Je suis arrivé dans la province de Binh Phuoc (ancienne province) un jour de début de saison des pluies, alors que j'étais en vadrouille avec ma carrière d'écrivain. Les chemins de terre rouge basaltique étaient doux, la vieille moto glissait entre deux rangées d'hévéas bien droits. L'odeur de la terre, celle de la résine, celle de la sueur… se mélangeaient, créant une saveur unique. À cette époque, l'Est n'avait pas la ville animée de Dong Xoai, ni les parcs industriels aux toits de tole. Il n'y avait que des forêts, des ruisseaux, le chant des insectes et des écoles cachées parmi les collines d'anacardiers et les champs de poivre. Je savais seulement que les nuits à Bu Gia Map, Bu Dang, Phuoc Long, la brume s'accrochait comme un voile léger sur le toit de la forêt, et que j'étais allongé, écoutant les oiseaux solitaires s'appeler dans la forêt d'hévéas. C'est la plus jeune province du Sud-Est, séparée de la province de Song Be en 1997. Mais la profondeur historique de ce territoire est présente depuis longtemps dans les anciennes zones de guerre forestières de la résistance contre les États-Unis, avec les noms de lieux de Bu Dang, Bu Dop et Loc Ninh. Le territoire de Loc Ninh marque l'Accord de Paris, et le hameau de Bom Bo résonne du bruit des machines tournant jour et nuit pour nourrir l'armée de résistance.
Une autre fois, j'ai visité la terre rouge à l'invitation d'un ami enseignant, les jours où la poussière rouge tourbillonnait jusqu'aux nuages, où la forêt d'anacardiers d'un vert profond s'étendait à perte de vue, où les élèves étudiaient assis, le regard clair et la voix s'exprimaient encore dans la langue de leur ethnie. Les enfants des ethnies Stieng et M'nong n'avaient jamais connu les livres en couleur, n'avaient jamais porté de chaussures d'école, mais dans leurs yeux résidait le désir de grandir, d'apprendre, de comprendre le monde extérieur à la forêt. Ces enfants ont éveillé en moi le désir d'apporter ma contribution. Debout sur une tribune, écrivant sur l'éducation , j'ai compris que, de ces jours difficiles, il ne s'agissait pas seulement de mots, mais aussi du cheminement de l'humanité. Cette terre au carrefour de l'Indochine, à la fois marquée par l'histoire et berceau de mutations silencieuses dans le domaine de l'éducation. Cette trace ne se lit pas ici sur les grandes routes ni sur gratte-ciels, mais sur les immenses forêts d'hévéas, les écoles à proximité des champs et les pas des enseignants accrochés aux villages pour semer le savoir. Ici, la terre rouge est associée au sang et aux osssements, et porte les empreintes des enseignants. L'histoire est ancrée dans chaque centimètre carré de terre, dans chaque pas de l'école, où les enseignants enseignent encore discrètement, comme s'ils continuaient d'écrire l'épopée à la craie blanche et au tableau vert…
Je me souviens de l'époque où nous n'avions ni électricité ni réseau téléphonique. Le soir, nous nous asseyions ensemble sous la lampe à huile pour lire des poèmes, corriger des copies, raconter des histoires sur Saïgon, l'Occident et notre passage à l'école normale. Grâce à ces soirées, j'ai compris : le plus précieux dans l'éducation, ce n'est pas le matériel, mais le cœur de l'enseignant.
Maintenant que Binh Phuoc et Dong Nai sont sous le mien toit, j'espère que l'éducation à Dong Nai lui ressemblera prochainement. J'aurai ainsi davantage d'occasions de voyager, d'écrire et de contribuer à l'éducation dans ma province natale…
Duyen Ha
Source : https://baodongnai.com.vn/dong-nai-cuoi-tuan/202507/dau-yeu-dat-do-0ec27be/
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