Les salaires en France continueront d'augmenter en 2024. (Source : OMFIF) |
A six mois des élections européennes, la question des salaires est placée en tête de l'agenda.
Ces derniers mois, le président français Emmanuel Macron n'a cessé d'encourager les employeurs à soutenir les revenus de leurs salariés, tout en dénonçant les professions qui n'ont pas encore actualisé leur salaire minimum. Parallèlement, les syndicats ont mobilisé les travailleurs dont les salaires ont été régulièrement réduits par l'hyperinflation pour organiser une marche commune sur ce sujet à la mi-octobre 2023.
Dans un discours prononcé le 16 janvier, le président Emmanuel Macron a promis de « dynamiser davantage la question de l’emploi ».
Les salaires augmenteront plus que l'inflation
Toutes les recherches actuelles montrent que les salaires continueront certainement d’augmenter jusqu’en 2024.
Une étude de la Banque de France publiée fin décembre 2023 montre que l'augmentation moyenne des salaires devrait être de 3,5 % en 2024.
Un autre rapport de WTW, publié mi-janvier 2024, évaluait l'augmentation à 4 %. Ces chiffres sont certainement pertinents pour la situation de 2023, où les chefs d'entreprise ont peut-être imposé des exigences élevées à leurs travailleurs, rendant leur gagne-pain plus difficile.
À titre de comparaison, la croissance de l’indice du salaire mensuel de base (SMB) n’a pas dépassé 1,5 % en 2020 et 1,7 % en 2021.
Plus important encore, cette croissance se fera dans un contexte de prix stables.
« L'inflation sera de 2,5 % en 2024 contre 5,7 % en 2023 », a déclaré Bruno Ducoudré, expert au département des Études et Prévisions macroéconomiques de la Banque de France, dans un communiqué. « C'est suffisant pour permettre aux travailleurs de constater enfin les bénéfices qu'ils tirent de l'amélioration de leur niveau de vie. »
D’ici 2024, l’éminent groupe de réflexion sur la politique économique française OFCE à Paris estime que les revenus réels des ménages seront supérieurs de 2,5 % à ceux de 2019.
À l'inverse, certains chefs d'entreprise réduiront leurs marges bénéficiaires pour mieux soutenir leurs employés. Plus précisément, chacun fera ce qu'il peut.
Pierre Burban, secrétaire général de la Confédération des entreprises locales, assure : « Les entreprises sont mobilisées pour maintenir le pouvoir d’achat de leurs salariés. »
Éric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) en charge des questions sociales, a ajouté que les employeurs pensent toujours de la même manière en matière d'augmentation de salaire, que les entreprises peuvent augmenter les salaires de leurs employés.
« L’augmentation du nombre de salariés restera une priorité absolue pour 2024 », a déclaré Audrey Louail, présidente du réseau entrepreneurial Croissance Plus.
Toutefois, les salaires augmenteront plus que l’inflation en 2024, ce qui est une bonne nouvelle pour les travailleurs qui ont connu des moments difficiles dans les années qui ont suivi la crise du Covid-19.
Selon l'institut d'études INSEE, le salaire net moyen en euros constants va baisser de 1 % en 2022, soit la plus forte baisse observée depuis 25 ans. Certains travailleurs gagnent moins que d'autres.
Le salaire minimum a augmenté en moyenne de 13,5 % après sept augmentations entre le 1er janvier 2021 et le 1er mai 2023. Cela a contribué à protéger le pouvoir d'achat des travailleurs, mais a réduit la proportion de travailleurs gagnant le salaire minimum de 12 % à 17,3 %. Les habitants des zones rurales ont été plus durement touchés par la hausse des prix des carburants ou ont davantage souffert de celle des denrées alimentaires.
Les travailleurs qualifiés seront les gagnants
Le MEDEF a indiqué que les entreprises ayant augmenté leurs salaires de 10 % en moyenne en 2023 ont réussi à compenser l'inflation. Le MEDEF prévoit que cette hausse se poursuivra en 2024, malgré une situation plus tendue.
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a souligné qu'outre la question des retraites, c'est la question salariale qui est à l'origine de la grève de 2023.
« En l'absence d'inflation, la performance et la productivité des travailleurs augmentent. En revanche, en cas de hausse des prix entraînant une inflation, nous devons tenir compte de ce paramètre lors de l'ajustement des augmentations de salaire. Les chefs d'entreprise connaissent parfaitement la réalité et les difficultés du quotidien », a expliqué le CPME.
D'ici décembre 2023, selon le syndicat, 20 % des chefs d'entreprise gagneront moins de 1 400 euros par mois. Selon la CPME, les augmentations de salaires viseront à suivre, voire à dépasser, les augmentations de prix.
La Banque centrale française estime que pour les travailleurs actifs, cette année apportera certainement de précieuses récompenses, même si 2024 est moins favorable, notamment en raison de la taxation des primes d'assurance.
Pour WTW, les travailleurs qualifiés seront les gagnants. Leur enquête révèle que « 62 % des entreprises ont commencé à revoir leurs politiques de rémunération pour ce segment de la main-d'œuvre qualifiée en difficulté ». Cela s'explique par un marché du travail moins dynamique et un manque flagrant d'embauches.
Certaines négociations seront « plus difficiles cette année », a déclaré Alain Di Crescenzo, président de la CCI française. La crise immobilière aura des répercussions qui rendront les négociations salariales dans les secteurs de la construction et de l'immobilier beaucoup plus complexes qu'en 2023. Cela n'est pas dû à un manque de volonté des entreprises, mais simplement à un marché en contraction.
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