L'exposition présente des œuvres inspirées de récits historiques et de valeurs culturelles traditionnelles, particulièrement pertinentes dans les domaines de la construction, de l'architecture et de la sculpture artistique. L'artisan Tran Nam Tuoc revient sur l'exposition et son parcours.

Bien qu'il ne soit pas né dans un village de potiers, l'artisan Tran Nam Tuoc pratique ce métier depuis plus de 25 ans et s'est forgé une solide réputation. Quel hasard l'a amené à la poterie ?
Je suis né dans une région rizicole et j'ai eu un destin commun avec la terre et le feu grâce aux fours à briques artisanaux. En 1993, j'ai commencé à faire de la poterie dans ma ville natale. Puis, en 1997, je suis allé au village de potiers de Bat Trang et, ici, tel un poisson de la rivière à la mer, j'ai créé, exploré et expérimenté librement la terre. Puis, en 2007, j'ai ouvert un four de production.
À mes débuts dans la poterie, je n'étais qu'assistant dans les fours. Cependant, j'ai trouvé la glaçure de Bat Trang très belle, avec de nombreux styles de production. J'ai appris à jouer avec le feu et à m'y essayer. Après avoir erré dans la campagne et les champs, j'espérais trouver un style de poterie qui me corresponde. Depuis l'Antiquité, dans la culture traditionnelle vietnamienne, les anciens décoraient les murs, les toits incurvés et les piliers en céramique… et aujourd'hui, je conçois, décore et agence les œuvres en fonction des projets en cours. Je crée des statues imprégnées de l'âme et de l'esprit des anciens pour satisfaire mon métier et offrir aux passionnés de poterie et d'histoire nationale un plus grand choix de collections.
Il s'agit de la troisième exposition de l'artiste Tran Nam Tuoc, après « Animaux spirituels d'aujourd'hui » (2023) et « Nam Tuoc - Âme de la Terre » (2024). Pouvez-vous nous en dire plus sur l'inspiration et le message principal de l'exposition « Nam Tuoc - Pièces de puzzle » ?
Je me considère comme un successeur, un réécrivain d'anciens modèles, et plus je m'y consacre, plus je me passionne pour ces traditions. L'exposition est un voyage à la découverte de l'harmonie entre l'art et la vie à travers des œuvres créées à partir de matériaux et de techniques variés, que j'utilise depuis plus de 25 ans.
Quant au titre de l'exposition, je pense que chaque personne est un élément de la société, chaque profession, chaque expérience a sa propre valeur. Lorsque ces éléments sont reliés au fil des générations, ils créent progressivement un patrimoine. Le patrimoine devient culture et la culture se transforme en histoire, en récits. Histoire rime avec récits, et chaque nation a sa propre voix et sa propre position.
Je souhaite partager la conviction que, qui que l'on soit ou quoi que l'on fasse, chacun peut contribuer au patrimoine commun. Je ne suis qu'une petite pièce dans le flux de la culture contemporaine, mais si de nombreuses petites pièces s'assemblent, nous pouvons créer un tout harmonieux, profond et porteur de sens.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur les trois parties de l’exposition ?
Je présente ici 35 œuvres, réparties en trois parties. La première partie comprend des sculptures et décorations traditionnelles en céramique et en terre cuite, telles que des coins de couteau, des pinces et de grandes lanternes en bronze. Ces objets sont conçus pour être intégrés à des œuvres culturelles contemporaines, allant des carreaux muraux en céramique aux bas-reliefs, en passant par les peintures émaillées multicolores sur le thème des contes et légendes populaires. Les robinets et les portes d'aération de cette partie, notamment, sont utilisés depuis plus de 25 ans.
La deuxième partie est consacrée aux sculptures sur bois, notamment l'œuvre « Tu Dai Con Ga (ò ó oo) » ou la porte « 12 ailes Trung Hieu Mon », qui a remporté le premier prix de l'Exposition nationale des beaux-arts appliqués en 2019. Ces œuvres utilisent la technique du ciselage, associée au tam lam traditionnel ou à la dorure. Dans la troisième partie, je présente pour la première fois des dessins faits main, documents de conception que j'ai appliqués à de nombreux projets concrets au cours des deux dernières décennies, afin que chacun puisse mieux comprendre mon parcours professionnel.
Vous évoquez souvent le point de vue suivant : « Ce qui doit être préservé doit l’être de manière conservatrice. Ce qui n’a pas besoin d’être préservé, il faut lui donner une nouvelle vie. » Pourriez-vous l’expliquer plus clairement ?
À mon avis, la valeur du patrimoine laissé par nos ancêtres, tant matérielle que spirituelle, doit être préservée et conservée intacte. Quant aux créateurs, ils doivent aborder le patrimoine avec une perspective de développement. Le patrimoine est le passé, mais ce passé est la matière qui nous permet de créer le présent et l'avenir. C'est dans cette optique que j'ai choisi de me spécialiser dans les beaux-arts appliqués à la construction et à l'architecture, en préservant l'âme du patrimoine traditionnel, tout en l'exprimant dans un nouveau langage visuel et des techniques modernes, adaptés aux espaces contemporains. Ainsi, le patrimoine n'est pas oublié, mais sa valeur est valorisée dans la vie d'aujourd'hui.
- Que souhaitez-vous transmettre à travers l'exposition « Baron - Puzzle Pieces » ?
- Avec le métier de potier, je suis passé d'un statut d'étranger à celui de passionné, désireux d'apporter ma petite contribution à ce domaine. À travers cette exposition, je souhaite partager mon parcours professionnel et, par la même occasion, tisser des liens avec mes collègues et surtout avec la jeune génération.
J'espère que les jeunes se reconnaîtront comme partie intégrante du mouvement culturel contemporain. Chaque personne est une « pièce » et ce sont les créations nouvelles, créatives et audacieuses qui enrichiront et vivront l'image de la culture vietnamienne.
- Nous remercions sincèrement l'artiste méritant Tran Nam Tuoc !
Source : https://hanoimoi.vn/nghe-nhan-uu-tu-tran-nam-tuoc-qua-khu-la-chat-lieu-de-ta-tao-nen-hien-tai-va-tuong-lai-712126.html
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