La crise du logement jette une ombre sur les élections américaines

Dans la course à la Maison Blanche, la hausse des prix de l’immobilier est un casse-tête pour M. Biden et le potentiel candidat républicain Donald Trump.

L'indice national des prix de l'immobilier S&P aux États-Unis a augmenté de 5,5 % sur un an en décembre 2023 et de 5 % par rapport à novembre, soit la plus forte hausse depuis décembre 2022. Brian Luke, responsable des matières premières, des actifs réels et numériques chez S&P Dow Jones Indices, a déclaré que les prix de l'immobilier aux États-Unis sont confrontés à des vents contraires importants au quatrième trimestre 2023.

« L’augmentation des prix de l’immobilier en 2023 devrait dépasser l’augmentation moyenne des 35 dernières années », a-t-il déclaré.

Les États-Unis sont aux prises avec une crise de l'accessibilité au logement. La cause profonde du problème réside dans la construction insuffisante de logements face à la croissance démographique. Selon l'AP , le manque d'offre a mis à mal le rêve américain d'accession à la propriété, compromettant ainsi la promesse du président Joe Biden de solidité de l' économie américaine. Parallèlement, cette situation a également révélé l'ignorance de la crise par l'ère Donald Trump.

La pénurie de logements a fait grimper les prix et contraint les locataires à consacrer une part disproportionnée de leurs revenus au logement, tandis que les taux hypothécaires moyens ont plus que doublé, selon une analyse de l'Université Harvard.

Le Bureau du recensement des États-Unis a indiqué que le taux d'accession à la propriété avait légèrement diminué à la fin de l'année dernière, malgré une économie vigoureuse. Si le coût du logement n'avait pas augmenté, l'inflation – le principal casse-tête économique de Biden – serait restée stable à 1,8 %. En réalité, elle oscille autour de 3,2 %.

Shaun Donovan, ancien secrétaire au Logement et au Développement urbain sous Obama, a déclaré travailler dans le secteur du logement depuis 30 ans. « Le problème de l'accessibilité au logement est le plus grave que j'aie jamais rencontré dans ma carrière », a-t-il déclaré.

Donovan a déclaré que les prix de l'immobilier constituent un enjeu de plus en plus bipartisan. Alors que Démocrates et Républicains se disputent la Maison Blanche en novembre, le secteur immobilier est sous pression.

Les prix de l'immobilier ont été élevés dans les régions contrôlées par les Démocrates, comme New York et San Francisco. Mais aujourd'hui, des États républicains comme Boise, dans l'Idaho, sont également confrontés à la hausse des coûts du logement. « C'est un problème majeur partout. Cela transforme la politique d'une manière inédite », a-t-il déclaré.

Mark Zandi, économiste en chef chez Moody's Analytics, a déclaré que l'issue de l'élection de novembre pourrait dépendre de l'évolution des taux hypothécaires. Le taux moyen se situe actuellement autour de 6,74 %. Si les taux se rapprochent de 6 %, les chances de victoire de Biden augmenteraient, a-t-il ajouté. S'ils atteignent 8 %, Trump pourrait avoir un avantage.

Les experts de Moody's Analytics affirment que dans le contexte actuel de crise de l'accessibilité au logement, des taux d'intérêt plus élevés rendront l'accession à la propriété complètement hors de portée de la plupart des primo-accédants.

« Parce que l’accession à la propriété est un élément essentiel du rêve américain, si elle devient inaccessible, cela aura un impact profond sur la perception de l’économie par les électeurs », a déclaré l’économiste en chef Zandi.

Selon la société de prêts hypothécaires Freddie Mac, la pénurie de logements aux États-Unis a augmenté de 52 % pour atteindre 3,8 millions de logements sous la présidence Trump (2018-2020). Sous Biden, le président a reconnu que de nombreuses personnes rencontraient des difficultés pour accéder à la propriété, dans son discours sur l'état de l'Union prononcé plus tôt ce mois-ci et dans son projet de budget publié plus tôt cette semaine.

Il souhaite investir dans la construction de 2 millions de logements et offrir un crédit d'impôt pouvant atteindre 10 000 dollars par acquéreur. « En fin de compte, nous devons construire davantage. C'est ainsi que nous maîtriserons les coûts », a déclaré Biden dans un discours lundi.

Un drapeau américain orne un panneau « À vendre » sur une maison du quartier de Capitol Hill, à Washington. Photo : Reuters — Un drapeau américain orne un panneau « À vendre » sur une maison du quartier de Capitol Hill, à Washington. Photo : *Reuters*

La hausse rapide des prix de l'immobilier a été un enjeu majeur sous Trump. Président, il a appelé à freiner la construction en banlieue. Lors de la campagne de 2020, il a affirmé que les politiques de Biden visant à stimuler la construction et l'accessibilité à la propriété « détruiraient votre quartier ».

Construire davantage de logements prendra des années et nécessitera de nouvelles réglementations de la part des États et des villes. L'administration tente d'encourager les changements de zonage, mais les choix clés échappent au contrôle de la Maison Blanche.

Même si les revenus augmentent, l'économie s'améliore et l'inflation baisse, les gens n'ont toujours pas les moyens d'acheter un logement, a déclaré Daryl Fairweather, économiste en chef de la société de courtage Redfin. « C'est le plus gros problème pour Biden, car il ne peut pas le résoudre seul », a-t-elle ajouté.

Malgré un accord bipartisan sur la nécessité de créer davantage de logements, aucun plan d'envergure n'a encore été adopté par la Chambre des représentants ou le Sénat. Biden a proposé des aides au logement tout au long de son mandat, mais n'a jamais donné suite.

« Si le Congrès avait approuvé certains des investissements que le président a demandés depuis son entrée en fonction et mis en œuvre il y a trois ans, nous aurions actuellement sur le marché des logements abordables supplémentaires », a déclaré Daniel Hornung, directeur adjoint du Conseil économique national de la Maison Blanche.

M. Ky ( selon AP, S&P )

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