Un voyage en bus organisé par le syndicat a permis aux travailleurs de rentrer chez eux pour célébrer le Têt avec leurs familles.
Pas aussi animé de drapeaux et de fleurs que les grands festivals, pas aussi joyeux de musique et de tambours que d’autres célébrations animées, mais dans le cœur des travailleurs, ce jour est comme une étape silencieuse mais durable, nous rappelant le lien qui unit les gens aux gens, les travailleurs aux travailleurs, les travailleurs à la maison collective appelée l’Union.
Je me souviens encore très bien de l'image de mon père autrefois : ouvrier mécanicien dans une petite usine en périphérie de la ville. Chaque matin, il portait sur l'épaule un sac en tissu délavé dans lequel, outre un simple déjeuner, il transportait un carnet syndical recouvert d'une couverture plastique usée. Ce n'était pas seulement un carnet pour comptabiliser les cotisations syndicales, mais aussi une carte gage de tranquillité d'esprit et de confiance dans la protection du collectif.
Je me souviens encore des soirées pluvieuses où mon père rentrait de la réunion syndicale, trempé, les mains couvertes de graisse. Mais ses yeux brillaient. Il parlait des nouveaux logements ouvriers qui allaient être construits, du fonds de soutien aux collègues en difficulté, des cadeaux du Têt pour les familles des travailleurs en difficulté. J'étais jeune et je ne comprenais pas l'importance de ces choses. Je savais seulement que, dans l'histoire de mon père, le syndicat était le lieu où l'on se donnait la main.
Puis, devenu adulte, j'ai quitté ma ville natale, emportant avec moi le souvenir de ces réunions simples mais chaleureuses. J'ai mis les pieds en ville, travaillant dans un bureau, dans un bâtiment froid de verre et d'acier. Là, j'ai retrouvé le syndicat, mais sous une forme différente. Ce n'était plus la vieille salle aux lumières jaunes tamisées, mais une salle de réunion climatisée, avec de longues tables et des fauteuils en cuir. Mais l'esprit n'avait rien à voir avec celui d'autrefois dont me parlait mon père : un lieu où l'on se réunissait pour discuter de salaires, de déjeuner, d'assurances, d'avantages sociaux. Et surtout, où l'on parlait de la manière de maintenir un environnement de travail juste, civilisé et ouvert.
Je me souviens encore des premières vacances du Têt loin de chez moi. Dans le dortoir exigu, tout le monde attendait les billets de bus pour rentrer, craignant d'être à court de places et de payer trop cher. Pourtant, chaque année, le syndicat de l'entreprise enregistrait des billets de bus collectifs et offrait des cadeaux supplémentaires. Les cadeaux n'étaient pas énormes, mais chacun les emportait chez lui et se sentait bien. Dans l'agitation de la vie, on oublie parfois de prendre des nouvelles des autres, mais le syndicat jouait discrètement le rôle de porte-à-porte, apportant un peu de chaleur humaine.
Aujourd'hui, beaucoup de jeunes, lorsqu'ils entendent le mot « syndicat », n'y voient peut-être qu'un service « administratif » où l'on collecte des cotisations, organise des visites et offre des cadeaux du Têt. Mais peu comprennent que derrière ces cadeaux se cache un réseau qui relie des millions de travailleurs, afin que chacun ne se sente pas seul dans les moments difficiles. Lorsqu'un travailleur est victime d'un accident du travail, perd son emploi, lorsqu'une famille est en difficulté à cause d'un incident, c'est le syndicat qui se mobilise pour appeler, partager et collecter chaque centime.
J'ai un ami qui travaille dans une zone franche industrielle. Il m'a raconté qu'il avait fait des heures supplémentaires presque jusqu'à l'aube, épuisé, et qu'il voulait juste retourner se reposer dans sa chambre louée. Cependant, lorsqu'il a appris que son collègue de la même pension était gravement malade, les membres du syndicat ont frappé à toutes les portes pour demander des dons. « Ils ne sont pas riches, mais tout le monde est prêt à ouvrir son porte-monnaie. Parce que tout le monde comprend qu'aujourd'hui c'est eux, demain ce pourrait être nous. » Mon ami a dit ça. C'était déchirant à entendre.
Le 28 juillet est donc non seulement un jalon historique marquant la naissance du Syndicat vietnamien il y a 95 ans (1929-2024), mais aussi une journée où les travailleurs s'interrogent sur eux-mêmes : qui les protège et sont-ils prêts à tendre la main pour protéger quelqu'un ? Des repas collectifs plus complets, des bus moins bondés pour le retour des travailleurs chez eux pour le Têt, la scolarisation des enfants à l'âge requis, l'obtention de bourses : autant de choses, aussi petites soient-elles, qui naissent de cet esprit de solidarité.
Quelqu'un a demandé : « À l'ère de la technologie, où les machines remplacent les humains, à quoi ressemblera le syndicat dans le futur ? » Je pense que les machines peuvent faire le travail à la place des humains, mais elles ne peuvent remplacer des mains chaleureuses et des cœurs touchants. Tant qu'il y aura des travailleurs, que la sueur coulera dans les usines, que les larmes couleront sur les joues des mères attendant leurs enfants les nuits pluvieuses, le syndicat aura toujours sa raison d'être. La forme d'organisation sera peut-être différente, le mode de fonctionnement plus moderne et plus flexible. Mais le sens profond – l'esprit de solidarité, la protection des droits et le partage de l'amour – ne s'effacera pas.
J'ai vu la joie briller sur les visages hâlés des ouvriers du bâtiment qui partageaient des repas gratuits. J'ai vu le regard reconnaissant de la femme d'un ouvrier lorsque son mari a eu un accident et que le syndicat l'a rapidement aidé à payer ses frais d'hôpital. J'ai aussi vu, par des nuits d'orage, des membres du syndicat, imperméables et lampes de poche, patauger dans l'eau pour distribuer des secours aux travailleurs dans les zones inondées. Là-bas, le syndicat n'est pas un inconnu. Le syndicat, c'est nous : des gens qui savent se tenir la main.
Chaque année, à l'approche du 28 juillet, je feuillette de vieilles photos de mon père. Celle où il tient un certificat de mérite syndical, debout parmi ses collègues aux cheveux verts. Aujourd'hui, ses cheveux sont gris, ses amis sont dispersés, mais le livret syndical de cette année-là est toujours précieusement conservé par ma mère dans une vieille boîte en bois. C'est comme un souvenir, racontant non seulement l'histoire d'un travailleur, mais aussi celle de toute une génération qui a vécu et cru au pouvoir du collectif.
Dans le rythme effréné de la vie actuelle, où les gens se croisent sans cesse avec des SMS indifférents, j'espère encore que des journées comme le 28 juillet resteront gravées dans nos mémoires. Pour que chacun de nous comprenne que derrière une entreprise, une usine, un atelier… se cachent d'innombrables destins, d'innombrables petits rêves qui se transforment en grandes choses. Et si quelqu'un demande : « Qu'est-ce que l'Union a ? » Souriez : « L'Union a tendu la main, chaleureuse et protectrice. »
Le 28 juillet, jour de l'union. Le jour où nous croyons en une chose simple : avec humanité et solidarité, personne ne sera laissé pour compte.
Duc Anh
Source : https://baolongan.vn/mua-noi-nhung-ban-tay-a199529.html
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