L'essor du tourisme en Antarctique

L’écosystème fragile de l’hémisphère sud est vulnérable à l’augmentation rapide du nombre de touristes.

Selon l'Association internationale des voyagistes de l'Antarctique (IAATO), la terre la plus australe du monde a enregistré un nombre record de visiteurs en 2022-2023, avec 105 331 personnes. Plus tôt cet été, environ 32 730 personnes sont arrivées par bateau de croisière et 71 258 touristes sont repartis. Les experts prévoient que le nombre de visiteurs continuera d'augmenter dans les années à venir.

Ianenkov, ingénieur et propriétaire d'une boutique de souvenirs à la station de recherche antarctique de Bellingshausen, explique que sa petite boutique, située à l'extrême sud du globe, est bondée de touristes ces derniers temps. On y trouve des souvenirs comme des aimants pour réfrigérateur, des porte-clés à 5 dollars et des chapeaux doublés de fourrure à 100 dollars. Ianenkov explique que ses collègues et lui dépendent fortement des touristes fortunés en Antarctique, qui dépensent en moyenne 12 700 dollars par voyage.

Un bateau touristique arrive sur l'île du Roi-George. Photo : Sean Smith/The Guardian.

Certains viennent pour la recherche scientifique , tandis que d'autres sont des touristes qui viennent faire de l'escalade sur glace, du ski ou des tours en hélicoptère. Le tourisme en Antarctique est considéré comme une destination pour les plus aisés. Parmi les touristes qui ont visité le continent au début de l'été, plus de la moitié venaient des États-Unis, suivis d'Australie, d'Allemagne et du Royaume-Uni.

Les voyageurs dépensent beaucoup d'argent pour se rendre en Antarctique, que ce soit pour l'avion, les vêtements, l'équipement ou les vaccins. De plus, ce pays offre des expériences uniques, hors du commun. Les visiteurs peuvent admirer des icebergs surréalistes, observer de près la faune des régions froides et visiter la baie de Fildes depuis la plateforme d'atterrissage de l'armée de l'air chilienne. L'hémisphère sud attire principalement les visiteurs en été, lorsque le temps est moins glacial. De plus, de nombreux touristes aiment la voile et la plongée avec tuba dans le froid glacial de l'océan Austral.

Le Dr Daniela Liggett, professeure associée à l'Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande, qui étudie la gestion du tourisme en Antarctique, a déclaré que l'impact de l'augmentation du tourisme sur l'environnement antarctique était considérable. Le tourisme est saisonnier et les écosystèmes polaires fragiles doivent faire face à une forte affluence de visiteurs en été et à une baisse brutale en hiver.

« Pendant la haute saison, la baie de Fildes peut facilement devenir surpeuplée avec de longues files de bateaux touristiques, des déversements de carburant et des collisions entre la vie marine et certains sites historiques sont même tagués », a déclaré Liggett.

Des chercheurs ont constaté que la neige des zones touristiques présentait des concentrations plus élevées de carbone noir en raison des émissions des navires. Cela a accéléré la fonte des glaces. On estime que l'augmentation du tourisme a eu un impact significatif, entraînant la fonte d'environ 75 tonnes de neige en Antarctique entre 2016 et 2020.

Le biologiste chilien Luis Miguel Pardo a déclaré que de nombreux touristes savent que l'Antarctique apporte des bénéfices économiques grâce à son industrie sans fumée. Cependant, il a également exprimé son inquiétude quant au risque d'introduction d'espèces exotiques lorsque cette terre inhabitée est constamment visitée.

Plusieurs espèces exotiques sont déjà apparues sur la péninsule, et le changement climatique et la hausse des températures entraîneront des conséquences négatives à l’avenir.

Les éléphants de mer vivent en Antarctique. Photo : Sean Smith/The Guardian.

Le tourisme en Antarctique a commencé dans les années 1950. En 1991, l'organisation IAATO a été créée pour promouvoir un tourisme sûr et respectueux de l'environnement au pôle Sud.

L'IAATO établit des directives strictes concernant la protection des habitats fauniques et l'élimination des déchets pour éviter d'endommager la végétation ou d'introduire des espèces envahissantes en Antarctique.

En 1959, le Système du Traité sur l'Antarctique (STA) a été établi, doté d'une valeur juridique contraignante pour réglementer les relations internationales entre les pays concernant le seul continent sur Terre où aucun peuple autochtone n'y vit.

Le défi pour l'ATS en Antarctique réside dans le fait qu'elle n'a pas encore accepté de limiter l'ampleur d'une industrie touristique en pleine expansion. La plupart des activités restent autorisées et le nombre de touristes autorisés à visiter l'Antarctique n'est pas limité chaque année.

Bich Phuong

Selon The Guardian

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