« Froide » aux exportations, déterminée à promouvoir un marché intérieur unifié, que veut vraiment la Chine ?

La Chine a récemment proposé de créer un marché intérieur unifié dans le but d’atténuer les impacts externes tels que la faible demande étrangère, la volatilité financière et les menaces de sanctions qui menacent sa reprise économique .

Pékin possède un vaste marché intérieur avec une population de plus de 1,4 milliard d'habitants, dont plus de 400 millions appartiennent à la classe moyenne. Photo d'illustration. (Source : Xinhua)

La Chine définit un marché intérieur unifié comme un marché intérieur hautement efficace, fondé sur des règles, équitable et ouvert, qui élimine le protectionnisme, la segmentation du marché ou les barrières locales qui restreignent la circulation économique, facilitant ainsi la circulation des produits et des ressources à plus grande échelle.

Marché intérieur unifié

Le concept d’un marché intérieur unique a été officiellement proposé pour la première fois par les décideurs politiques dans un document de réforme de haut niveau en 2013, axé sur l’élimination du protectionnisme régional et l’encouragement de la concurrence.

En avril 2022, Pékin avait publié des directives spécifiques pour accélérer la mise en place d’un marché intérieur unifié, facilitant une circulation plus efficace et plus fluide des facteurs de production, notamment la main-d’œuvre, les biens, les capitaux et les données.

Ces lignes directrices sont considérées comme une pierre angulaire pour soutenir la nouvelle stratégie de développement économique du président chinois Xi Jinping, qui met l'accent sur une croissance économique de qualité, un développement sûr et une innovation accrue.

Raison du timing

Avec une population de plus de 1,4 milliard de personnes, dont plus de 400 millions de personnes de la classe moyenne, la Chine possède le seul très grand marché au monde, avec des dépenses en biens de consommation et en services alimentaires atteignant 44 000 milliards de yuans (6 200 milliards de dollars) d'ici 2022.

La Chine est le premier importateur mondial de minerai de fer, de pétrole brut et de métaux industriels.

La décision d’établir un marché intérieur unifié est considérée comme une réponse à l’évolution rapide de l’environnement national et international.

De l’extérieur, cette décision est perçue comme une réponse à la guerre commerciale américaine et aux efforts continus visant à découpler les deux plus grandes économies du monde, la Chine étant obligée de consommer davantage dans un contexte de baisse de la demande étrangère, de tarifs douaniers élevés et de perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la pandémie.

Pékin l’a souligné en mai 2020 lorsqu’il a annoncé sa stratégie de double circulation, qui se concentre davantage sur le marché intérieur ou la circulation interne, réduisant progressivement sa dépendance au développement orienté vers l’exportation ou à la circulation externe, sans toutefois l’abandonner complètement.

Selon les économistes, un marché intérieur unifié est un moyen de retenir les investisseurs étrangers car il s’agit d’un marché de consommation énorme et potentiel avec une classe moyenne en pleine croissance, promettant de nombreuses opportunités commerciales intéressantes.

Au cours des quatre premiers mois de 2023, la deuxième économie mondiale a connu une baisse constante des commandes en provenance des États-Unis, tandis que les investissements directs étrangers ont chuté de 3,3 % sur un an.

Tâches principales

Les principales missions définies dans le document d'orientation 2022 sont de favoriser la concurrence, de réduire les coûts réglementaires, d'accroître l'efficacité et la productivité, de renforcer l'innovation technologique et de promouvoir la coopération internationale. Toutes ces missions sont essentielles pour atteindre l'objectif de croissance de la Chine d'ici 2035, qui est de doubler son produit intérieur brut de 2020.

Plus précisément, la campagne du gouvernement comprend des plans visant à mettre en œuvre des normes unifiées d’accès au marché, une concurrence loyale, un système de crédit social, une protection de la propriété intellectuelle, la libre circulation de la main-d’œuvre et des données.

Que pensent les investisseurs étrangers ?

Les entreprises étrangères et privées se plaignent depuis longtemps des différences de normes et de réglementations pour chaque type d'activité lors de l'accès au marché. Le secteur public semble encore bénéficier d'un avantage caché dans certains domaines tels que les marchés publics, les prêts bancaires et les appels d'offres.

Dans son rapport annuel publié fin mai, la Chambre de commerce britannique en Chine a déclaré que la mise en œuvre des documents administratifs dans de nombreuses localités est inégale dans de nombreux domaines, comme les délais d'attente de dédouanement ou la mise en œuvre de nouvelles lois sur la confidentialité des données.

Selon une étude de Wu Qunfeng, chercheur à l'École d'économie de l'Université de Pékin, un article est généralement soumis à une taxe supplémentaire de 3,8 à 19,6 % lorsqu'il traverse les frontières provinciales. Les entreprises sont également confrontées au défi d'une mobilité réduite de la main-d'œuvre dans le cadre du système chinois du hukou, qui attribue les services publics aux citoyens en fonction de leur lieu de naissance. Cela signifie également qu'il est plus coûteux pour les entreprises d'attirer des talents d'autres provinces.

Il est temps d’achever le marché intérieur unifié

Il s’agira d’un plan à long terme et, même si certaines tâches ont déjà commencé, les progrès sont généralement lents.

À la fin de l'année dernière, la Commission nationale du développement et de la réforme, principale agence de planification économique de Chine, a lancé une consultation publique sur la réforme du système de crédit social, affirmant que cela contribuerait à optimiser l'environnement des affaires.

La Chine a largement levé ses restrictions d’enregistrement des ménages, tandis que les villes de niveau central comme Shanghai et Pékin ont assoupli les restrictions, créant davantage d’opportunités pour les talents et introduisant davantage de services publics pour les travailleurs migrants.

Depuis la mi-mai de cette année, le gouvernement chinois a mis en place un nouveau système d'évaluation des fonctionnaires. Auparavant, ces derniers accordaient souvent la priorité à leurs entreprises locales, ce qui a accru le protectionnisme local.

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