La vue d'un missile sol-air Patriot s'abattant sur une route très fréquentée de Kiev a terrifié tous ceux qui l'ont vu. Elle a également suscité des inquiétudes quant à l'incapacité du missile à protéger les civils pendant la première guerre du Golfe.
Les analystes militaires occidentaux estiment que cela pourrait être le résultat des missiles hybrides PAC-3 équipés d’une « létalité améliorée », utilisés en Ukraine.
Une vidéo montre une partie d'un missile Patriot tombant dans les rues de Kiev (Source : Twitter worldnews24u) :
Le système Patriot est souvent décrit comme une arme simple, capable de frapper pour tuer. Cependant, la version améliorée de ce système (PAC) a été développée avec une charge explosive supplémentaire capable de créer un nuage de fragments métalliques autour du corps du missile, appelés « cycloïdes ».
Le nuage est destiné à améliorer les chances d'atteindre une cible propulsée par un avion à réaction, comme un missile de croisière. Autrement dit, les fragments métalliques augmentent la létalité du missile intercepteur en augmentant sa portée de contact avec la cible.
Un rapport public de 1996 de l'armée et de Lockheed Martin sur l'intégration rentable du missile PAC-3 a révélé que l'arme avait la portée, la précision et la létalité améliorées nécessaires pour se défendre efficacement contre les missiles tactiques transportant des ogives nucléaires, explosives conventionnelles, biologiques et chimiques.
« Le dispositif d'amélioration de la létalité est activé près du point d'interception pour augmenter la probabilité d'un tir unique contre les menaces à réaction », indique le rapport.
Les menaces en question sont les missiles de croisière ou les avions volant à des vitesses inférieures à celles des missiles balistiques. La méthode « hit-to-kill » pure est efficace contre les menaces balistiques, mais peut s'avérer inefficace contre les missiles de croisière plus petits. C'est là qu'intervient le « kill-booster ».
Cet équipement supplémentaire est présent sur tous les systèmes de missiles PAC-3 depuis son introduction dans l'armée américaine en 1995. « Pour augmenter encore la probabilité de détruire les menaces de jets (non utilisé contre les missiles balistiques tactiques - TBM), un amplificateur de létalité à fragmentation à faible vitesse (LE) est inclus dans la configuration du missile PAC-3. »
Les États-Unis ont également apporté de nouvelles améliorations à ces intercepteurs afin de réduire le coût par tir. La variante Patriot de ce programme de réduction des coûts a été testée pour la première fois en 2017.
Menace pour la vie civile
L'explosion du LE a été suffisamment puissante pour créer une séparation nette entre l'avant et l'arrière du missile PAC-3. Il est difficile de prédire où la partie fragmentée retombera. C'est peut-être la raison pour laquelle la partie arrière, en grande partie intacte, a atterri dans les rues de Kiev.
La chute de débris de missiles a également soulevé des questions sur le taux de réussite des missiles Patriot, comme ce fut le cas lors de la première guerre du Golfe. Depuis lors, de nombreuses modifications ont été apportées aux systèmes Patriot PAC-1 et PAC-2, désormais plus avancés et modernisés.
Les deux systèmes utilisent une technologie de missile proche pour faire exploser les cibles entrantes et les détruire par fragmentation ou par renforcement de la létalité.
Lors de la première guerre du Golfe, les systèmes Patriot Advanced Capability-2 (PAC-2) déployés en Arabie saoudite ont affirmé avoir intercepté avec succès sept missiles tirés sur le pays par les forces houthies, mais un homme est mort après avoir été touché par des débris de missile.
Une vidéo prise au sol a montré le missile PAC-2 dévier de sa trajectoire en plein vol et il n'était pas clair s'il s'agissait de débris provenant d'une interception réussie ou d'un dysfonctionnement technique.
Bien que les experts militaires aient exprimé des doutes sur les affirmations « exagérées » concernant le taux de réussite du Patriot, les avantages que ce système de défense antimissile sol-air apporte à l’Ukraine face aux frappes de missiles russes sont indéniables.
(Selon EurAsian Times)
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