L'avenir est incertain pour Mme Haley si elle perd contre Trump

De plus en plus critique à l’égard de Trump, Mme Haley risque d’être rejetée par l’ancien président et de nombreux membres républicains si elle est battue au tour des primaires.

Nikki Haley, l'ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, vient de subir une série de défaites consécutives face à son adversaire Donald Trump lors de la primaire républicaine, s'inclinant dans trois États dont le Michigan, l'Idaho et le Missouri le 2 mars. Ces victoires rapprochent M. Trump du ticket présidentiel républicain, tandis que les perspectives de Mme Haley deviennent plus incertaines.

Ces dernières semaines, Haley a intensifié ses critiques à l'encontre de Trump, alors que la course aux primaires s'intensifie. Elle a également promis de ne pas abandonner avant le Super Tuesday, le 5 mars, au moins, lorsque 16 États et territoires voteront simultanément. Ce sera pour Haley sa dernière chance de conserver l'espoir de vaincre Trump.

Interrogée récemment par un journaliste pour savoir si elle avait l'intention de continuer à critiquer la direction du Parti républicain sous M. Trump même après avoir quitté la course après le Super Tuesday, Mme Haley a marqué une pause.

« Je ne sais pas », dit-elle. « Enfin, je n'y ai pas pensé. »

L'ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, s'exprime à Concord, dans le New Hampshire, le 23 janvier. Photo : AP

Haley a affirmé que le Parti républicain sous Trump est en mauvaise posture et incapable d'étendre son influence. Cependant, elle se demande si elle continuera à se battre pour le Parti républicain après avoir mis fin à sa course à l'investiture.

Les candidats qui perdent les primaires traversent souvent une période difficile par la suite. Nombre d'entre eux abandonnent la politique , sombrent dans l'oubli, siègent à des conseils d'administration d'entreprises ou d'organismes à but non lucratif, ou se lancent dans les médias.

Cependant, l'avenir de Haley au sein du Parti républicain est encore plus incertain si elle perd face à Trump. Après avoir qualifié Trump de totalement inapte à la présidence et avoir quitté le monde des MAGA, l'avenir politique de Haley dépendra de la volonté de Trump de la gracier.

« Si elle perd, elle aura besoin du soutien de Trump pour relancer sa position au sein du Parti républicain », a déclaré Jason Roe, ancien conseiller de campagne du sénateur Marco Rubio.

Roe a déclaré que Haley avait encore une chance de renouer avec Trump, si l'ancien gouverneur de Caroline du Sud affichait son soutien et sa loyauté à l'ancien président. « Si elle continue de critiquer Trump après l'élection, je pense qu'elle finira comme Liz Cheney », a déclaré Roe, faisant référence à la députée expulsée du Parti républicain et déchue de son siège au Congrès pour avoir critiqué Trump.

L'ancien conseiller Roe a déclaré que si Haley choisissait de soutenir M. Trump, son avenir pourrait être prometteur grâce au soutien de l'establishment du Parti républicain. « Ce n'est pas une vie difficile, c'est beaucoup d'avantages. Ce n'est pas un mauvais lot de consolation pour elle », a-t-il ajouté.

L'intérêt de Haley à rester dans la course s'estompe, et l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud s'est engagée à ne faire campagne que jusqu'au Super Tuesday. Même avec un départ surprise de Trump, peu de républicains pensent que Haley sera le choix d'une majorité de délégués lors d'une convention nationale controversée.

Haley n'a cessé de critiquer Trump, plus incendiaire encore que l'ancien président et son entourage. Pourtant, État après État, les électeurs républicains ont voté pour Trump.

« Elle s'est tiré une balle dans le pied », a déclaré Andy Sabin, un important donateur républicain qui a soutenu Haley. Sabin a déclaré qu'Haley aurait dû abandonner la course immédiatement après sa défaite dans le New Hampshire, la qualifiant de « cupide punie ».

« Je suppose que beaucoup de gens se demandent : "Qu'est-ce qu'elle essaie de prouver ?" Elle s'est présentée dans le Michigan et a perdu de 40 points de pourcentage », a-t-il déclaré.

Mike Murphy, stratège républicain chevronné, a également déclaré que Haley devrait quitter la course plus tôt que prévu. « Si elle reste plus longtemps, elle finira comme Chris Christie », a déclaré Murphy, faisant référence à l'ancien gouverneur du New Jersey qui a abandonné la course en janvier après être devenu un critique virulent de M. Trump.

Avant d'annoncer son retrait de la course, Christie avait prédit que Haley « échouerait lamentablement » dans sa tentative de devenir la candidate républicaine à la présidence.

Haley a rejeté toute comparaison entre elle et Christie. « Je ne suis pas anti-Trump. Si je l'étais, je serais Christie », a-t-elle déclaré.

Rob Godfrey, ancien assistant de Haley, espère qu'après la campagne, elle pourra passer plus de temps avec sa famille et reprendre le combat pour des initiatives politiques après une campagne intense. Haley devra décider si elle souhaite consacrer le reste de l'année à faire campagne pour des candidats ou pour Trump.

« Elle n'a jamais perdu auparavant et doit voir si celui qui la bat est quelqu'un avec qui elle souhaite collaborer. Je pense que la période de détente et de réflexion après la campagne primaire sera peut-être un peu plus longue pour Haley », a déclaré Godfrey.

L'ancien président américain Donald Trump à Rock Hill, en Caroline du Sud, le 23 février. Photo : AFP — L'ancien président américain Donald Trump à Rock Hill, en Caroline du Sud, le 23 février. Photo : *AFP*

De nombreux observateurs estiment que le scénario le plus optimiste pour Haley serait une défaite de Trump face à son adversaire démocrate, le président Joe Biden, lors des élections de novembre. Cependant, si le Parti républicain reste sous le contrôle de Trump après les élections de 2024, Haley sera probablement ostracisée par le parti. Tout républicain ayant critiqué Trump subira le même sort.

Le seul avantage que Haley pourrait tirer de la poursuite de sa campagne serait de changer de carrière et de quitter le parti républicain, selon Joe Walsh, ancien membre du Congrès qui a défié Trump lors des primaires républicaines de 2020. Walsh a annoncé son départ du parti après sa candidature à la présidence.

« Le parti n'aura plus de place pour elle en 2028, car la base du parti ne changera pas à partir de maintenant », a-t-il déclaré.

L'ancien gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, candidat aux primaires républicaines de 2012, espère que « Trump demandera à Haley d'être sa vice-présidente ». Cependant, Trump et Haley reconnaissent tous deux que ce scénario est peu probable.

Pawlenty se montre plus optimiste quant à l'avenir post-électoral de Haley. « Sa campagne a dépassé les attentes et l'a placée parmi les favorites pour 2028. Si elle veut conserver ses chances, elle devrait consacrer les quatre prochaines années à entretenir et à développer son réseau et à améliorer son profil politique », a-t-il déclaré.

Mitt Romney, par exemple, s'est retiré de la course à l'investiture peu après le Super Tuesday en 2008, puis est devenu le candidat du parti en 2012. Après sa première campagne présidentielle, Romney et son équipe ont travaillé dur pour rester en contact avec les dirigeants du parti et les militants à travers le pays, selon Kevin Madden, un ancien conseiller de campagne de Romney.

« J'espère que Haley adoptera la même approche. Cette campagne est un investissement judicieux pour le profil politique de Nikki Haley », a déclaré Madden. « Je dis rarement des choses sûres en politique, car c'est un domaine très instable. Mais Nikki Haley sera présidente un jour. »

Thanh Tam (Selon Politico, AFP, Reuters )

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