À partir de fin avril, il était très difficile de distinguer nos positions de celles de l'ennemi. La plupart de nos tranchées étaient profondément enfouies dans la place forte. Il nous fallait parfois déterminer sur la carte les places fortes encore détenues par l'ennemi et celles que nous avions détruites.
De notre côté : à l’aube du 3 mai 1954, le 36e Régiment de la 308e Division attaqua et détruisit le bastion 311B à l’ouest de Muong Thanh. Notre armée encercla le centre de Muong Thanh, à seulement 300 mètres du poste de commandement de De Castries. Une de nos compagnies reçut l’ordre de stationner au village de Na Ti, empêchant l’ennemi de s’enfuir au Laos.
Des soldats du génie ont coupé des barbelés pour permettre aux forces d'assaut d'attaquer et de détruire l'ennemi. Photo : VNA
Dans ses mémoires « Dien Bien Phu - Rendez-vous historique », le général et commandant en chef Vo Nguyen Giap écrit : « À midi, le ciel était ensoleillé. Je suis monté au sommet de la montagne Muong Phang derrière le centre de commandement pour observer le champ de bataille. Pendant près d'un mois, depuis cette position, avec de grandes jumelles à multiplicateur optique, j'ai suivi la progression de nos tranchées. Au début, la séparation entre nous et l'ennemi était très nette.
Une position d'artillerie de 12,7 mm abattant des avions ennemis ravitaillant la forteresse de Dien Bien Phu. Photo : VNA
La place forte ennemie était une masse dense, semblable à des ruches géantes, serrées les unes contre les autres de chaque côté de la rivière Nam Rom. Nos positions étaient des tranchées avec de nombreuses ramifications provenant des champs environnants. Mais à partir de fin avril, il était très difficile de distinguer nos positions de celles de l'ennemi, car la plupart de nos tranchées étaient profondément enfouies dans la place forte. Il nous fallait parfois déterminer sur la carte quelles places fortes l'ennemi tenait encore et lesquelles nous avions détruites.
Un avion français abattu par la défense aérienne de notre armée a pris feu dans le ciel de Dien Bien Phu. Photo : VNA
Des avions de transport volant à haute altitude, hors de portée de l'artillerie antiaérienne, continuaient de créer des pluies de parachutes dans le ciel de Dien Bien Phu. Des milliers de parachutes aux couleurs vives étaient dispersés au-dessus des champs, tels des champignons après la pluie. Il était clair qu'un important ravitaillement ennemi était tombé sur nos positions. La « peau d'âne » de Dien Bien Phu était devenue trop petite. Ce matin, l'état-major rapportait qu'elle n'était qu'à 1 000 m dans un sens et 800 m dans l'autre. Le président américain Eisenhower la comparait à un « terrain de baseball ». J'ai utilisé des jumelles pour repérer la position 311B à l'ouest, détruite dans la nuit du 3 mai, et la position 310 de l'autre côté. Ces deux positions se trouvaient à seulement 300 m du poste de commandement de Muong Thanh. De là, en passant un autre bastion, nous avons atteint le bunker de De Castries. Les pointes de baïonnettes étaient pointées sur le flanc de De Castries. Mais la réaction ennemie fut très faible. Ils n'ont pas fait grand-chose après la défaite du 311B. Et bientôt, ce sera le tour du 311, considéré comme les « yeux » du groupe de la forteresse.
Du côté ennemi, Cogny donna des instructions à De Castries concernant un autre plan d'évasion, appelé « Plan de l'Oiseau de Mer ». Selon ce plan, l'ennemi prévoyait de larguer un bataillon à Dien Bien Phu pour rejoindre les survivants de la place forte et ainsi briser le siège et fuir vers le Haut-Laos par trois directions : le sud, le sud-est et l'ouest. Pendant ce temps, deux autres bataillons étaient parachutés pour former un couloir depuis la vallée de la Nam Nua, passant par Muong Nha et Nam Hop, afin de recevoir les troupes qui briseraient le siège et s'enfuiraient.
Commandants français à Dien Bien Phu, 1954. Archives de photos
Les officiers de la forteresse luttèrent pour se replier vers le sud, la direction offrant le plus grand espoir de fuite. Ils pensaient subjectivement que le plan « Oiseau de mer » pourrait être mis en œuvre dès 20 heures le 7 mai, mais ils ne s'attendaient pas à ce que la rapidité de l'avancée de notre armée entraîne un effondrement rapide du moral et une désorganisation des soldats, rendant toute tentative d'évasion des commandants illusoire.
THANH VINH/qdnd.vn
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