Le ministre ukrainien des Affaires étrangères répond au pape François, Kyiv ne capitule pas

Le pape François a tenu ces propos lors d'une interview partiellement diffusée ce week-end. Il répondait à une suggestion de l'animateur selon laquelle, lorsque la situation ne s'améliore pas pour l'une des parties, « il faut avoir le courage de négocier ».

Le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a affirmé sur le réseau social X que la personne la plus forte dans tout conflit « se tient du côté du bien au lieu de considérer les deux parties comme égales et d'appeler cela « négociation » ».

« Notre drapeau est jaune et bleu. C'est sous ce drapeau que nous vivrons, mourrons et triompherons. Nous ne brandirons jamais d'autre drapeau. »

M. Kuleba a également souligné les allégations selon lesquelles le pape Pie XII n’aurait pas agi contre la tyrannie nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

« En même temps, en parlant du drapeau blanc, nous connaissons tous la stratégie du Vatican depuis la première moitié du XXe siècle. »

« J’exhorte (le Vatican) à éviter de répéter les erreurs du passé et à soutenir l’Ukraine et son peuple dans leurs efforts pour protéger leurs vies. »

Cette déclaration laissait entrevoir une opinion de longue date selon laquelle le pape Pie XII n'aurait pas agi malgré les preuves de plus en plus nombreuses de la gravité de l'Holocauste. Une lettre publiée l'année dernière par les archives du Vatican a montré que le pape Pie XII avait été informé du génocide des Juifs par l'Allemagne nazie dès 1942.

Le chef de l'Église catholique ukrainienne, qui compte 5 millions de membres, l'archevêque Sviatoslav Shevchuk, a également rejeté les commentaires du pape.

L'Ukraine est blessée, mais pas vaincue. Elle est fatiguée, mais elle résiste et résistera. Croyez-moi, personne n'a l'intention de capituler.

Le plan de paix de Zelensky

L'Ukraine n'a pas réussi à repousser les forces russes depuis le début des combats il y a deux ans, mais le pays continue de refuser de négocier alors que les troupes russes restent présentes sur environ 20 pour cent de son territoire.

Le plan de paix du président Volodymyr Zelensky prévoit le retrait de toutes les troupes russes d'Ukraine et le rétablissement de la frontière entre les deux pays. Le Kremlin a refusé de participer aux négociations de paix selon les conditions de l'Ukraine.

L'interview papale serait la première fois que le pape François utiliserait des mots comme « drapeau blanc » ou « défaite » pour parler de la guerre en Ukraine, bien que dans le passé il ait souligné l'importance des négociations.

Le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, a déclaré samedi que le pape avait utilisé l'expression « drapeau blanc » de l'intervieweur pour « exprimer la cessation des hostilités et l'évolution vers une trêve avec le courage et la volonté de négocier ».

Le pape a provoqué à plusieurs reprises la colère des responsables ukrainiens tout au long de la guerre, notamment après avoir appelé la jeunesse russe à être fière d'être les descendants de grands tsars comme Pierre le Grand l'année dernière, un acte que Vladimir Poutine a cité comme exemple pour justifier l'opération spéciale en Ukraine.

Les responsables européens qui soutiennent les efforts de l'Ukraine pour repousser les troupes russes ont condamné les commentaires du pape.

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a écrit sur X : « Par souci d’équilibre, le pape devrait peut-être appeler Poutine à avoir le courage de retirer ses troupes d’Ukraine. La paix sera rétablie immédiatement, sans négociations. »

Nguyen Quang Minh (selon Reuters)

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