Chaque année, lorsque décembre arrive et invite aux réunions de famille, je pense à mon grand-père et à la façon dont il a inculqué la traditionnelle fête du Têt dans le cœur de ses enfants et petits-enfants, transmettant ainsi l'esprit d'accueil du printemps aux villageois. La famille élargie se réunit encore aujourd'hui, un merveilleux exemple de cohabitation entre quatre générations.
Chaque fois que je rentre à la maison, je contemple souvent la cuisine familiale, comme un pays des merveilles, où chaque membre peut devenir l'artiste culinaire de la famille. Chaque fois que je le vois préparer, laver les cadres à gâteaux, fendre les lamelles de bambou… je ressens la gentillesse qui en émane. La chaleur du Têt s'y répand aussi.
Au fil des années, en suivant la rivière jusqu'au village, je me suis soudainement senti triste en pensant à l'atmosphère déclinante du Têt, bien que les champs, les rivières et le ciel accueillent encore le printemps à la manière d'une nature généreuse.
Non seulement dans ma ville natale, mais aussi dans de nombreux endroits, depuis des années, les gens se précipitent pour trouver de la nourriture et se déplacent partout. Mais quand arrive le Têt, ils se précipitent pour faire leurs achats en ligne et réserver une table. On forme un couple de banh chung pour brûler de l'encens au marché… et c'est alors que commence le Têt. Il est rare de voir cette scène animée de rendez-vous pour aider la famille à laver les feuilles de dong, emballer les gâteaux, empiler du bois pour les faire cuire et attendre avec impatience leur cuisson.
La pâleur du Têt dure depuis plus de dix ans. Grand-mère est triste. Depuis plus d'un demi-siècle, il garde son amour pour le Têt, emballant lui-même les gâteaux. Il disait : « Le banh chung n'est pas seulement un plat, c'est aussi l'âme du Têt. Aussi pratique soit-elle, la technologie ne peut apporter la joie du Têt. Comment la technologie peut-elle apporter le vrai goût du réveillon du Nouvel An, un comportement culturel, humain et émotionnel ? » Il a dit à ses enfants et à sa belle-famille qu'il devait commencer, prendre le Têt lentement et perpétuer la tradition du banh chung. Puis il a dit à ses parents et à ses frères et sœurs de revenir à ses côtés. Sa famille élargie a d'abord conservé ce souvenir, le village l'a observé, et les gens suivraient certainement son exemple.
En discutant avec les anciens du village sous le vieux banian, il a habilement entrecoupé l'histoire de la préservation des souvenirs. Les anciens avaient raison. Le village était prospère et riche, la nourriture et les vêtements ne manquaient pas. Peut-être manquait-il d'enthousiasme pour accueillir le printemps, un manque d'enthousiasme pour les retrouvailles. Les anciens ont également repris le travail, comme leur grand-père l'avait fait. Ce qui était également amusant, c'est que de nombreuses personnes venaient chez moi pour « consulter », pour assister à la merveilleuse scène des préparatifs du Têt.
Mon grand-père assignait une tâche à chacun, car la préparation d'un banh chung comportait de nombreuses étapes. Avant cela, ma mère était chargée de mesurer le riz et d'acheter la viande ; ma grand-mère était méticuleuse dans le choix des feuilles et la recherche des lamelles de bambou ; mon père s'occupait du bois de chauffage et de la préparation du banh chung. Le banh chung est préparé à partir d'ingrédients familiers aux agriculteurs, comme le riz gluant, le porc, les haricots verts, les oignons, le poivre, les feuilles de dong et les lamelles de bambou. La famille organisait une réunion pour préparer le riz, les haricots verts, laver les feuilles et trancher la viande. Lors des rassemblements pour emballer le banh chung, certains pliaient les feuilles, d'autres s'asseyaient pour les découper aux dimensions du moule, et mon grand-père se chargeait de l'emballage. L'avantage d'emballer soi-même le banh chung, c'est qu'on peut créer de nombreuses garnitures selon les goûts de chacun. Il y aura donc du banh chung salé, du banh chung aux haricots mungo et à la viande. Il y aura ensuite du banh chung fourré aux haricots sucrés, du banh chay et du petit banh chung juste pour les enfants.
Se réunir autour d'un pot de banh chung est une expérience des plus exaltantes, des plus conviviales et des plus agréables. Il faut ajouter du bois et de l'eau sans cesse. L'odeur du bois brûlé est un peu forte, la fumée est épicée, et le crépitement rend l'atmosphère printanière encore plus chaleureuse. Dans le jardin, les pruniers et les abricotiers, que la nature a « chargés » d'embellir, sont eux aussi parés de leurs couleurs éclatantes. Ils regardent le propriétaire, le pot de banh chung, attendant avec impatience le printemps. C'est ainsi que le village accueille le Têt, mais en cette période de déclin, grâce à son enthousiasme à évoquer les souvenirs, la beauté a été préservée. Il a préservé le conte de fées, le souvenir non seulement pour nous, mais aussi pour de nombreuses générations de jeunes et d'enfants du village. L'union des mains crée des gâteaux riches de sens. Cette cristallisation n'est pas seulement un repas, mais le gâteau porte la chaleur et l'affection familiale, enveloppant les rires éclatants des enfants et des adultes.
Autrefois, dans ma ville natale, il n'y avait pas de réfrigérateur ; les familles utilisaient donc souvent le puits comme un grand placard. Après avoir fait bouillir le gâteau, elles le sortaient, le lavaient, puis le mettaient à tremper dans le puits pendant quelques heures. La basse température du puits permettait au gâteau de se conserver et, même par temps humide, il ne s'abimait pas.
La vie industrielle passe trop vite. De retour chez moi, dans le jardin où chantent les oiseaux, la vie ralentit, devient douce et paisible. Ce que je ne trouve pas dans ce monde bruyant se trouve dans la cuisine, dans le jardin, entre les mains de mon grand-père qui s'est efforcé de préserver un « rituel » de rassemblement et de partage. Après tout, le plus important pendant le Têt, c'est l'ambiance animée, la joie jubilatoire !
DIEN KHANH
Hang Trong – Hoan Kiem
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