Contenu du projet de budget du Premier ministre Michel Barnier
Le 10 octobre, le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier a présenté le projet de budget 2025 de la France, qui comprend des mesures d'austérité drastiques avec pour objectif de réduire les dépenses de 60,6 milliards d'euros d'ici 2025, soit l'équivalent de 2 % du PIB français.
Cela est jugé nécessaire car en juin, la Commission européenne a lancé des sanctions contre la France et six autres pays de l'UE, dont l'Italie et la Belgique, en raison de leurs déficits budgétaires excessifs. Selon les règles financières de l'UE, le déséquilibre du budget national ne doit pas dépasser 3 % du PIB et la dette publique ne doit pas dépasser 60 %. En France, le déficit budgétaire, selon les estimations du ministère de l'Intérieur du pays, s'élève à près de 6,1 % du PIB et la dette publique a augmenté à 110 % (environ 3 100 milliards d'euros).
Paris était censé soumettre son projet de budget à Bruxelles avant le 20 septembre. Cependant, après que les élections législatives françaises de l'été se soient soldées par la défaite des partisans du président Emmanuel Macron, la France est restée deux mois sans nouveau cabinet - le dernier gouvernement n'a été formé que le 22 septembre. À cet égard, la France a demandé à la Commission européenne un délai.
Le Premier ministre français Michel Barnier. Photo : Reuters
Selon ce plan, la France économisera 40 milliards d'euros en réduisant les dépenses publiques et en attirera 20 autres en augmentant les impôts sur les grandes entreprises et les Français fortunés (un minimum de 20 % pour les personnes gagnant 250 000 euros par an ou les couples, soit le double). Selon les estimations du gouvernement français, cette mesure touchera 65 000 personnes et environ 440 grandes entreprises.
Le gouvernement français estime que ces initiatives n'affecteront pas la grande majorité de la classe moyenne et n'entraîneront pas de récession économique. « Ces mesures fiscales n'affecteront pas les personnes à faibles revenus, les classes moyennes et les travailleurs. C'est une voie qui élimine toute menace de mesures fiscales ou d'austérité. Il n'y a aucune ambiguïté là-dessus. Nous n'améliorerons pas la situation budgétaire de l'État en détruisant la croissance », a déclaré le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, le 10 octobre.
Toutefois, les mesures d'austérité pourraient toucher des secteurs très sensibles pour les Français. Le gouvernement français a notamment proposé de réduire les dépenses de santé de 3,8 milliards d'euros et de reporter la hausse des retraites malgré la hausse de l'inflation. Le cabinet a également proposé de réduire les salaires des fonctionnaires et de diminuer les dépenses totales des collectivités locales d'environ 5 milliards d'euros.
Le ministre du Budget, Saint-Martin, a expliqué qu'il prévoyait la suppression progressive des mesures de protection sociale mises en place pendant la pandémie, notamment le "bouclier tarifaire", destiné à empêcher une augmentation des prix de l'électricité pour les plus pauvres de France.
Les mesures d'austérité n'affecteront toutefois pas le secteur de la défense. Les dépenses militaires françaises pourraient augmenter de 3,3 milliards d'euros l'an prochain, selon les prévisions du gouvernement, et atteindre 2 % du PIB. Selon l'AFP, les dépenses d'armement devraient augmenter de 16 % pour atteindre 10,6 milliards d'euros, tandis que le financement de la dissuasion nucléaire pourrait atteindre 7 milliards d'euros, en hausse de 8 % par rapport à 2024.
Selon les plans du gouvernement français, les nouvelles mesures contribueront à réduire le déficit budgétaire à 148 milliards d'euros - les recettes budgétaires totales l'année prochaine seront de 536 milliards d'euros et les dépenses seront de 684 milliards d'euros.
La politique française face à l’instabilité ?
