Ce n’est qu’en développant l’élevage de crevettes à grande échelle ou la coopération entre les petits éleveurs de crevettes que les normes internationales pourront être atteintes.
Le défi est de taille.
Outre la question des taxes sur le marché américain ou de la concurrence avec des fournisseurs de crevettes bon marché d'autres pays, selon M. Ho Quoc Luc, président du conseil d'administration de Sao Ta Food Joint Stock Company, l'industrie crevettière doit également faire face à la réglementation en matière de traçabilité et de certification internationale. Concernant la traçabilité, M. Luc a indiqué qu'il s'agit d'une exigence commune à tous les marchés, mais que l'octroi de licences aux installations d'élevage de crevettes dans notre pays est encore trop lent, ce qui complique la tâche des entreprises qui cherchent à prouver et à convaincre leurs clients de leur capacité à contrôler les matières premières.
Par exemple, sur le marché de l'UE (y compris le Royaume-Uni), malgré de nombreux avantages : tarifs préférentiels (grâce à des accords de libre-échange), niveaux de transformation en profondeur conformes aux normes internationales élevées, prix à la consommation… la croissance de ce marché ces dernières années n'a pas été à la hauteur des attentes, notamment en raison de la faible production de crevettes vietnamiennes certifiées ASC. En particulier pour le segment haut de gamme, la plupart des marchés acceptent actuellement les normes ASC ; seules les zones d'élevage de crevettes conformes peuvent donc pénétrer facilement ce segment. Par ailleurs, la superficie d'élevage de crevettes conforme aux normes ASC à l'échelle nationale est actuellement très faible, notamment parce que la plupart des exploitations agricoles sont de petite taille. Il est donc difficile d'obtenir les normes ASC, car les coûts d'évaluation augmenteraient considérablement.
Pour les grands marchés de la crevette comme l'UE, les principaux systèmes de distribution exigent un contrôle de la qualité des crevettes tout au long de la chaîne de valeur. En particulier, les fournisseurs de semences et d'aliments pour crevettes doivent respecter des normes telles que ASC, BAP, ISO, etc. De plus, à partir de 2026, l'UE pourrait appliquer le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) aux produits de la mer. Cela signifie que les produits à base de crevettes entrant en Europe et souhaitant bénéficier d'incitations tarifaires doivent respecter des critères d'émission de carbone tout au long de la chaîne de valeur et ne pas nuire à l'écosystème. Le Japon, deuxième plus grand marché de la crevette, maintient actuellement un contrôle de toutes les expéditions de crevettes en provenance du Vietnam, avec de nombreux critères stricts en matière de résidus. De plus, le Japon a également commencé à appliquer des normes de bien-être animal, exigeant des procédés d'élevage qui ne causent pas de stress aux produits aquatiques.
Quant au marché américain, bien que plus indulgent, il est un lieu de convergence des crevettes provenant de nombreux pays à bas prix, notamment d'Inde, d'Équateur et d'Indonésie, ce qui limite la consommation de crevettes vietnamiennes en raison de la concurrence sur les prix. Le marché canadien, quant à lui, accorde une grande importance à l'inspection a posteriori, c'est-à-dire au contrôle des produits d'une entreprise dans les rayons des supermarchés. En cas d'échec, les produits de cette entreprise circulant au Canada sont rappelés et renvoyés au Vietnam, ce qui fait que le risque ne concerne plus chaque lot, mais tous les produits consommés. En particulier, les deux nouveaux marchés importants, la Corée et l'Australie, se concentrent sur le contrôle des maladies des crevettes, très courantes dans le delta du Mékong, ce qui rend la tâche très difficile pour les entreprises.
Pour permettre aux crevettes de surmonter les défis
Face à cette situation, selon les entreprises, l'ensemble de la filière doit s'efforcer d'accélérer, dès maintenant et à long terme, la mise en œuvre de programmes d'action synchrones, concrets et concrets, tels que la promotion, l'inspection et la prévention des préparations non utilisées dans l'élevage de crevettes, notamment les antibiotiques interdits. Il faut également réaménager les zones d'élevage et investir dans les infrastructures ; réorganiser la production d'élevage de crevettes à l'échelle des fermes et des coopératives afin de répondre aux normes du marché et de permettre une consommation à grande échelle à des prix compétitifs, posant ainsi les bases d'une avancée majeure pour la qualité, la réputation et la marque des crevettes vietnamiennes. M. Luc a ajouté : « À long terme, l'avantage de la transformation disparaîtra, car d'autres pays investissent également massivement dans la transformation. L'industrie de la crevette a donc besoin d'une solution viable pour réduire les coûts de production et accroître sa compétitivité. »
Les défis auxquels l'industrie crevettière est confrontée sont clairs et atteignent leur paroxysme. Pour les surmonter, les crevettes vietnamiennes doivent d'abord être propres, certifiées et traçables au niveau international. Autrement dit, seules une amélioration du coût des crevettes d'élevage, un contrôle strict des résidus de substances interdites, une augmentation de la délivrance de codes d'élevage et une expansion rapide des zones d'élevage conformes aux normes internationales (ASC, BAP, etc.) permettront d'accroître la part de marché des crevettes vietnamiennes sur les principaux marchés et de consolider la position de l'industrie crevettière.
Pour ce faire, il est nécessaire de maîtriser les intrants utilisés pour l'élevage de crevettes, de mettre en place un programme de coopération, de créer de grandes fermes standardisées pour une traçabilité et une mise en œuvre aisées, et d'obtenir des certifications internationales afin de convaincre le marché haut de gamme d'accepter des prix élevés. Lorsque la surface d'élevage atteindra des centaines de milliers d'hectares, les crevettes vietnamiennes domineront assurément le marché haut de gamme, contribuant ainsi significativement à l'atteinte de l'objectif d'amélioration de la qualité de la crevette vietnamienne.
La qualité et les normes sont toujours nécessaires et ont leur propre valeur. Chaque marché a des exigences différentes en la matière. C'est l'inéluctabilité du marché, il n'y a donc pas lieu de s'y opposer. Il convient de souligner ici que le cheminement de la qualité vers les normes exige non seulement détermination et persévérance, mais aussi un changement de mentalité et de prise de conscience pour passer de la production agricole à l'économie agricole. Car seule une réflexion axée sur l'économie agricole peut aider les agriculteurs et les gestionnaires à prendre conscience de la valeur essentielle de la qualité et des normes, et ainsi adapter les bonnes pratiques de production et certifier les produits pour répondre aux exigences croissantes du marché.
Article et photos : HOANG NHA
Source : https://baocantho.com.vn/thach-thuc-tu-chat-va-chuan--a188116.html
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