu à un moment où le conflit s’intensifie en Ukraine, ainsi que les tensions géopolitiques entre la Russie et les pays occidentaux ?
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Le président de la Douma d'État de la Fédération de Russie, Viatcheslav Volodine, a expliqué que la politique risquée de Macron était liée à sa volonté de conserver son pouvoir personnel. Selon Volodine, durant sa présidence, Macron « n'a rien accompli, si ce n'est la stagnation de l'économie du pays, la persistance des manifestations de masse et les échecs géopolitiques en Afrique ».
Le commentateur politique russe Mikhaïl Tokmakov a également déclaré que le sommet de Paris n'avait pas été organisé dans l'intérêt de Zelensky, mais dans celui du président Macron lui-même, alors que son siège était fragile. La situation en France est actuellement perturbée, de nombreuses manifestations paysannes ayant éclaté. Cela menace les Jeux olympiques de 2024 qui approchent à grands pas et la crise alimentaire qui pourrait survenir l'hiver prochain. Selon M. Tokmakov, M. Macron a, dans ce contexte, utilisé la « très vieille » astuce consistant à unifier la nation contre les ennemis extérieurs, afin de détourner l'attention de l'opinion publique française de la situation intérieure.
Effets indésirables
De nombreux observateurs ont laissé entendre qu'il avait même réussi, à certains égards, mais dans le sens inverse. Ses propositions ont rendu son pays et l'Ukraine impopulaires auprès de la France et de nombreux pays européens. Surtout dans le contexte du récent affaiblissement du soutien à l'Ukraine, notamment après la défaite des forces armées ukrainiennes à Avdiivka.
Même les experts occidentaux ont jugé les propos du président français audacieux. Plusieurs journalistes de Politico ont accusé Macron de semer la confusion chez l'Ukraine et l'Occident tout entier. Selon les experts, les propos de Macron ont d'abord confirmé la situation difficile de l'armée ukrainienne.
Elle a également révélé de profondes divisions au sein même de l'OTAN, de nombreux dirigeants occidentaux rejetant fermement l'« initiative » de leurs homologues français. Les experts ont souligné que la récente déclaration de M. Macron témoignait de son « manque de compréhension » envers ses collègues et l'opinion publique occidentale en général.
La proposition du président français semble donc inopportune. Elle a semé la confusion quant à savoir si elle profiterait à Paris ou à Kiev. Mais il est clair qu'il n'y aura désormais plus de force multinationale pour combattre aux côtés de l'armée ukrainienne sur le champ de bataille.
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