La pauvreté et le chômage dans leur pays d’origine, le Népal, ont incité de nombreux soldats Gurkha à rejoindre l’armée russe et à combattre en Ukraine.
En octobre, l'Ukraine a annoncé la capture d'un soldat népalais, Bibek Khatri, qui faisait partie des parachutistes russes combattant dans le pays. Khatri a admis avoir parcouru 4 000 kilomètres depuis le Népal jusqu'en Russie pour rejoindre l'armée et combattre en Ukraine afin de gagner sa vie, alors que la population et le taux de chômage dans son pays natal explosaient.
« Ma famille rencontrait des difficultés financières, alors j'ai rejoint les forces russes comme mercenaire sur les conseils de mes amis. Je voulais retrouver ma mère en tant que personne accomplie », a déclaré Khatri.
Le manque d'opportunités d'emploi et la faiblesse des revenus sont des facteurs qui poussent de nombreux jeunes Népalais à partir à l'étranger en quête de nouvelles opportunités. Khatri n'est pas le seul militant népalais à avoir accepté des offres alléchantes de Moscou. L'ambassadeur du Népal en Russie, Raj Tuladhar, a déclaré qu'environ 150 à 200 Népalais travaillent comme mercenaires dans l'armée russe.
Des Gurkhas de l'armée britannique lors d'un exercice militaire à Cahors, en France, en mars. Photo : AFP
Les soldats népalais, aussi appelés Gurkhas, sont réputés pour leur bravoure et leur aptitude au combat. Le Népal n'autorise pas ses citoyens à servir dans des armées étrangères, à l'exception des forces britanniques et indiennes, en vertu d'un accord signé entre les trois pays. Cependant, de nombreux combattants cherchent encore à partir à l'étranger comme mercenaires, la Russie étant une destination attractive.
Les Gurkhas ne sont pas les seuls à servir à l'étranger dans l'armée russe. Le journal britannique Independent a rapporté que des mercenaires népalais rejoignent également l'armée ukrainienne pour combattre la Russie. Ces soldats pourraient affronter leurs compatriotes sur le champ de bataille.
Outre la Russie et l’Ukraine, de nombreux citoyens népalais sont également présents dans les rangs d’autres forces comme la France et les États-Unis, sans aucun accord stratégique ou bilatéral.
Selon les données des services américains de citoyenneté et d'immigration (USCIS), au moins 1 000 Népalais ont acquis la nationalité américaine en 2021 en rejoignant l'armée. L'ancien ambassadeur du Népal en France, Krishna Srastha, a déclaré en 2016 qu'au moins 300 combattants Gurkhas serviraient dans les forces armées françaises.
Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), 64 % de la population népalaise a moins de 30 ans, mais le pays enregistre un taux de chômage de plus de 19 % parmi les jeunes de 15 à 29 ans.
« Sur les 500 000 jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année, seul un cinquième environ trouve un emploi. Où iront les autres ? » s’interroge Binoj Basnyat, général de division de l’armée népalaise.
Des soldats britanniques Gurkha lors d'une cérémonie sur une base du Helmand, en Afghanistan, en 2010. Photo : AFP
L'armée indienne est l'un des principaux recruteurs de jeunes Népalais. Le service militaire est depuis longtemps considéré comme l'un des emplois les plus stables pour les jeunes hommes en Asie du Sud, leur assurant sécurité sociale et retraite.
Mais l’Inde a commencé à réduire son budget de défense, à réformer ses forces armées, à recruter des soldats Gurkhas pour des contrats de quatre ans au lieu d’un service à vie comme auparavant, et à réduire leurs avantages.
Ce remaniement a rendu l'Inde moins attractive pour les soldats Gurkha, créant un important déficit de recrutement au Népal et provoquant des tensions diplomatiques entre les deux pays. Le gouvernement népalais a critiqué l'Inde pour ne pas l'avoir informé ni consulté avant la mise en œuvre de ces changements.
Lorsque la Russie a annoncé que les citoyens étrangers ayant servi dans l’armée pendant un an seraient prioritaires dans le traitement de leurs demandes de citoyenneté, de nombreux Népalais ont fait la queue pour déposer leur demande.
Cette demande a créé un terreau fertile pour les réseaux de trafiquants d'êtres humains qui acheminent des combattants Gurkha du Népal vers la Russie pour qu'ils s'enrôlent. La police de Katmandou, la capitale, a arrêté au moins dix personnes la semaine dernière, les accusant d'avoir facturé 9 000 dollars à chacune pour se rendre en Russie avec un visa touristique afin de s'enrôler.
Selon le Kathmandu Post , la vague de jeunes soldats népalais partant à l'étranger pour rejoindre l'armée est due à des doutes quant à leurs perspectives d'avenir dans leur pays. Malgré quelques changements progressifs dans le système politique et social au cours de la dernière décennie, le Népal n'a pas réussi à apporter un sentiment de sécurité et de stabilité à sa population, en particulier aux jeunes.
« La situation économique actuelle et le taux de chômage montrent que la jeunesse népalaise est désespérée et saisira toutes les opportunités pour partir à l'étranger », a déclaré le journal dans un article paru le 8 décembre.
Duc Trung (selon Independent, Kathmandu Post )
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