Stratégie visant à « atténuer » l’impact des tarifs douaniers

Sumitomo lance le premier « complexe industriel du bois » aux États-Unis. Photo : woodworkingnetwork

L'objectif global est de maintenir sa part de marché, de réduire les coûts liés aux droits de douane et de renforcer les relations économiques bilatérales dans un contexte de tensions commerciales croissantes. Selon Nikkei Asia, Sumitomo Forestry Co. en est un exemple typique. En juillet 2025, l'entreprise a finalisé l'acquisition de Teal Jones Louisiana Holdings (TJLH) pour environ 29 millions de dollars, par l'intermédiaire de sa filiale Sumitomo Forestry America.

Cet accord confère non seulement à Sumitomo le contrôle direct de sa chaîne d'approvisionnement en bois aux États-Unis, mais ouvre également la voie à la construction d'un complexe industriel du bois en Louisiane. Ce complexe permettra de produire du bois recyclé à partir de déchets, réduisant ainsi la dépendance aux importations et évitant les droits de douane sur les produits du bois importés du Japon. Selon les analystes, ce modèle permet à Sumitomo de s'adapter proactivement aux fluctuations des prix des matières premières, aux pénuries de main-d'œuvre et aux politiques fiscales, tout en créant une image de développement durable.

De même, l'industrie automobile, secteur clé des relations commerciales entre les États-Unis et le Japon, s'est rapidement adaptée. Honda Motor a décidé de transférer la production de la Civic Hybrid de son usine de Saitama, au Japon, vers celle de l'Indiana, aux États-Unis, à compter de mi-2025.

Selon le Straits Times, cette mesure permet à Honda d'éviter les droits de douane de 25 % que Washington prévoit d'imposer sur les voitures importées. Ces droits de douane américains ont coûté à Honda plus de 800 millions de dollars en juin 2025.

Outre Honda, Japan Display, fournisseur d'écrans LCD pour automobiles, envisage également d'implanter des lignes de production aux États-Unis afin de maintenir sa compétitivité face à la hausse des prix des produits due aux droits de douane. Ces mesures illustrent la tendance à délocaliser la production aux États-Unis pour atténuer l'impact des droits de douane.

Outre leurs stratégies d'investissement, de nombreuses entreprises ont opté pour une solution à plus court terme : le stockage de marchandises aux États-Unis. Sony a accéléré la construction de vastes entrepôts pour stocker des produits, notamment des PlayStation et des appareils électroniques, afin de garantir un approvisionnement stable en cas d'application des nouveaux droits de douane. Suntory Holdings, une importante société japonaise de boissons, a également accru ses stocks et même ajusté sa stratégie de production : elle a transféré une partie de sa tequila du Mexique vers les États-Unis pour éviter la taxe de 25 % et envisage d'étendre le marché européen aux produits écossais. Selon l'évaluation de StreetInsider, cette mesure de stockage ne peut remplacer une stratégie à long terme, mais à court terme, elle a aidé les entreprises japonaises à maintenir leurs flux de marchandises et à stabiliser leurs parts de marché.

Selon le Wall Street Journal, dans une perspective plus large, il s'agit d'un modèle de « partage des risques » entre les entreprises et le gouvernement japonais. Tokyo a activement promu la coopération économique bilatérale, encouragé les entreprises à accroître leurs investissements aux États-Unis et accru ses importations en provenance des États-Unis afin d'équilibrer les échanges commerciaux. Ce changement n'est pas seulement une réponse, mais aussi une stratégie à long terme visant à renforcer la position du Japon sur le marché américain, tout en maintenant son engagement en faveur des objectifs de développement durable et de la stabilité des chaînes d'approvisionnement.

Selon les observateurs, ces mesures montrent que les entreprises japonaises ne choisissent pas de « s'attaquer » aux barrières tarifaires, mais s'adaptent avec souplesse grâce à de multiples solutions. De l'acquisition d'une usine de bois par Sumitomo Forestry à la transition de Honda vers la production de Civic Hybrid, en passant par la constitution de stocks de marchandises par Sony et Suntory, toutes visent à assurer un « atterrissage en douceur » de la chaîne d'approvisionnement et à protéger les intérêts à long terme.

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