Intel a récemment annoncé son projet de construction d'une usine d'assemblage et de test de puces semi-conductrices à Wroclaw, en Pologne. Selon Reuters, cette usine polonaise, d'un coût de près de 5 milliards de dollars, devrait être opérationnelle en 2027, employant 2 000 personnes et créant des milliers d'emplois supplémentaires pendant la phase de construction, recrutés par les fournisseurs. L'entreprise a indiqué avoir choisi la Pologne pour ses infrastructures, ses ressources humaines et son emplacement idéal, avec des installations en cours de déploiement en Europe. Cette décision s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par l'entreprise pour accroître ses investissements dans les pays de l'Union européenne (UE).

La stratégie de développement d'Intel prévoit un investissement de 100 milliards de dollars sur 10 ans dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs sur le « Vieux Continent », de la recherche et développement à la production, en passant par les technologies de finition. Plus précisément, outre la Pologne, Intel construit également un centre de fabrication de semi-conducteurs de très haute technologie à Magdebourg, en Allemagne ; un centre de recherche, développement et conception de semi-conducteurs près de Paris, en France ; et développe et construit de nouvelles fonderies et lignes de fabrication de semi-conducteurs en Irlande, en Italie et en Espagne. L'objectif de ce plan est de contribuer à doubler la part de marché des semi-conducteurs de l'UE, de moins de 10 % aujourd'hui à un doublement d'ici 2030. « Cet investissement est une étape importante pour Intel et pour l'Europe », a souligné Pat Gelsinger, PDG d'Intel, cité par Reuters.

Cette annonce intervient alors qu'Intel traverse un premier trimestre 2023 difficile. L'entreprise a récemment annoncé ses résultats pour les trois premiers mois de l'année, avec un chiffre d'affaires en baisse de près de 36 % par rapport à la même période l'an dernier, en raison d'une baisse de la demande, notamment pour les puces informatiques, sa principale gamme de produits. Intel prévoit une nouvelle baisse de 4 % de son bénéfice moyen par action au prochain trimestre. Le Financial Times estime que la situation financière du géant américain du logiciel est très tendue.

À l'intérieur de l'usine de semi-conducteurs d'Intel en Irlande. Photo : Financial Times

À la fin des années 2000, Intel était encore le premier fabricant mondial de puces semi-conductrices. Aujourd'hui, l'entreprise a été dépassée par TSMC, Nvidia, Apple et Samsung. Les produits d'Intel ont pris du retard technologique par rapport à ceux de nombreux géants du secteur. Le Financial Times a donc indiqué qu'Intel, sous la direction de Pat Gelsinger, a investi, investit et investira activement dans la construction d'installations dans tout le pays, y compris en Europe, afin d'inverser le déclin et de mieux concurrencer ses concurrents, restaurant ainsi sa position dominante.

Parallèlement, la pandémie de Covid-19 a provoqué une pénurie de semi-conducteurs, entraînant une pénurie mondiale de produits électroniques. De son côté, l'Europe souhaite trouver des moyens de réduire sa dépendance aux fournisseurs étrangers de semi-conducteurs, comme les États-Unis ou l'Asie, tout en étant confrontée à de nombreux facteurs tels que la pandémie, la guerre commerciale sino-américaine ou la campagne militaire spéciale russe en Ukraine. Cependant, la construction de ses propres installations de conception et de fabrication de semi-conducteurs implique des investissements importants en temps et en argent, et nécessite la coordination d'unités de pointe dans ce domaine.

Afin d'optimiser les ressources externes, l'UE a adopté début 2023 la loi sur les puces électroniques, qui prévoit d'importantes incitations pour les entreprises de semi-conducteurs. Cette loi devrait promouvoir la recherche innovante en Europe, en encourageant les principales entreprises de semi-conducteurs à implanter leurs lignes de production avancées dans la région afin de bénéficier de ces incitations. Intel est l'une des entreprises qui saisissent cette opportunité. Reuters a indiqué qu'Intel est présente en Europe depuis plus de trente ans et qu'elle figure parmi les entreprises de haute technologie bénéficiant de solides partenariats avec les gouvernements de l'UE. Au cours des deux dernières années, l'entreprise a investi plus de 10 milliards de dollars auprès de fournisseurs européens et prévoit de doubler ce montant d'ici 2026.

VAN HIEU