Des inquiétudes apparaissent face au déclin rapide du marché des obligations d'entreprises, qui a reculé d'un tiers ces dernières années, d'autant plus que de plus en plus d'entreprises, confrontées à des difficultés d'émission, se tournent vers les prêts bancaires. Cette situation pourrait engendrer des risques majeurs en termes de maturité et de liquidité pour le système bancaire.
Des inquiétudes apparaissent face au déclin rapide du marché des obligations d'entreprises, qui a reculé d'un tiers ces dernières années, d'autant plus que de plus en plus d'entreprises, confrontées à des difficultés d'émission, se tournent vers les prêts bancaires. Cette situation pourrait engendrer des risques majeurs en termes de maturité et de liquidité pour le système bancaire.
Après une période de forte croissance, avec un taux de croissance moyen de 45 % par an sur la période 2018-2021, le marché des obligations d'entreprises vietnamiennes a brutalement chuté à partir de 2022 en raison de changements dans l'environnement des affaires, du cadre juridique et de certains incidents liés à des violations des réglementations d'émission. L'encours total de la dette obligataire d'entreprises s'élève actuellement à environ 1 million de milliards de VND, soit 10 % du PIB, en forte baisse par rapport aux 15 % du PIB de 2022. Ce chiffre est très faible comparé à celui de pays de la région comme la Malaisie (54 % du PIB), Singapour (25 %) et la Thaïlande (27 %).
Le déclin rapide du marché obligataire a amené la Commission économique de l'Assemblée nationale à exprimer une série d'inquiétudes dans son récent rapport d'évaluation socio-économique. En réalité, l'inquiétude du marché s'explique non seulement par la réduction des émissions, mais aussi par une série d'autres facteurs.
Premièrement, la structure des émissions n'est pas raisonnable : les émissions privées représentent près de 90 %, tandis que les obligations émises au public ne représentent que plus de 10 %. Ce chiffre montre que la transparence du marché est problématique. De plus, le faible volume d'obligations émises au public limite également la capacité des entreprises à accéder aux capitaux des investisseurs publics.
Deuxièmement, le marché obligataire devient progressivement un « terrain de jeu » pour les institutions financières, au lieu de devenir un canal officiel de mobilisation de capitaux pour les entreprises.
Plus précisément, en septembre 2024, plus de 80 % des obligations émises provenaient des banques, les quelques autres provenaient d’entreprises immobilières et de services et presque aucune entreprise manufacturière n’a participé à la mobilisation de capitaux obligataires.
Troisièmement, la durée des obligations est trop courte (généralement inférieure à 5 ans), ce qui crée une forte pression sur les entreprises et ne convient pas aux besoins en capitaux à long terme pour les projets d’infrastructure et le développement économique.
Quatrièmement, le marché obligataire manque encore de transparence, les investisseurs étant perçus comme des « passants aveugles ». La plupart des obligations du marché ne sont pas notées, et bien que la Commission des valeurs mobilières de l'État exige des entreprises qu'elles divulguent des informations, le niveau et la qualité de ces informations restent précaires.
Cinquièmement, le marché obligataire manque d’outils pour mesurer le risque et évaluer la possibilité d’un défaut de paiement des obligations, ce qui rend les investisseurs – en particulier les investisseurs étrangers – réticents à investir.
Plus inquiétant encore, le montant des nouvelles émissions obligataires a diminué de moitié par rapport à la période de pointe et est bien inférieur à la demande de capitaux à moyen et long terme des entreprises. Cette situation exerce une nouvelle pression sur le système bancaire. Actuellement, les banques mobilisent principalement des capitaux à court terme, mais doivent répondre à une forte demande de capitaux à moyen et long terme, ce qui entraîne des risques constants d'échéance et de liquidité.
Le ratio crédit/PIB du Vietnam est parmi les plus élevés au monde et a été mis en garde à plusieurs reprises par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Cependant, le déclin du marché obligataire a rendu les entreprises de plus en plus dépendantes du crédit. Par conséquent, ce ratio a non seulement diminué, mais a eu tendance à augmenter ces dernières années.
Si en 2021, le ratio crédit/PIB du Vietnam était de 123 %, il avoisinait les 125 % fin 2022, puis 132,7 % fin 2023. Moody's, l'agence de notation mondiale leader dans l'évaluation du risque de crédit, estime que ce ratio représente un risque potentiel d'instabilité pour la macroéconomie vietnamienne.
Récemment, le ministère des Finances a pris de nombreuses mesures pour resserrer le marché obligataire, en édictant une série de réglementations plus strictes. Cependant, l'opérateur n'a pas encore trouvé de solutions efficaces pour le relancer. Dans le projet de loi modifiant sept lois soumis à l'Assemblée nationale lors de cette session, le ministère des Finances (l'organisme de rédaction) entend écarter les investisseurs individuels du marché obligataire privé afin d'éviter les risques. Cette question est controversée, car elle réduira encore davantage la liquidité du marché obligataire, notamment en l'absence de mécanisme ou de politique véritablement efficace pour attirer les investisseurs institutionnels.
De toute évidence, le déclin du marché des obligations d’entreprises pose un défi majeur pour répondre aux besoins en capitaux à moyen et long terme de l’économie, en particulier dans le contexte où l’économie a d’énormes besoins en capitaux pour le développement des infrastructures, l’immobilier, d’autres secteurs manufacturiers et pour soutenir la transition vers les énergies vertes.
Dans ce contexte, il est urgent de trouver des solutions pour regagner la confiance des investisseurs et contribuer à la reprise et au développement durable du marché obligataire. Cela nécessite des efforts concertés de la part des organismes de réglementation, des institutions financières et des émetteurs obligataires eux-mêmes.
Source : https://baodautu.vn/vuc-day-thi-truong-trai-phieu-d228248.html
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