La Grèce, la Corée du Sud et les États-Unis sont les trois pays les plus performants sur le plan économique , tandis que de nombreux pays nordiques ont une année 2023 sombre, selon l'Economist.
La plupart des gens avaient prédit une récession mondiale en 2023, les banques centrales ayant relevé leurs taux d'intérêt pour freiner l'inflation. Mais c'était faux. Le PIB mondial devrait croître de 3 % cette année. Le marché de l'emploi a résisté. L'inflation a suivi une tendance baissière. Les marchés boursiers ont progressé de 20 %. Mais les résultats globaux ne révèlent pas les profondes disparités entre les économies.
The Economist a compilé des données sur cinq indicateurs : l'inflation, l'ampleur de l'inflation, le PIB, l'emploi et la performance boursière de 35 économies, principalement des économies riches. Ces scores combinés ont permis de classer les performances des économies développées au cours de l'année écoulée, avec des résultats parfois surprenants.
Source des données : Economist
La Grèce arrive en tête pour la deuxième année consécutive, un résultat remarquable pour une économie jusqu'alors jugée mal gérée. Le pays se redresse depuis 2018, après des décennies de crise de la dette qui l'ont contraint à accepter trois plans de sauvetage internationaux.
Cette année, la bonne performance économique se traduit par des recettes fiscales supérieures aux prévisions. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la consommation privée est soutenue par une croissance positive des salaires réels, tandis que l'activité d'investissement continue de progresser grâce au Plan national de relance (PNRR). Cette année, le PIB grec devrait croître de 2,4 %.
Le pays s'attend à une croissance économique plus rapide de 2,9 % en 2024, tirée par un tourisme fort, des investissements et une demande intérieure plus élevée, tandis que l'inflation et le chômage continuent de s'améliorer.
En deuxième position, l'économie sud-coréenne a dû faire face à de nombreux défis cette année, mais s'est progressivement améliorée grâce aux exportations, notamment de semi-conducteurs. Les exportations ont chuté pendant 12 mois consécutifs avant de repartir à la hausse à partir d'octobre. En novembre, les ventes de puces ont augmenté pour la première fois depuis août 2022. Les semi-conducteurs ont été l'un des produits les plus exportés le mois dernier, représentant 17 %.
En troisième position, les États-Unis devraient connaître une croissance significative tout au long de 2023, malgré des prévisions antérieures pessimistes. En décembre 2022, les prévisions économiques de Blue Chip tablaient sur une contraction de 0,1 % du PIB. Mais les dernières prévisions suggèrent une hausse de 2,6 %, tirée par une forte consommation des ménages, une reprise des investissements manufacturiers et une hausse des achats publics.
Le PIB réel des États-Unis a même dépassé cette année les prévisions pré-pandémiques du Congressional Budget Office et du Fonds monétaire international, selon la Maison Blanche.
PIB des États-Unis (milliards de dollars) aux prix constants de 2017. La ligne continue représente le résultat réel, la ligne pointillée la prévision de janvier 2023. Source : Maison-Blanche
Dans le haut du classement, certains pays américains comme le Canada et le Chili occupent également une place importante, se classant respectivement 6e et 7e. Parallèlement, de nombreux pays en difficulté se trouvent en Europe du Nord, notamment le Royaume-Uni (30e), l'Allemagne (27e) et la Suède (31e), tandis que la Finlande occupe le bas du classement.
L'analyse de chaque mesure révèle la santé de chaque économie riche. Premièrement, la lutte contre la hausse des prix constituera un défi majeur en 2023. Il est donc intéressant d'examiner l'inflation sous-jacente, qui exclut les groupes volatils comme l'énergie et l'alimentation.
Le Japon et la Corée du Sud ont maîtrisé leurs prix. En Suisse, l'inflation sous-jacente n'a augmenté que de 1,3 % sur un an en 2022. Mais ailleurs en Europe, de nombreux pays restent sous forte pression. En Hongrie, l'inflation sous-jacente atteint 11 % sur un an. La Finlande, fortement dépendante des approvisionnements énergétiques russes, est également en difficulté.
