Journaliste : Le secteur fiscal promeut actuellement l’application de l’IA pour contrôler les factures électroniques et gérer les risques. À votre avis, quelle est l’efficacité de cette approche ?
Le Hong Quang, directeur général de MISA : L’application de l’IA à la gestion produit des résultats considérables, notamment en matière de gestion des risques. En effet, chaque année, des millions de factures sont émises par les entreprises et les ménages. Si le contrôle est manuel, la détection des infractions et des fraudes prend beaucoup de temps et il est facile de passer à côté d’anomalies. L’IA contribue à résoudre efficacement ce problème.
Le système d'IA peut analyser automatiquement les données de facturation en temps réel, identifier les points suspects, détecter les signes de fraude tels que : les entreprises à faible chiffre d'affaires mais émettant un grand nombre de factures de grande valeur ; les factures émises par des entreprises ayant des antécédents de violations fiscales ; les entreprises avec des transactions inhabituelles en termes de temps, de fréquence, de valeur de facture, etc.
Auparavant, les agents du fisc devaient vérifier et comparer manuellement chaque donnée pour détecter les infractions. Grâce à l'IA, le système peut désormais examiner des millions de factures en quelques secondes seulement, ce qui permet aux autorités fiscales d'émettre rapidement des avertissements et de prendre les mesures d'inspection appropriées. Cela permet non seulement de prévenir la fraude aux factures dès le départ, mais aussi de réduire les pertes budgétaires de l'État et de créer un environnement commercial plus transparent.
De plus, l'IA peut également assister les contribuables en les aidant à déclarer et à remplir leurs obligations fiscales plus facilement. Les assistants virtuels utilisant l'IA peuvent orienter les déclarations fiscales et répondre automatiquement aux politiques fiscales, aidant ainsi les entreprises à se conformer plus facilement à la réglementation sans perdre de temps à attendre les réponses des autorités fiscales.
M. Le Hong Quang, directeur général de la société par actions MISA . |
Journaliste: Pour que l’IA soit la plus efficace possible dans la gestion fiscale, quelles sont les conditions nécessaires, monsieur ?
Le Hong Quang, directeur général du MISA : Pour que l'IA devienne véritablement un outil efficace dans la gestion fiscale, nous devons nous concentrer sur trois facteurs importants :
Premièrement, perfectionner l'infrastructure de données numériques. L'IA ne peut être efficace que s'il existe un système de données complet, précis et interconnecté entre les administrations fiscales, douanières, bancaires et autres organismes concernés. Le secteur fiscal dispose actuellement d'un système de facturation électronique, mais il doit continuer à développer ses capacités de connectivité et de synchronisation des données afin que l'IA puisse mieux analyser et identifier les risques.
Deuxièmement, il faut disposer du mécanisme d'investissement adéquat. L'IA n'est pas une technologie qui peut être déployée seule, mais nécessite une stratégie d'investissement à long terme. Certains outils d'IA peuvent être utilisés gratuitement, mais pour des applications spécialisées telles que l'analyse des risques fiscaux et la détection des fraudes, il est nécessaire d'investir dans des systèmes d'IA modernes.
Actuellement, de nombreux pays ont intégré l'IA à leurs systèmes fiscaux nationaux pour contrôler les factures, prévoir les recettes et surveiller la conformité fiscale. Le Vietnam s'oriente également dans cette direction et, heureusement, la résolution n° 57-NQ/TW du 22 décembre 2024 du Politburo sur les avancées scientifiques, technologiques, d'innovation et de transformation numérique nationale a créé des conditions favorables au processus de transformation numérique et à l'application de l'IA à la gestion de l'État. L'enjeu est d'élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de l'IA adaptée aux spécificités de la gestion budgétaire et fiscale du Vietnam.
Troisièmement, en termes de facteurs humains, il est nécessaire de renforcer la formation et d'améliorer les capacités des agents du fisc. L'IA peut remplacer certaines tâches répétitives, mais les humains jouent toujours un rôle important dans l'analyse, la prise de décision et le contrôle de l'IA. Par conséquent, les agents du fisc doivent être formés à utiliser efficacement l'IA, à savoir exploiter les données et à se coordonner avec elle pour optimiser les processus de gestion.
Journaliste: L'une des préoccupations est que l'IA pourrait réduire le rôle des humains dans le secteur fiscal. Quel est votre avis à ce sujet ?
Le Hong Quang, directeur général du MISA : Actuellement, les ministères et les branches sont en cours de rationalisation, conformément à la résolution n° 18-NQ/TW du 12e Comité exécutif central, qui vise à poursuivre l'innovation et la rationalisation de l'appareil politique pour le rendre plus efficace et efficient. Cela entraîne une modification de l'échelle des opérations, du niveau central des ministères et des branches à l'appareil de gestion local. Dans un contexte de nombre limité de fonctionnaires et de charge de travail croissante, la transformation numérique et l'application de l'IA prennent une importance croissante.
Il est vrai que l'IA peut remplacer l'humain dans certaines tâches manuelles répétitives. Mais cela ne signifie pas qu'elle va mettre les gens au chômage. Au contraire, elle les aide à se concentrer sur des tâches plus importantes.
Dans le secteur financier, il est essentiel de disposer d'outils d'IA pour accompagner les fonctionnaires dans chacune de leurs tâches. Avec le développement technologique, les assistants IA sont fréquemment évoqués. Si chaque fonctionnaire dispose d'un assistant IA spécialisé pour l'aider dans son travail, la productivité et la qualité du travail seront doublées.
Par exemple, au lieu de vérifier chaque facture manuellement, les agents du fisc peuvent utiliser l'IA pour détecter les risques, puis se concentrer sur une analyse approfondie et prendre des décisions. Ainsi, l'IA ne remplace pas les agents du fisc, mais les aide à travailler plus efficacement.
De plus, l'IA ouvre de nombreuses perspectives de carrière. Avec le développement des technologies, le secteur fiscal aura besoin d'experts en données, d'ingénieurs en IA, d'analystes des risques, etc. Ces emplois contribuent non seulement à améliorer la productivité du travail, mais aussi à créer davantage de valeur pour le secteur financier et fiscal.
Cependant, l'investissement dans l'IA doit dépendre du niveau d'application. Il existe des applications gratuites, mais aussi des applications payantes qui nécessitent un investissement budgétaire plus important. Pour les agences gouvernementales, l'investissement dans l'IA nécessitera un budget approprié pour résoudre les problèmes majeurs du secteur.
En effet, à l'ère de la numérisation mondiale, la science, la technologie et l'innovation sont non seulement le moteur, mais aussi la clé du développement du Vietnam. La résolution n° 57-NQ/TW du Bureau politique affirme clairement que la science, la technologie, l'innovation et la transformation numérique sont des « avancées prioritaires » dans le nouveau modèle de croissance du pays. Il s'agit d'un fondement important, créant des conditions favorables pour les agences d'État qui appliquent l'IA à la transformation numérique, notamment dans des secteurs tels que la finance, la fiscalité et la gestion budgétaire.
Bien entendu, les agents fiscaux doivent se préparer en acquérant les connaissances et les compétences nécessaires, et surtout en apprenant à maîtriser l'IA. Seule cette maîtrise nous permettra de créer un avantage concurrentiel, d'améliorer notre efficacité au travail et de ne pas craindre d'être dépassés par cette vague technologique.
Journaliste: Merci beaucoup!
Source : https://nhandan.vn/ung-dung-ai-trong-quan-ly-thue-va-kiem-soat-rui-ro-post864975.html
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