L'ancienne cité de Syganak, dans le sud du Kazakhstan, était autrefois une capitale prospère d'Asie centrale. (Source : The Astana Times) |
Avec sa riche histoire, sa valeur culturelle et son emplacement stratégique, Syganak est proposé pour faire partie du site du patrimoine mondial dans le cadre de la nomination transnationale « Routes de la soie : corridor Fergana-Syrdarya » initiée par l'UNESCO.
Carrefour des civilisations
Selon un article de la chaîne d'information Astana Times , Syganak était autrefois une capitale prospère et un bastion stratégique en Asie centrale. Située dans l'actuelle province de Kyzylorda, près du fleuve Syr-Daria, la ville se trouve à environ 15 kilomètres du village de Sunak Ata (district de Zhanakorgan). D'une superficie de près de 20 hectares, Syganak était autrefois un centre politique , économique et culturel, faisant office de « carrefour » sur la carte des anciennes routes commerciales reliant l'Est et l'Ouest.
La ville apparaît pour la première fois dans les documents historiques aux Xe et XIe siècles comme une colonie oguze. Au XIIe siècle, Syganak était devenue la capitale de l'État kipchak, une puissance nomade à l'influence considérable dans la région. Cependant, le tournant se produisit en 1220, lorsque la ville dut faire face à une invasion mongole menée par Jochi, fils de Gengis Khan. Selon l'historien iranien Ala ad-Din Ata-Malik Juvayni, Syganak fut assiégée pendant sept jours, puis rasée et ses habitants exécutés – un épisode tragique qui reflétait également l'importance du lieu aux yeux des puissances impériales.
Insensible à la guerre, Syganak renaît progressivement au XIIIe siècle et devient la capitale de l'Ak Orda (Horde Blanche). De ses cendres, la ville retrouve rapidement son rôle de centre administratif et économique . La découverte d'un atelier monétaire en activité depuis 1328 témoigne notamment du rétablissement d'une activité financière solide et d'un nouveau développement.
Aux XIVe et XVe siècles, Syganak continua d'être un point de friction dans les luttes de pouvoir entre des puissances telles que Tamerlan, les Ouzbeks et les groupes kazakhs émergents. En 1423, Oulough Beg, petit-fils de Tamerlan, prit le contrôle de la ville avant d'être vaincu par Barak Khan. La ville passa alors sous le contrôle d'Abou’l-Khayr Khan, fondateur du khanat ouzbek.
Au XVIe siècle, Syganak fut incorporée au territoire kazakh et continua de servir de centre urbain jusqu'au XVIIIe siècle. Les archives de cette époque montrent que Syganak était une terre prospère, réputée pour son commerce de céréales, de textiles et d'armes. Sa situation géographique, à proximité de grands fleuves et d'un réseau de canaux bien développé, en faisait également un important point de transit sur les routes commerciales intercontinentales.
Syganak est l'une des destinations touristiques les plus célèbres du Kazakhstan. (Source : The Astana Times) |
Valeur archéologique et patrimoniale
Des fouilles à grande échelle ont débuté à Syganak au début des années 2000 dans le cadre du programme Patrimoine culturel du Kazakhstan, héritage des recherches menées au début de l'ère soviétique. Les archéologues y ont découvert des vestiges importants tels que des mosquées, des madrasas, des fortifications, des tours de guet, ainsi que des objets tels que des poteries, des lampes à huile, des outils en métal et des pierres décoratives.
Parmi eux, on peut citer le système de murs massifs qui atteignaient autrefois jusqu'à 7 mètres de haut et couvraient environ 7,2 hectares, avec des ensembles architecturaux défensifs témoignant de techniques de construction intemporelles. Certains artefacts ont été identifiés comme datant du Ve au VIIIe siècle, témoignant de traces d'habitation bien antérieures aux documents historiques précédents.
Ces artefacts sont actuellement conservés et exposés au Musée provincial d’histoire locale de Kyzylorda et constituent une source précieuse de matériaux pour les initiatives visant à préserver et à promouvoir la culture nationale.
Syganak est l'un des sites phares de la proposition d'inscription transnationale « Route de la Soie : Corridor Ferghana-Syr-Daria », une extension du Réseau du patrimoine mondial des Routes de la Soie. Inscrit à la liste des propositions d'inscription de l'UNESCO en 2021, ce corridor traverse le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan, témoignant des flux historiques, religieux et commerciaux qui ont façonné la civilisation eurasienne pendant plus d'un millénaire.
Le Kazakhstan compte actuellement six sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, dont le tombeau de Khoja Ahmed Yasawi, les pétroglyphes de Tamgaly, la steppe et les lacs de Saryarka au nord, les monts Tianshan occidentaux, le désert froid du Touran et le tronçon Chang'an-Tianshan de la Route de la Soie. La candidature de Syganak à l'inscription confirme les efforts du Kazakhstan pour préserver son patrimoine culturel et partager des valeurs communes avec l'humanité.
Sous la poussière du temps, Syganak subsiste, témoin de la vitalité d'une civilisation autrefois florissante dans la steppe d'Asie centrale. Syganak est aussi un symbole de résurrection, d'intégration et de connectivité transfrontalière, fidèle à l'esprit de l'ancienne Route de la Soie.
Dans un contexte où les valeurs historiques et culturelles sont de plus en plus valorisées comme des atouts précieux pour chaque pays, la restauration, la préservation et la promotion de Syganak revêtent une importance capitale non seulement pour le Kazakhstan, mais aussi pour la communauté internationale. S'il est reconnu par l'UNESCO, ce patrimoine deviendra une grande source d'inspiration pour les générations futures quant à la longévité de la civilisation : même détruite, elle peut encore renaître.
Source : https://baoquocte.vn/syganak-thanh-pho-co-cua-kazakhstan-hoi-sinh-trong-long-trung-a-313606.html
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