Je suis née à la campagne, mon enfance a donc été baignée dans l'odeur âcre des champs, la forte odeur de paille de ma ville natale. Mes amis sont maintenant tous partis vivre ailleurs. Certains sont partis à l'étranger pour gagner leur vie, d'autres se sont mariés au Nord avant de se précipiter vers le Sud avec leur mari… Quant à moi, je vis et travaille en ville. Chaque fois que je sens l'odeur du riz frais dans la brise de l'après-midi, mon mal du pays est âpre et lancinant.
Illustration : LNDUY
Oh là là ! L'odeur familière de la paille mêlée à la fumée bleue des après-midis d'autrefois me manque… si lointaine qu'elle me serre le cœur. Dans mes souvenirs, la campagne est un tableau coloré. Ce sont les fleurs sauvages qui poussent tout autour de la digue, se balançant et attendant le soleil chaque matin. Ce sont les touffes d'herbes folles qui retiennent les pieds de ceux qui passent, comme une promesse de retour. Pendant la saison des récoltes, les champs vibrent de rires dès le petit matin.
À cette époque, l'agriculture n'était pas encore aussi moderne qu'aujourd'hui. Mères et sœurs récoltaient le riz à la hâte, le dos trempé de sueur, leurs chapeaux blancs flottant dans les champs comme des cigognes annonçant l'arrivée de la saison. Sur les routes de campagne, les charrettes de riz étaient ramenées à la hâte pour sécher à temps pour le soleil.
Dès la fondation du village, chaque maison possédait une cour remplie de riz doré, et nous, les enfants, allions et venions souvent dans la cour, appelée « labour du riz », pour sécher le riz rapidement. Parfois, lorsque le soleil était chaud, un vent fort soufflait, des nuages noirs s'accumulaient, et toute la famille se rassemblait autour de la table, se levait précipitamment, courant contre la pluie capricieuse de l'après-midi pour « sauver le riz ».
Le travail à la ferme se poursuit jour après jour. Ce n'est que lorsque le riz est sec que l'on peut se détendre avec un bol de riz frais.
En un éclair, les champs furent moissonnés. Partout, il y avait des tas de paille, même sur les chemins. Après la moisson, dans ma ville natale, chaque maison avait un tas de paille dans un coin du jardin. J'adorais l'odeur de la paille de ma ville natale.
Elle persistait, accrochée à l'arête du nez, épicée, chaude. L'odeur de la paille se mêlait à la sueur des paysans qui portaient chaque jour leurs houes aux champs, le soleil brûlant leur dos ; l'odeur du dur labeur maternel ; l'odeur de joie des récoltes abondantes et l'odeur de tristesse gravée au fond des yeux des paysans après chaque mauvaise récolte.
L'odeur de la paille est celle des champs que les habitants de la campagne ne peuvent oublier. Le passé me manque, l'odeur parfumée de la paille, alors pour moi, « le simple fait d'arriver dans ma ville natale/l'odeur de la paille/m'a déjà rendu fou/de tout mon cœur » (Bang Huu). Souvent, dans le tumulte de la ville, au milieu des difficultés de la vie, j'ai juste envie de respirer profondément pour me reconnecter à mes souvenirs.
Je repense à l'époque où j'étais un enfant pieds nus, blotti dans la paille jaune, jouant à cache-cache avec mes amis. Les souvenirs de ma ville natale sont toujours profondément ancrés dans l'odeur des champs et le vent des champs. Là, une légère et persistante odeur de paille se répand peu à peu dans ce pays nostalgique. Une odeur de paille qui semble avoir été oubliée quelque part, soudain réveillée par un sentiment d'excitation.
Les années passèrent, et lorsque je réalisai soudain que je n'étais plus jeune, les champs de campagne devinrent un souvenir inoubliable. C'était l'enfance innocente et pure d'une vie. Me souvenant de l'odeur de la paille, j'emportai avec moi mes désirs et mes rêves de recueillir l'amour pour moi-même. Soudain, une paille dorée flottait au soleil et au vent cet après-midi-là…
An Khanh
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