
Les réseaux sociaux seraient à l'origine de nombreux produits musicaux « indésirables ».
« Regarder de la musique » et non écouter de la musique
Avec le développement rapide des technologies, la musique évolue et propose de nouvelles façons de travailler et d'approcher le public. Le numérique a simplifié et accéléré le processus de production musicale. Les musiciens et les producteurs peuvent utiliser des logiciels et des outils numériques pour créer de la musique sur ordinateur et appareils mobiles en toute simplicité.
Ou dans le domaine de la performance, avec le soutien de la technologie, les chanteurs qui se présentent devant le public ne sont pas seulement attrayants en termes de son mais aussi en termes d'apparence, avec des effets de son et de lumière.
Le développement du numérique transforme également la manière dont le public reçoit et apprécie la musique. Au lieu d'assister à un concert, désormais, avec un simple appareil intelligent, le public peut profiter d'une variété de produits musicaux à sa guise, critiquer librement, exprimer ses opinions sur le programme et les artistes.
Cependant, outre son utilité, la technologie perturbe également les personnes concernées et le public en raison de ses conséquences. Ayant participé à la formation et à la recherche musicales pendant de nombreuses années, la professeure agrégée Nguyen Thi My Liem, de l'Université de Saïgon, a déclaré que, pour les produits musicaux, si l'on se limite à la qualité, on constate facilement que le contenu artistique et culturel, y compris les valeurs culturelles traditionnelles, peut être relégué au second plan, car la technologie a la capacité de les remplacer. Nombreux sont ceux qui « regardent » désormais la musique au lieu de l'écouter.
Mme Liem a expliqué que la technologie contribue parfois à « fausser » l'art, transformant une voix ordinaire en une voix inhabituelle, voire « extraordinaire ». Aujourd'hui, de nombreux logiciels permettent de « transformer » une voix en une voix plus riche et plus colorée. Les artistes peuvent être rassurés en studio, car la technologie permet de corriger les erreurs de hauteur et de rythme. De plus, il est possible de déchiffrer le « rythme » de la musique d'un autre auteur (musique de fond, accompagnement) pour y intégrer son propre chant et en faire… son propre produit.
« Ainsi, le talent artistique, l’émotion artistique et la virtuosité exigés de l’artiste deviennent moins nécessaires, et l’œuvre d’art perd son « âme » parce que l’artiste n’a pas à penser ou à exprimer quoi que ce soit mais s’appuie sur la technologie », a partagé Mme Liem.
Trouver la vraie valeur dans la musique
Ces dernières années, le rap est devenu un phénomène musical populaire et a dominé tous les autres genres musicaux de divertissement. Parallèlement à cette explosion, la confusion entre le vrai et le faux, comme le plagiat, la fausse musique et la parodie musicale, atteint un niveau alarmant sur Internet. Certains succès soudains alimentent même la méconnaissance du public quant à la véritable valeur de la musique.
Plus alarmants encore sont les nombreux morceaux de musique faciles à vivre, voire vulgaires et offensants qui viennent de sortir et qui ont immédiatement suscité des réactions négatives de la part du public, des médias et des chercheurs culturels. Plus récemment, « Fever » de Tlinh et Coldzy, dont le langage est lié à la problématique des « 18 ans et plus », a suscité l'indignation du public. Dans cette chanson, les deux artistes de la génération Z ont utilisé des mots offensants, crus et vulgaires, provoquant la honte chez les auditeurs… Sortie le 4 juin, après plus de trois semaines d'écoute, « Fever » a cumulé près d'un million d'écoutes et des milliers de commentaires sur YouTube. De plus, la chanson s'est répandue sur les plateformes de musique en ligne avec une forte interaction ; même sur la plateforme TikTok, « Fever » a servi de musique de fond à plus de 4 000 vidéos.
Selon le musicien Hoai An, un produit musical destiné au public doit réunir les trois étapes : compositeur, interprète et producteur. Si une seule de ces trois étapes présente un problème, le produit ne peut voir le jour. Par exemple, si un compositeur constate que sa chanson a été modifiée, il a le droit de ne pas être d'accord ; si un chanteur lit les paroles et les trouve trop vulgaires, il a le droit de ne pas chanter ; le producteur n'investira pas s'il constate que le produit n'apporte rien de positif à la vie… Cependant, certaines chansons actuelles sont négatives, de l'image aux paroles, crues, offensantes et vulgaires, ce qui peut facilement affecter les auditeurs, en particulier les jeunes sans grande expérience de la vie.
On peut dire qu'avec le soutien des technologies et des réseaux sociaux, les produits anti-art et les « poubelles culturelles » ont piqué la curiosité d'une partie de la jeunesse d'aujourd'hui. Conséquence : de nombreux artistes, conscients de l'inutilité de leurs créations, choisissent cette voie pour attirer l'attention et générer des profits.
C'est pourquoi le musicien Hoai An estime qu'en plus d'accepter la quintessence de la technologie, il est nécessaire d'ajuster la réglementation sur les sanctions, en limitant éventuellement l'âge de visionnage, en émettant des avertissements ou des retraits, en émettant des avis de violation... De plus, il est nécessaire d'augmenter le niveau des sanctions pour les produits musicaux qui utilisent un langage obscène ou des images offensantes et vulgaires, les produits qui promeuvent les maux sociaux...
De nombreux avis affirment également qu'il est difficile d'empêcher ce genre de musique sans la coopération des autorités et des producteurs. De plus, les auditeurs devraient être sélectifs afin d'exclure toute musique vulgaire, contenant des images et un langage offensants.
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