Lors d'un échange avec TG&VN en marge de la 16e Conférence internationale sur la mer de l'Est à Quang Ninh le 23 octobre, le professeur Dewi Fortuna Anwar, président du conseil d'administration du Centre de recherche Habibie, en Indonésie, a évalué le rôle de la CNUDM, les perspectives du COC et la vision d'un ordre multipolaire.
Le professeur Dewi Fortuna Anwar (à l'extrême droite) participe à la deuxième séance de discussion dans le cadre de la 16e Conférence internationale sur la mer de Chine méridionale. (Photo : PH) |
Madame, dans le cadre de la 16e Conférence internationale sur la mer de Chine méridionale, les délégués ont longuement débattu de la nature de l'ordre multipolaire actuel, qu'il s'agisse de « paix chaude », de « guerre froide » ou de « coexistence pacifique ». Quel est votre avis sur cette question ?
Beaucoup se demandent si nous nous dirigeons réellement vers un monde multipolaire. Je pense que notre monde est beaucoup plus complexe qu'avant et qu'il évolue vers un monde multipolaire complexe. La situation internationale est très différente de celle de la guerre froide, et les relations entre les États-Unis et la Chine se tendent progressivement.
Compte tenu de la situation en mer de Chine méridionale, je pense qu'il ne s'agit pas de conflits ouverts, ni d'une véritable paix. L'expression « paix chaude » est donc tout à fait appropriée. Dans ce contexte, nous souhaitons garantir que l'ASEAN ne soit pas confrontée à des conflits dans la région. J'espère donc que sa vision de l'Indo-Pacifique sera plus inclusive, fondée sur ses normes et valeurs, dans le cadre du Traité d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est, favorisant la coexistence pacifique, l'autonomie stratégique de l'ASEAN et le maintien de sa centralité.
Comment évaluez-vous l'importance du dialogue pour promouvoir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale ? Le dialogue est le moyen traditionnel que nous avons toujours privilégié pour gérer les désaccords. Y a-t-il d'autres points sur lesquels nous devons nous concentrer maintenant ?
Je pense que le dialogue est très important car il renforce la confiance. Nous pouvons diverger sur certains principes, mais nous bénéficions d'une atmosphère conviviale et d'une confiance qui nous permet de continuer à travailler ensemble pour limiter les comportements susceptibles de mener au conflit.
C'est pourquoi l'ASEAN souhaite promouvoir le dialogue et la coopération, où les échanges sont possibles, y compris en cas de désaccord, mais où l'on s'engage à ne pas recourir à la force ni à la menace de la force, et où tout conflit doit être résolu pacifiquement. Le dialogue et la coopération au-delà du dialogue sont donc la clé de la paix et de la stabilité dans la région.
Le professeur Dewi Fortuna Anwar a partagé ses impressions avec le journal The World & Vietnam en marge de la conférence. (Photo : PH) |
Comment évaluez-vous la possibilité d'une conclusion rapide d'un Code de conduite en mer Orientale (COC) entre l'ASEAN et la Chine ? De nombreux chercheurs s'attendent à ce que d'ici 2026, nous disposions d'un COC répondant aux aspirations communes.
Nous devrons travailler d'arrache-pied. L'ASEAN et la Chine doivent aborder cette question avec sérieux et s'appuyer sur des points de vue communs. Nombreux sont ceux qui sont pessimistes quant à l'avenir du COC, car les pays de l'ASEAN insistent sur l'intégrité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM 1982), qui constitue le fondement du droit maritime. Par ailleurs, bien que la Chine soit partie à la CNUDM 1982, ses revendications sur la mer de Chine méridionale ne reposent pas sur la CNUDM, mais sur des arguments historiques qui ne sont pas reconnus par la CNUDM. De plus, des divergences de vues fondamentales subsistent entre l'ASEAN et la Chine concernant la mer de Chine méridionale.
Cependant, l'essentiel pour le COC est un code de conduite visant à garantir la bonne volonté de la Chine à coopérer avec l'ASEAN, à soutenir l'autonomie stratégique et la centralité de l'ASEAN, et à prévenir les affrontements involontaires et l'escalade des tensions. Nous sommes en droit d'espérer, mais le résultat ne sera pas une simple question de prières ; il ne pourra être obtenu que grâce aux efforts et à la volonté politique des parties.
De nos jours, beaucoup de gens semblent pessimistes quant à la valeur de la « constitution de l’océan » – la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM), et vous ?
La CNUDM revêt une importance capitale, notamment dans un contexte où de nombreux pays ne la respectent pas. Elle constitue actuellement la seule base pour résoudre les différends territoriaux et délimiter les frontières maritimes. Pour les pays archipels comme l'Indonésie, la CNUDM est véritablement la clé du développement du pays.
Avec l'ASEAN, l'Association s'engage à respecter le droit international, la Charte des Nations Unies et la CNUDM sur les questions relatives aux frontières maritimes. Avec l'Indonésie et le Vietnam, les deux pays sont également parvenus à un consensus dans le cadre de la CNUDM. Si de nombreux pays ne s'accordent pas encore sur l'interprétation de la CNUDM, tous doivent reconnaître qu'il s'agit de la base juridique internationale la plus importante dans le domaine maritime.
Quelle importance accordez-vous à la sécurité maritime et aérienne pour le développement, Madame ?
De toute évidence, les routes maritimes de la mer Orientale ne sont pas réservées aux pays de l'ASEAN, mais à de nombreux autres pays. La sécurité maritime et aérienne en mer Orientale est donc une préoccupation majeure pour de nombreux pays du monde. La mer Orientale est l'une des mers les plus stratégiques et les plus fréquentées, et le théâtre d'une intense activité commerciale internationale.
Le développement et la prospérité de l'économie mondiale dépendent de la sécurité des activités maritimes et aériennes, des mesures de protection du milieu marin, de la préservation des stocks halieutiques, des enjeux liés au changement climatique et de la sécurité alimentaire. Il est donc nécessaire de prendre en compte les intérêts des différentes parties prenantes en mer de Chine méridionale.
Merci beaucoup!
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Source : https://baoquocte.vn/tuong-lai-cua-bo-quy-tac-ung-xu-o-bien-dong-ket-qua-khong-den-nho-cau-nguyen-phu-thuoc-vao-y-chi-chinh-tri-cua-cac-ben-291134.html
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