En plein cœur de la ville, durant les journées de décembre, les gens et les véhicules s'affairent dans les rues, faisant leurs courses, profitant de chaque heure pour se préparer aux trois jours du Têt. Chacun veut faire des provisions, notamment du porc de campagne pour le ramener en ville.
Dans cette agitation, ma mère me manque, tout comme le village pauvre d'avant le Têt. Je regrette surtout les morceaux de porc salé enveloppés dans des feuilles d'arec suspendus au-dessus du poêle familial, que toute la famille pouvait déguster pendant le Têt.
Si le Têt n'était pas accompagné d'une viande parfumée enveloppée dans des feuilles d'arec sur le feu, à manger progressivement jusqu'à la pleine lune de janvier, alors le Têt de notre enfance serait bien insipide.
Dans mes souvenirs d'enfance, ma mère préparait le Têt depuis le milieu du dixième mois lunaire. Comme prévu, après la cérémonie funéraire dans ma ville natale, les familles de mon quartier mettaient de l'argent en commun pour alimenter la tirelire d'une autre famille du quartier.
Les porcs sont nourris avec des feuilles de patate douce cuites avec du son et des feuilles de bananier, ce qui rend leur viande très parfumée. Généralement, quatre personnes partagent un porc : chaque famille reçoit une patte. La famille la plus riche, avec le plus de membres, reçoit deux pattes.
Chaque partie contient à la fois des os, de la viande et des pieds de porc. Lors des fêtes du Têt, ma mère prépare souvent une soupe de bananes vertes avec des os et des pieds de porc. Cette soupe de bananes couleur raisin de Quang Nam est méconnue et peu consommée partout.
Après avoir partagé la viande, tout le village s'est assis autour d'un plateau rond, occupé à cuire une marmite de bouillie avec des abats dans un poêle de fortune en briques.
Le pot de porridge fumait et bouillait près du feu, fait d'énormes bûches et de braises rougeoyantes. Les mères des sœurs le servaient à tout le quartier, pour un repas convivial et chaleureux.
Quant au porc, ma mère l'apportait à la maison et le coupait en morceaux d'environ la longueur d'une main, soit la taille de deux doigts d'adulte. Elle le faisait mariner avec des épices, puis le plaçait dans des feuilles d'arec, le ficelait et le suspendait à la grille. Ainsi, les saveurs du Têt emplissaient la cuisine familiale pendant les jours précédant le Têt.
Combien de printemps ont passé dans ma vie, et pourtant le goût du porc bouilli, issu de la spathe d'arec, reste gravé dans ma mémoire. À chaque repas, ma mère ouvre le paquet de viande, en sort un ou deux morceaux, les lave, les assaisonne et les met à bouillir dans la marmite.
Rien qu'en plongeant la viande dans l'eau bouillante, je sentais l'arôme se répandre dans la cuisine familiale. Je me souviens encore très bien de la couleur rose de la viande sortie de la spathe d'arec ; après cuisson, elle conservait cette couleur rose clair si particulière.
La viande finement tranchée était présentée dans l'assiette et semblait vivante, d'une couleur unique et indescriptible. L'arôme semblait concentré dans la viande enveloppée dans des feuilles d'arec que ma mère avait préparées ce jour-là, inoubliable.
Nous avons grandi, quitté le village pour la ville et découvert le monde. Chacun de nous a suivi son propre chemin. De nombreux souvenirs d'enfance me restent en mémoire, mais celui de ma mère assise, faisant mariner la viande avec soin et emballant soigneusement chaque morceau pour que nous puissions déguster de délicieux repas imprégnés des saveurs de notre terre natale, restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Ma mère me manque et j'ai envie de savourer le plat pauvre mais délicieux de viande enveloppée dans des feuilles d'arec de ma famille pendant les trois jours du Têt. La saveur simple, rustique et authentique de ce plat porte le caractère et l'image rustique des habitants de ma ville natale, Quang, depuis des temps immémoriaux…
Source : https://baoquangnam.vn/thit-heo-bo-mo-cau-vi-xua-tet-cu-3148232.html
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