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Modifier les pratiques agricoles pour restaurer la nature peut également garantir la sécurité alimentaire. C'est ce que les agriculteurs des pays européens tentent de faire.
Un jardin de colza captant l'azote en France. Photo : INRAE |
Le système alimentaire actuel en Europe est peut-être très efficace, mais il n’est pas suffisamment durable car les pratiques agricoles intensives contribuent à la perte de biodiversité, à la pollution des sols, de l’air et de l’eau… Par exemple, les pratiques agricoles en Normandie, dans le nord de la France, contiennent encore des niveaux élevés de pesticides chimiques, d’herbicides et d’engrais.
Pour changer cela, l'agriculteur français Emmanuel Drique a réussi sa transition de l'agriculture intensive vers l'agriculture biologique. « Traditionnellement, on plante du blé après le lin, mais je ne fais pas ça, je plante du colza. C'est une plante qui capte l'azote à l'automne, réduisant ainsi l'utilisation d'azote chimique pour la culture suivante », explique Emmanuel Drique. Charles Hervé-Gruyer, agriculteur français et pionnier de la permaculture à la tête d'une petite ferme biologique, indique que plus de dix programmes de recherche scientifique ont été menés sur son exploitation. La première étude d'envergure a duré quatre ans, avec un rendement de 55 €/ m² de légumes plantés entièrement à la main, soit dix fois plus qu'un jardinage biologique avec un tracteur. La fertilité des parcelles auparavant cultivées intensivement a rapidement augmenté, et davantage de terres sont devenues disponibles pour planter des arbres, creuser des étangs et élever du bétail.
Plus de la moitié des terres européennes sont en mauvais état, ce qui explique le projet de loi européen majeur sur la surveillance des sols proposé cet été. La législation agricole européenne s'oriente vers des systèmes alimentaires durables, les politiques agricoles axées sur l'équilibre naturel étant une priorité. Bertrand Omon, agronome, affirme que les autorités compétentes doivent encourager sans délai une transition vers d'autres modèles. « Si nous pouvions mettre en œuvre l'agroécologie à l'échelle mondiale, cela pourrait nous aider à éliminer un tiers des émissions de l'atmosphère. »
Saara Kankaanrinta et Ilkka Herlin, propriétaires de la ferme Qvidja et cofondateurs du Groupe d'action nordique pour la mer Baltique, travaillent avec les scientifiques de la ferme pour régénérer les sols endommagés par l'agriculture intensive. À la ferme pilote de Qvidja, de nombreux animaux contribuent à améliorer la structure du sol. « Cette mer était autrefois l'une des plus polluées au monde. Cela signifie qu'il y a beaucoup d'excès d'azote et de phosphore dans l'eau de mer. Pour stopper le ruissellement des champs, il est nécessaire d'avoir une structure de sol adaptée. Et la meilleure façon de régénérer la structure du sol est de minimiser sa perturbation, notamment le labour intensif. » De plus, plus il y a de vie sous terre, moins il y a de carbone dans l'atmosphère.
L'agroécologie offre des solutions aux grands défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, tels que la sécurité alimentaire, le changement climatique, la perte de biodiversité et l'épuisement des ressources naturelles. Plusieurs techniques agroécologiques permettent d'assurer de bons niveaux de production tout en réduisant l'utilisation d'intrants et en préservant les terres et les ressources en eau. L'une de ces techniques est la lutte biologique, qui limite la prévalence des maladies et des ravageurs en utilisant leurs ennemis naturels.
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