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| Le géant nucléaire russe annonce un mégaprojet d'uranium. Que prévoit Rosatom en Afrique ? (Source : aa.com) |
La société d'État russe d'énergie nucléaire Rosatom prévoit de produire environ 3 000 tonnes d'uranium d'ici 2029, créant ainsi de nombreux emplois en Afrique du Sud-Est.
Rosatom vient d'annoncer son intention de commencer l'exploitation de l'uranium en Namibie en 2029. « Nous prévoyons de terminer les travaux d'exploration en 2026 et de commencer l'exploitation de l'uranium en 2029 avec une période d'exploitation de plus de 25 ans », a déclaré un représentant de Rosatom aux médias.
Rosatom utilisera Headspring Investments - une entité qui possède une composante d'extraction d'uranium et détient Uranium One Group - pour démarrer le processus d'exploration en Namibie - qui « possède » jusqu'à 7% des réserves mondiales d'uranium.
L'entreprise publique russe a déclaré que ses projets en Namibie créeraient de nombreux emplois dans le sud-ouest de l'Afrique, puisqu'ils emploieraient directement environ 600 personnes. Les projets de Rosatom devraient également stimuler le PIB du pays africain d'environ 1 à 2 % par an.
En outre, les représentants de Rosatom ont annoncé qu'ils lanceraient des essais pilotes d'extraction et de traitement de cet élément précieux en Tanzanie de 2023 à 2025.
En Tanzanie, Rosatom met en œuvre le projet Mkuju River avec la mine de Nyota, l'une des plus grandes au monde avec 152 millions de tonnes de réserves de minerai. La phase pilote de production permettra de produire 5 tonnes de yellowcake, une poudre de concentré d'uranium obtenue à partir de solutions de lixiviation, étape intermédiaire du traitement du minerai d'uranium. L'objectif de la phase pilote est d'environ 3 000 tonnes de yellowcake par an.
En 2022, la Société nationale russe d'énergie nucléaire a extrait environ 7 000 tonnes d'uranium, dont 4 500 tonnes ont été produites par Uranium One Group.
Rosatom est également le premier constructeur et exploitant étranger de centrales nucléaires au monde, avec une part de marché de 74 % dans le secteur. Trente-sept pour cent des réacteurs nucléaires en construction dans le monde sont construits par des entreprises russes, l'entreprise s'associant et investissant dans des projets répartis dans le monde entier, de l'Amérique latine à l'Asie de l'Est.
Rosatom a longtemps été considéré comme le « symbole » du monopole russe sur l'énergie nucléaire, voire comme « intouchable » à cette époque. L'entreprise moscovite s'impose désormais comme le premier exportateur et le premier producteur d'uranium enrichi du marché, ainsi que comme le partenaire le plus important et le plus expérimenté dans la construction et l'exploitation de centrales nucléaires à travers le monde.
Les experts affirment que, malgré les tensions entre l'Occident et Moscou, Rosatom reste « protégée » en raison de son rôle vital dans l'énergie nucléaire mondiale et de son impossibilité de remplacement. Preuve concrète : depuis le lancement par Moscou d'une opération militaire spéciale en Ukraine (février 2022), des entités et de nombreux individus russes ont été soumis à onze trains de sanctions de l'Union européenne (UE), mais l'industrie nucléaire et Rosatom, en particulier, ne figurent toujours pas sur la liste des sanctions.
En réalité, l'énergie nucléaire demeure une option nécessaire pour répondre à la demande énergétique mondiale croissante, alors que les sources d'énergie fossiles s'épuisent progressivement. Avec le développement de la technologie nucléaire et la demande croissante d'énergie propre, l'extraction et le traitement de l'uranium continuent de se développer dans le monde, offrant de nombreuses perspectives d'avenir.
Parallèlement, Rosatom est le principal exportateur de combustible nucléaire sur le marché mondial. En 2021, les États-Unis dépendent encore du monopole nucléaire russe pour 14 % de l'uranium qu'ils fournissent à leurs réacteurs nucléaires. Rosatom fournit également des services d'enrichissement de combustible, qui représentent 28 % des besoins américains. La quasi-totalité du combustible utilisé par les petits réacteurs nucléaires modulaires aux États-Unis est également russe.
Les pays européens achètent également près d'un cinquième de leurs besoins en combustible nucléaire à Rosatom. L'UE a peu progressé depuis qu'elle a abandonné l'industrie nucléaire russe, a déclaré Dorfman.
Les entreprises russes ont construit de nombreuses centrales nucléaires à travers le monde et, dans certains cas, en ont financé la construction. Récemment, dans le cadre du projet de centrale nucléaire d'Akkuyu (Turquie), Rosatom a mis en œuvre une nouvelle forme de coopération en matière d'investissement : un financement intégral et un engagement à exploiter la centrale tout au long de son cycle de vie.
Fin 2021, près d'un cinquième des centrales nucléaires mondiales se trouvaient en Russie ou avaient été construites par ce pays. Rosatom construit actuellement 15 centrales supplémentaires hors de Russie, selon le Centre de politique énergétique mondiale de l'Université Columbia.
L'« avantage » de l'énergie nucléaire fait que de nombreux pays dans le monde non seulement hésitent à y renoncer rapidement, mais continuent aussi résolument à y investir. De ce fait, la « dépendance intrinsèque » envers les fournisseurs russes est difficile à éliminer. Les experts estiment qu'il faudra de nombreuses années pour trouver de nouveaux fournisseurs susceptibles de remplacer Rosatom dans l'industrie nucléaire mondiale.
Pendant ce temps, de nombreux pays sont toujours impatients de construire prochainement leur première centrale nucléaire. Compte tenu notamment de la forte demande en Afrique et en Asie, Rosatom disposerait de ressources largement suffisantes pour assurer un avenir prometteur aux exportations d'énergie. Rosatom continuera donc de générer des revenus importants, et l'influence du Kremlin sera consolidée pour les décennies à venir grâce à une nouvelle génération de clients.
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