La rationalisation est un soutien, pas une coercition
Depuis de nombreuses années, l'objectif d'orienter 40 % des élèves du secondaire vers la formation professionnelle n'est pas atteint. À votre avis, où se situe le problème ?
Dr Hoang Ngoc Vinh : La politique de sélection est judicieuse, mais fixer un objectif de « 40 % de formation professionnelle » après le lycée est une erreur. Cette coercition ignore la réalité sociale, où les besoins, les situations et les motivations d'apprentissage des élèves et de leurs familles sont très divers.
De nombreux étudiants souhaitent obtenir un diplôme d'études secondaires, puis apprendre un métier, travailler ou poursuivre leurs études. Or, les écoles professionnelles manquent d'attrait et la qualité de la formation est inégale. La vétusté du système éducatif est également la cause profonde de l'échec de cette filière rigide.
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Dr. Hoang Ngoc Vinh - ancien directeur du département de l'enseignement professionnel ( ministère de l'Éducation et de la Formation ), consultant pour la rédaction de la loi sur l'enseignement professionnel (EFP) |
Il faut recomprendre le concept de streaming
Selon vous, comment faut-il comprendre le concept de « rationalisation » ?
Dr Hoang Ngoc Vinh : La formation continue ne se résume pas à une simple question de « quelle orientation suivre après la 3e ». Il s'agit d'un processus d'apprentissage flexible et continu, où les apprenants peuvent choisir et alterner entre études, travail et reprise d'études.
La formation professionnelle ne se limite pas à l'apprentissage en école professionnelle. Elle peut se faire en entreprise, via des plateformes numériques ou par l'acquisition de compétences de manière informelle. Les élèves qui abandonnent l'école pendant 5 à 7 ans puis reprennent une formation professionnelle restent inscrits dans la filière.
Dans les pays développés, personne n'impose de répartition proportionnelle. Ils construisent des écosystèmes d'apprentissage ouverts où chaque parcours est pertinent.
Passer d'une pensée de « distribution » à une pensée d'« écosystème »
Alors, que faut-il changer dans la politique actuelle ?
Dr Hoang Ngoc Vinh : Nous devons passer d'une vision étroite de la « division des proportions » à une vision de la création d'un écosystème d'apprentissage. Tout d'abord, nous devons modifier la loi sur l'éducation et la loi sur la formation professionnelle, afin de reconnaître la formation continue comme un apprentissage tout au long de la vie, sans limite d'âge ni de niveau scolaire.
Une solution importante consiste à développer un modèle intégré de lycée professionnel, qui enseigne à la fois des compétences professionnelles et garantit l'acquisition de connaissances générales fondamentales telles que les mathématiques, les langues étrangères et les compétences numériques. C'est ce qu'ont fait des pays comme la Corée du Sud et l'Allemagne.
De graves erreurs dans la loi sur l'enseignement professionnel de 2014
Il fut un temps où nous encouragions la formation professionnelle et créions les systèmes 9+1 et 9+2 pour les élèves souhaitant obtenir un diplôme d'études secondaires. Pourquoi cette politique n'a-t-elle pas porté ses fruits et pourquoi la formation est-elle toujours au point mort, Monsieur ?
Dr Hoang Ngoc Vinh : Je pense que la loi sur l'enseignement professionnel de 2014 est une grave erreur. Les élèves des filières 9+1 et 9+2 ne sont souvent pas en âge de travailler et ne possèdent pas les connaissances générales de base nécessaires pour apprendre un métier. Il en résulte une qualité médiocre, des relations difficiles et un manque d'attrait.
Il n'existe quasiment aucun modèle de formation intermédiaire de ce type au monde . Tous les pays forment selon le système 9+3, garantissant des niveaux de formation et des diplômes équivalents à ceux du lycée.
La formation professionnelle n’est pas un second choix.
Il est proposé de changer la filière après le collège pour la filière après le lycée afin de réduire la pression de l'examen de seconde. Qu'en pensez-vous ?
Dr Hoang Ngoc Vinh : Cette opinion est en partie juste. De nombreux élèves ne peuvent pas aller au lycée en raison de circonstances difficiles. L’État doit mettre en place des politiques pour les aider à acquérir des compétences professionnelles. Cependant, la plupart des élèves souhaitent néanmoins fréquenter le lycée afin de pouvoir ensuite travailler, apprendre un métier ou poursuivre des études universitaires.
À l'ère de l'IA et de la transformation numérique, les compétences professionnelles acquises aujourd'hui pourraient devenir obsolètes demain. Par conséquent, les bases du lycée, et notamment les compétences d'apprentissage tout au long de la vie, sont essentielles. Le lycée professionnel ne peut être considéré comme une orientation professionnelle secondaire ; c'est fondamentalement erroné.
Modification de la loi pour améliorer l'enseignement professionnel
En tant qu’expert dans la rédaction de la loi sur l’enseignement professionnel, quelles suggestions avez-vous pour la prochaine révision de la loi ?
Dr. Hoang Ngoc Vinh : Il est nécessaire de modifier la loi dans le sens de l'élimination des niveaux dans le système éducatif, en créant les conditions pour que les apprenants puissent se déplacer de manière flexible entre l'école et le marché du travail.
Le plus important est d'instaurer l'égalité entre le lycée et le lycée professionnel, afin que la formation professionnelle ne soit plus un second choix. Le nom du diplôme devrait être unifié, « diplôme d'études secondaires », intégrant à la fois les matières culturelles et les compétences professionnelles.
Il est notamment nécessaire de supprimer le niveau intermédiaire du système éducatif national. Aucun pays n'aura d'« école intermédiaire » dans le système officiel. Cela rendra le système transparent, facile à comprendre et adapté au marché.
En résumé, la loi sur l'éducation et la loi sur l'enseignement professionnel prévoient des mécanismes pour créer un système éducatif ouvert répondant aux divers besoins de chacun. Éviter d'imposer un système de répartition administrative, non discriminatoire envers les étudiants, comme c'était le cas pendant la période de « subvention », compromet la stratégie du pays visant à former des ressources humaines de qualité.
Merci!
Source : https://tienphong.vn/phan-luong-sau-thcs-huong-di-moi-hay-loi-re-cut-cua-hoc-sinh-post1759040.tpo
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