Le ministère chinois du Commerce a déclaré le 3 juillet que deux minéraux, le gallium et le germanium, ainsi que plus de 30 métaux et autres matériaux connexes (matières premières essentielles pour la production de semi-conducteurs et d'appareils électroniques), seront soumis à des contrôles à l'exportation à partir du 1er août.
Selon le ministère chinois du Commerce, les contrôles à l’exportation des produits liés au gallium et au germanium sont nécessaires « pour protéger la sécurité et les intérêts nationaux ».
Les exportateurs devront demander une licence au ministère du Commerce s'ils souhaitent commencer ou continuer à expédier des marchandises à l'étranger et devront déclarer les détails de leurs clients étrangers, ainsi que la manière dont ils utilisent les métaux.
En outre, les exportations d'articles ayant un impact significatif sur la sécurité nationale répertoriés dans l'avis du ministère nécessiteront l'approbation du Conseil d'État, le cabinet chinois.
"But contre son camp"
Les nouvelles restrictions sur le gallium et le germanium affectent les métaux spéciaux produits et raffinés principalement en Chine, ce qui confère au pays un avantage concurrentiel dans plusieurs secteurs de pointe. Aucun de ces deux métaux n'est commercialisé en grandes quantités, mais tous deux ont des applications importantes dans des secteurs spécifiques, notamment la fabrication de semi-conducteurs.
Le gallium et le germanium figurent tous deux parmi les 50 minéraux que l’U.S. Geological Survey considère comme « critiques », ce qui signifie qu’ils sont essentiels à l’ économie américaine ou à la sécurité nationale et qu’ils ont des chaînes d’approvisionnement vulnérables aux perturbations.
La Chine est le premier producteur mondial de gallium et de germanium, donc toute réduction de sa production pourrait potentiellement ralentir la production ou augmenter les prix pour les fabricants et leurs clients dans les secteurs de la technologie, des télécommunications, de l'énergie et de l'automobile, selon l'agence.
Le gallium est utilisé dans les semi-conducteurs composites, qui permettent aux appareils de fonctionner plus rapidement tout en consommant moins d'énergie. Ce métal est également utilisé dans les équipements militaires , comme le germanium. Photo : Financial Times
Cependant, ces métaux ne sont ni particulièrement rares ni difficiles à trouver, même si la Chine les vend à bas prix alors que leur coût d'extraction est relativement élevé. Ces deux métaux sont des sous-produits de la transformation d'autres matières premières comme le charbon et la bauxite (essentiels à la fabrication de l'aluminium). Lorsque l'offre limitée fait grimper les prix, produire ces métaux ailleurs n'est pas trop difficile.
« Quand ils ont arrêté de baisser les prix, il est soudain devenu plus viable d'exploiter ces métaux en Occident, et la Chine a marqué contre son camp », a déclaré Christopher Ecclestone, stratège à la banque d'investissement Hallgarten & Co, basée à New York.
« Pendant une courte période, ils seront plus chers, mais la Chine perdra ensuite sa domination sur le marché. Le même phénomène s'est déjà produit avec d'autres produits comme l'antimoine, le tungstène et les terres rares », a déclaré M. Ecclestone.
Certaines entreprises chinoises craignent également que les contrôles à l'exportation ne se retournent contre elles. « Cela pourrait nuire à l'activité des fabricants chinois pendant la crise économique, mais l'impact sur le marché international à court terme est limité », a déclaré le directeur d'une entreprise chinoise de semi-conducteurs.
« Réciproquement »
La décision de la Chine intervient après que les Pays-Bas ont annoncé le 30 juin de nouveaux contrôles à l'exportation sur les équipements de fabrication de puces électroniques de pointe, ajoutant de l'huile sur le feu aux efforts de Washington pour limiter les capacités de fabrication de puces électroniques de la Chine.
Les entreprises néerlandaises, dont ASML - l'un des plus importants fabricants de machines à semi-conducteurs au monde - devront demander des permis pour exporter certains équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés à l'étranger.
Les contrôles aux Pays-Bas, nominalement un « pays neutre », entreront en vigueur à partir du 1er septembre.
L'annonce néerlandaise est intervenue peu de temps après que les médias ont rapporté que les États-Unis envisageaient de nouvelles restrictions pour empêcher les principales sociétés de puces telles que Nvidia et AMD d'exporter des puces d'intelligence artificielle (IA) vers la Chine.
La Chine a déclaré qu’il s’agissait d’« un abus des mesures de contrôle des exportations et d’une grave violation des règles du libre-échange et du commerce international ».
Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, notamment dans le secteur des semi-conducteurs, devraient être au cœur de la prochaine visite de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, en Chine. Photo : NY Times
La réponse la plus visible de Pékin aux attaques contre son secteur technologique jusqu'à présent a été sa décision en mai d'interdire l'utilisation des produits du fabricant américain de puces mémoire Micron dans les « infrastructures nationales critiques », invoquant des risques de sécurité.
La Chine lutte pour sa domination technologique dans tous les domaines, de l'informatique quantique à l'intelligence artificielle en passant par la fabrication de puces. Les États-Unis ont pris des mesures de plus en plus strictes pour empêcher la Chine de prendre l'avantage et exhortent leurs alliés européens et asiatiques à faire de même.
Avant les Pays-Bas, le Japon a également ajouté 23 pays à la liste des pays nécessitant des licences d'exportation, à l'exception des exportations vers 42 pays et territoires identifiés comme « amis ».
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis s'intensifient, chaque partie imposant de plus en plus de restrictions à l'exportation visant à ralentir les industries de haute technologie de l'autre.
Ces mesures ont été un sujet majeur lors des discussions de haut niveau entre les deux gouvernements et devraient être discutées par la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen lors de sa visite à Pékin cette semaine .
Nguyen Tuyet (selon le WSJ, Bloomberg, SCMP, Financial Times)
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