Un ingénieur vend les secrets de B-2 Spirit juste pour payer son manoir

L'ingénieur Noshir Sheriaji Gowadia est né à Bombay (aujourd'hui Mumbai) en 1944 et est venu aux États-Unis à l'été 1963 pour étudier l'ingénierie aéronautique.

Adopté par une famille française alors qu'il était enfant, il était considéré comme un prodige et, à l'âge de 15 ans, les établissements d'enseignement supérieur déterminèrent qu'il possédait l'équivalent d'un doctorat.

Il a commencé à travailler pour Northrop (aujourd'hui Northrop Grumman) en 1968 et est devenu citoyen américain en 1969. Chez Northrop, Gowadia a occupé le poste d'ingénieur de conception et a participé au programme B-2 Spirit.

Il a grandement contribué au succès du « Ghost » en créant le système d'échappement à protection infrarouge - un système qui combine des éléments de conception et des matériaux pour réduire la signature thermique du moteur, rendant ainsi le B-2 Spirit difficile à détecter par les capteurs infrarouges.

Gowadia, un ingénieur indo-américain qui a joué un rôle majeur dans la création du B-2 Spirit. Photo : WikiLeak

Gowadia, dont le surnom interne était « Bluberry Milkshake », a déclaré un jour : « J'ai inventé toute la géométrie », et combiné à sa créativité, le B-2 Spirit reste le bombardier stratégique le plus furtif au monde avec une très petite section radar, ce qui le rend difficile à détecter par des capteurs infrarouges ou des observations optiques.

Gowadia a quitté Northrop en 1986 en raison de problèmes de santé, mais il a ensuite fondé sa propre société de conseil en défense à Albuquerque et a conservé son habilitation de sécurité.

Gowadia a continué à travailler avec le gouvernement américain sur de nombreux projets classifiés, notamment un avion de la CIA et diverses armes nucléaires en tant qu'entrepreneur jusqu'à ce que son habilitation de sécurité soit révoquée en 1997 à la suite d'un différend contractuel.

Face à la pression des coûts, notamment l'énorme hypothèque sur une villa de luxe à Maui, à Hawaï, Gowadia a décidé de chercher des clients à l'étranger.

La destination de Gowadia était la Chine et, selon certaines informations, il s'est rendu dans ce pays à plusieurs reprises et a fourni des informations top secrètes sur la technologie des systèmes de propulsion furtifs entre 2003 et 2005. Gowadia a été payé environ 110 000 dollars pour ses accords avec la Chine.

Selon les informations de l'armée de l'air américaine (USAF), lors de ses visites en Chine, Gowadia a visité un centre d'essais aéronautiques pour identifier les défauts de conception, les défauts techniques, ainsi que pour fournir des briefings et des présentations sur les systèmes d'échappement des moteurs-fusées, expliquant les signatures thermiques.

Pékin a utilisé les connaissances de Gowadia pour construire des missiles de croisière furtifs et le projet de bombardier Xi'an H-20.

En mai 2025, des images satellite ont révélé la présence d'un drone furtif sur la base d'essai chinoise de Malan, très similaire au B-2 Spirit. Les analystes l'ont associé au programme de bombardier chinois H-20 ou à un nouveau drone furtif de haute altitude.

La conception sans queue et l'échappement réduisant les infrarouges montrent un lien direct avec la conception que Gowadia a partagée il y a deux décennies.

Le bombardier furtif H-20 de la Chine.

Outre la Chine, Gowadia a partagé des informations classifiées avec des particuliers et des clients en Allemagne, en Israël et en Suisse. L'USAF a déclaré détenir des preuves selon lesquelles Gowadia avait fourni des informations classifiées concernant le TH-98 Eurocopter, la version de l'hélicoptère multirôle Eurocopter AS532 Cougar (aujourd'hui Airbus Helicopter H215M) de l'armée de l'air suisse, à un fonctionnaire d'un gouvernement étranger en poste en Suisse. Gowadia a également transmis d'autres informations classifiées à des entreprises en Allemagne et en Israël.

Le 13 octobre 2005, des agents du FBI ont arrêté Gowadia dans son luxueux appartement à Hawaï et saisi de nombreux documents classifiés. En 2010, Gowadia a été reconnu coupable de 14 des 17 chefs d'accusation fédéraux, dont espionnage, violation de la loi sur le contrôle des exportations d'armes et autres chefs d'accusation connexes.

Les procureurs affirment que les révélations de Gowadia ont porté atteinte à la sécurité nationale des États-Unis en donnant à la Chine accès à des technologies furtives qui pourraient remettre en cause la domination militaire américaine.

Pendant ce temps, les avocats de la défense de Gowadia ont fait valoir qu'il ne faisait que partager des informations qui avaient déjà été rendues publiques et ont soutenu que le gouvernement avait surprotégé les documents.

La défense a également présenté Gowadia non pas comme un traître mais simplement comme un ingénieur qui voulait développer la technologie de l'aviation et que ce qu'il a fait ne portait pas préjudice aux intérêts des États-Unis.

Gowadia a finalement été condamné à 32 ans de prison et purge toujours sa peine.