Dans la plupart des pays développés, l'inflation devient plus supportable, comme le montre le taux d'inflation, qui mesure la part des articles du panier de consommation dont le prix a augmenté de plus de 2 % sur un an. Les banques centrales du Chili et de Corée du Sud ont considérablement relevé leurs taux d'intérêt en 2022, bien plus tôt que celles des autres pays développés, ce qui semble leur profiter. En Corée du Sud, le taux d'inflation est passé de 73 % à 60 %. Les banques centrales des États-Unis et du Canada ont également bénéficié de la baisse de l'inflation.
Ailleurs, cependant, la lutte contre l'inflation est loin d'être terminée. En Australie, par exemple, l'inflation persiste, avec une hausse des prix de plus de 2 % sur près de 90 % du panier moyen. La France et l'Allemagne sont également en difficulté. En Espagne, l'inflation s'aggrave au fil du temps.
Les deux indicateurs suivants sont l'emploi et la croissance du PIB. Aucun des deux n'a enregistré de résultats particulièrement bons. La croissance de la productivité a été faible à l'échelle mondiale, limitant le potentiel de croissance du PIB. Les marchés du travail étaient déjà tendus début 2023, laissant peu de marge de progression pour l'emploi.
Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à Athènes le 27 octobre. Photo : AFP .
Mais seuls quelques pays ont réellement vu leur PIB se contracter. L'Irlande a enregistré la pire performance, avec une baisse de 4,1 %. L'Estonie a également enregistré de mauvais résultats, durement touchée par le conflit en Ukraine. Le Royaume-Uni et l'Allemagne sont également confrontés à des difficultés. L'Allemagne est aux prises avec les conséquences d'un choc des prix de l'énergie et la concurrence croissante des constructeurs automobiles chinois. La Grande-Bretagne, quant à elle, subit encore les conséquences du Brexit. La plupart des économistes prévoient que le pays continuera de connaître une croissance faible dans les années à venir.
Les États-Unis, en revanche, ont enregistré de bons résultats en termes de PIB et d'emploi, bénéficiant d'une production énergétique record et d'un généreux plan de relance budgétaire en 2020 et 2021. La première économie mondiale a également aidé d'autres pays. Au Canada, par exemple, l'emploi a progressé. Israël, qui compte les États-Unis comme son principal partenaire commercial, s'est hissé au quatrième rang mondial, même si la guerre avec le Hamas, qui a débuté en octobre, a rendu les perspectives pour 2024 incertaines.
On pourrait penser que le marché boursier américain, qui abrite des entreprises prêtes à profiter de la révolution de l'IA, se porterait bien. Mais en réalité, après ajustement de l'inflation, la performance a été médiocre. Le marché boursier australien a sous-performé.
La bourse finlandaise a connu une année difficile, le cours de l'action Nokia poursuivant sa lente et prolongée baisse. À l'inverse, les entreprises japonaises connaissent une renaissance grâce aux réformes de leur gouvernance d'entreprise. La bourse japonaise a été l'une des plus performantes de 2023, avec une hausse de près de 20 % en termes réels.
Mais le point le plus positif a été la Grèce, où le marché boursier a augmenté de plus de 40 % en termes réels en 2023. Les investisseurs ont réinjecté de l'argent dans les entreprises grecques alors que le gouvernement a mis en œuvre une série de réformes de soutien au marché.
Bien que le pays reste beaucoup plus pauvre qu’avant sa faillite au début des années 2010, le FMI – qui est en désaccord avec la Grèce – a salué la « transformation numérique de l’économie » et « l’augmentation de la concurrence sur le marché » dans un récent communiqué.
En ce qui concerne la grande économie riche, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que la croissance du PIB américain ralentira à 1,5 % en 2024, puis reprendra légèrement à 1,7 % en 2025, la politique monétaire devant s'assouplir.
Dans la zone euro, particulièrement touchée par le conflit ukrainien et la flambée des prix de l'énergie, la croissance du PIB devrait s'améliorer à 0,9 % l'an prochain, contre 0,6 % prévu cette année. Dans la région, les grandes économies comme l'Allemagne, l'Italie et la France devraient croître respectivement de 0,6 %, 0,7 % et 0,8 %, soit des taux inférieurs à la moyenne de l'OCDE de 1,4 %.
Phien An ( selon Economist, Reuters, Yonhap )
Lien source
Comment (0)