La République tchèque et la Pologne fournissent une aide militaire à l'Ukraine, tandis que la Hongrie et la Slovaquie ont déclaré qu'elles n'enverraient pas d'armes à Kiev mais qu'elles étaient prêtes à apporter une aide humanitaire ou financière.
V4 = V2+V2
Le groupe de Visegrad (V4), la plus ancienne alliance politique informelle de l’UE et de l’OTAN, est profondément divisé sur les points de vue concernant la guerre en Ukraine et les approches pour résoudre le conflit.
Fondé en 1991, le groupe de Visegrád – composé de la République tchèque, de la Hongrie, de la Pologne et de la Slovaquie – est depuis longtemps une voix influente à Bruxelles. Les dirigeants de ces quatre pays, représentant ensemble 65 millions de citoyens, ont façonné la politique européenne sur des questions allant de l'immigration à l'agriculture , en passant par la politique étrangère.
Les Premiers ministres des pays du V4 (de gauche à droite) : le Premier ministre slovaque Robert Fico, le Premier ministre polonais Donald Tusk, le Premier ministre tchèque Petr Fiala et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, se rencontrent à Prague, le 27 février 2024. Photo : Polskie Radio
Mais depuis l'éclatement du conflit voisin et les changements de direction politique dans chacun de ses États membres, le groupe est dans l'impasse sur le sujet de politique étrangère le plus épineux en Europe aujourd'hui : la guerre en Ukraine. Sur ce point, la divergence est devenue si évidente qu'on pourrait dire que le V4 est désormais un V2+V2.
À cette fin, la République tchèque et la Pologne, deux des plus fervents soutiens politiques et militaires de Kiev, souhaitent fournir davantage d'armes à l'Ukraine et plus rapidement.
Pendant ce temps, à l'autre extrémité du spectre, la Hongrie et la Slovaquie refusent d'envoyer des armes à l'Est et s'opposent à une solution militaire à la guerre. Budapest et Bratislava, en particulier, ont développé une politique claire d'assouplissement des sanctions de l'UE contre la Russie, remettant en question l'intégration de l'Ukraine au bloc des 27 nations et ayant par le passé bloqué l'aide de l'UE à Kiev.
Désaccord
Plus récemment, les désaccords sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine ont été révélés publiquement lors du sommet de Visegrad, qui s'est tenu à Prague, la capitale de la République tchèque, le 27 février.
Lors de la réunion, les quatre premiers ministres – Petr Fiala de la République tchèque, Donald Tusk de la Pologne, Robert Fico de la Slovaquie et Viktor Orban de la Hongrie – ont tous condamné les actions de la Russie contre l'Ukraine et ont convenu que Kiev avait besoin d'aide.
Cependant, ils ont des points de vue différents sur ce qui a conduit à l'incursion militaire de la Russie en Ukraine et sur le type d'aide qu'ils sont prêts à fournir à ce pays d'Europe de l'Est.
Alors que la République tchèque et la Pologne sont unies dans leur soutien enthousiaste à l’Ukraine, y compris en lui fournissant des armes, la Hongrie et la Slovaquie ont un point de vue différent.
« Je pense pouvoir affirmer qu'il existe des divergences entre nous », a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala, qui présidait le sommet de Visegrad à Prague. « Je ne le cacherai pas : cela n'a aucun sens si nous avons des points de vue divergents sur les causes de l'agression russe contre l'Ukraine et sur la manière d'y remédier. »
Les dirigeants du V4 ont ouvertement exprimé leur désaccord sur de nombreux aspects de la guerre russo-ukrainienne lors du sommet de Prague, le 27 février 2024. Photo : Hungary Today
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a indiqué que Varsovie était prête à soutenir l'initiative de Prague visant à acheter des munitions indispensables à l'Ukraine auprès de pays tiers et à les livrer sur la ligne de front le plus rapidement possible.
La Slovaquie et la Hongrie ont refusé de fournir des armes et des munitions à l'Ukraine, mais n'ont pas exclu d'autres formes d'aide. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a rapidement souligné que Budapest n'était pas opposé à l'aide humanitaire ou financière, citant l'exemple des médecins hongrois qui interviennent en première ligne.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a déclaré que l'approche occidentale face à la guerre était « un échec total ». « Je ne crois pas à une solution militaire au conflit en Ukraine », a-t-il ajouté, réitérant que l'UE devait élaborer une stratégie pacifique pour cette guerre.
Le dirigeant slovaque s'oppose également aux sanctions de l'UE contre la Russie et souhaite empêcher l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN. Il a déclaré que la quantité d'armes occidentales fournies à l'Ukraine ne changerait rien à l'issue de la guerre.
« La guerre ne peut se terminer que par des négociations », a convenu M. Orban, un nationaliste, ajoutant que les pourparlers de paix devraient commencer « dès que possible ».
En fin de compte, les quatre dirigeants s'accordent sur un point concernant la guerre : aucun d'entre eux n'est disposé à envoyer des troupes combattre en Ukraine. Cela semble contredire les propos tenus par le président français Emmanuel Macron après une réunion sur l'Ukraine à Paris la veille (26 février), au cours de laquelle le dirigeant français a souligné que les pays occidentaux ne peuvent exclure l'envoi d'hommes et de femmes en uniforme à Kiev en temps de guerre .
Minh Duc (Selon Euronews, RFE/RL, European Pravda)
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