Selon une étude de Mathilde Velliet, spécialiste des nouvelles technologies et des politiques technologiques américaines et chinoises à l'Institut français des relations internationales (IFRI), les projets d'investissement communs en Chine, aux États-Unis et en Europe semblent avoir aidé leurs rivaux à se développer fortement dans le secteur des hautes technologies.
4 domaines stratégiques
Selon RFI, les recherches de Mme Velliet portent sur les investissements européens et américains en Chine sur la période 2003-2023, période durant laquelle les nouvelles technologies ont connu un essor fulgurant en Chine. La biotechnologie et l'intelligence artificielle (IA) chinoises sont deux domaines qui ont suscité très tôt l'intérêt des partenaires occidentaux.
Selon Mme Velliet, l'objectif principal de la recherche est d'abord d'examiner si certains des projets d'investissement européens et américains en Chine sont « problématiques » pour la sécurité et la stratégie de Washington ainsi que de Bruxelles.
« Je me suis concentré sur quatre domaines technologiques stratégiques : l’IA, les semi-conducteurs, la biotechnologie et l’information quantique. Ce sont les quatre « clés » de l’avenir de toute l’industrie, liées à la fois au commerce et au secteur militaire . Ces quatre domaines sont également au cœur des tensions à Washington et à Bruxelles concernant les politiques d’investissement européennes et américaines à l’étranger », a déclaré l’expert de l’IFRI.
La principale différence entre les États-Unis et l'Europe réside dans le nombre de projets d'investissement. Dans ces quatre secteurs, les États-Unis constituent la principale source d'investissements étrangers en Chine, avec un total de 1 602 projets au cours des deux dernières décennies. Ce chiffre est bien supérieur aux 149 projets de l'Union européenne (UE) sur la même période. De plus, l'Europe met fortement l'accent sur les programmes de coopération dans le domaine de l'IA, destinée à des secteurs industriels spécifiques tels que l'automobile ou le génie chimique. L'Allemagne, par exemple, investit dans des projets avec la Chine qui bénéficient à l'industrie automobile.
En revanche, les projets américains sont plus diversifiés et couvrent les quatre secteurs. Une autre différence entre les investissements européens et américains en Chine réside dans leur nature stratégique. Cependant, la Maison Blanche a adopté un décret visant à limiter les investissements directs des entreprises américaines en Chine, tandis que l'UE, encore en phase de réflexion, évite de cibler directement la Chine.
Déversement de pétrole
Dans les quatre domaines clés, les États-Unis et l'Europe accordent une attention particulière à l'IA et aux biotechnologies. Cependant, l'Occident n'est qu'une minorité dans ces quatre nouveaux domaines technologiques. La Chine et ses banques financent 78 % des projets de développement de biotechnologies et de semi-conducteurs ; 77 % de l'IA ; et 84 % de l'informatique quantique. À ce jour, les États-Unis ont participé directement à deux programmes d'investissement pour le développement de l'information quantique pour Pékin ; l'Italie a un projet. Cependant, dans tous les domaines sensibles mentionnés ci-dessus, les trois quarts des projets européens auxquels les États-Unis sont autorisés à participer sont des coentreprises avec des entreprises chinoises.
Mais pourquoi les États-Unis et l'UE s'inquiètent-ils des investissements relativement modestes (par rapport au nombre de projets) en Chine ? Selon Mme Velliet, ce qui inquiète Washington aujourd'hui, ce n'est pas seulement que la Chine se soit développée grâce aux investissements directs américains, mais aussi qu'elle puisse ainsi approcher de nombreux partenaires américains, se forgeant ainsi un prestige qui lui permettra d'attirer davantage de projets d'investissement.
C'est ce phénomène de marée noire qui a contribué à l'essor rapide de l'industrie chinoise de haute technologie. Parallèlement, Bruxelles s'inquiète particulièrement de la perspective d'investissements européens permettant à la Chine d'améliorer ses capacités militaires et de développer des outils de cyberattaque…
Les recherches des experts de l'IFRI révèlent la complexité et les liens étroits entre les entreprises américaines et européennes et la Chine. Il sera donc difficile d'appliquer des sanctions aux entreprises chinoises, celles-ci étant si étroitement liées aux grandes entreprises de haute technologie et aux plus grands fonds d'investissement américains.
Il existe actuellement au moins deux projets allemands en Chine directement liés à des entités inscrites sur la liste noire des États-Unis (projets contraires aux intérêts américains). La France a investi en Chine via Cathay Capital, mais depuis début janvier 2024, l'un des membres de Cathay est inscrit sur la liste des sanctions de Washington.
Même aux États-Unis, sur 1 602 projets d’investissement américains en Chine, 12 entités chinoises dans les domaines de l’IA et de la technologie des semi-conducteurs sont sur la « liste noire »…
MINH CHAU
Source : https://www.sggp.org.vn/phuong-tay-giup-trung-quoc-phat-trien-cong-nghe-cao-post751460.html
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