Les propositions de réduction du déficit budgétaire présentées par le cabinet du Premier ministre Michel Barnier comportent des risques politiques élevés. Le Monde souligne que le gouvernement a été critiqué par toutes les forces politiques françaises, même si le déficit incontrôlable et la dette publique croissante sont directement liés à l'incapacité du gouvernement à financer adéquatement ses obligations sociales.
La loi de finances devrait être adoptée avant la fin de l'année. Si le gouvernement français ne parvient pas à obtenir la majorité au sein d'un Parlement divisé, il devra invoquer l'article 49.3 de la Constitution, qui autorise l'adoption de projets de loi sans vote au Parlement, ce qui pourrait entraîner une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier.
En fait, peu après son entrée en fonction, le Premier ministre Michel Barnier a dû faire face à sa première attaque virulente de la gauche. Le 8 octobre, le gouvernement du nouveau Premier ministre Michel Barnier a survécu à la première motion de censure de l'Assemblée nationale française, suite à une pétition déposée par des députés de gauche.
« Il s'agit du plan d'austérité le plus drastique que le pays ait jamais connu », a déclaré Manuel Bompard, député du parti d'extrême gauche Invictus (LFI) et président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Il estime que les nouvelles mesures ralentiront la croissance économique et aggraveront la pauvreté en France.
De son côté, Jean-Philippe Tanguy, porte-parole du Front national (RN), a qualifié le projet du Premier ministre Michel Barnier de « mauvaise initiative ». « Nous ne constatons qu'une injustice financière et aucune amélioration durable de la situation financière du pays », a-t-il déclaré. Le RN a rejeté la proposition du gouvernement Barnier de reporter de six mois la réforme des retraites afin d'économiser 4 milliards d'euros.
Pavel Timofeev, expert à l'Institut d'économie internationale et de relations extérieures (IMEMO) de l'Académie des sciences de Russie, estime qu'il est trop tôt pour dire si l'extrême droite soutiendra les initiatives de la gauche visant à renverser le gouvernement Barnier. « Bien que la droite ne soit pas satisfaite des mesures de réduction du déficit proposées par le gouvernement, l'effondrement du cabinet de Michel Barnier, un homme politique de droite, ne joue pas en sa faveur. Il est très probable que le RN de Mme Le Pen continue de soutenir Michel Barnier comme solution temporaire », a-t-il déclaré.
L'expert reconnaît que le nouveau Premier ministre français se trouve dans une situation extrêmement difficile : les mesures financières qu'il propose risquent de provoquer une vague de protestations. « Cependant, même si la gauche parvient à mobiliser les citoyens, il est difficile de dire si elle atteindra ses objectifs. Il ne faut pas oublier qu'une vaste campagne a été lancée contre la réforme relative au relèvement de l'âge de la retraite. Or, le président Macron a tenté de promouvoir cette initiative », a noté Timofeev.
Selon lui, le sort du cabinet du Premier ministre Michel Barnier dépendra en grande partie de sa capacité à expliquer la faisabilité des mesures d'austérité à la population et aux entreprises, ainsi qu'à établir un dialogue avec les syndicats. Comme le souligne l'expert, si les mesures annoncées de réduction du déficit ne sont pas mises en œuvre, cela affectera gravement non seulement le Premier ministre Barnier, mais aussi les partisans du président.
Le président Macron tente probablement d'utiliser la combinaison centristes-droitiers pour partager le coût de ces mesures impopulaires. Dans ce cas, Macron lui-même ne risque pas de conséquences graves, car, comme on dit, il lui suffit d'attendre 2027, date des élections présidentielles. Mais le choix des autres centristes pour prendre les rênes dépendra en grande partie de leur attitude face aux mesures prises pour réduire le déficit. Les Français s'en souviendront certainement », a averti Timofeev.
Ha Anh
Source : https://www.congluan.vn/ly-do-phap-de-xuat-thue-danh-nguoi-giau-va-that-lung-buoc-bung-post316741.html
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