Des dizaines de milliers d’espèces exotiques causent plus de 400 milliards de dollars de dégâts chaque année et affectent gravement les écosystèmes du monde entier .
Des bateliers bangladais naviguent à travers une épaisse couche de jacinthes d'eau sur la rivière Buriganga en 2014. Photo : AFP
Les espèces invasives qui détruisent les cultures et les forêts, propagent des maladies et perturbent les écosystèmes se propagent à un rythme sans précédent dans le monde entier et les humains n'ont pas encore réussi à endiguer la marée, selon une vaste évaluation scientifique du Groupe consultatif scientifique intergouvernemental de l'ONU auprès de la Convention sur la diversité biologique (IPBES) publiée le 4 septembre. Cela cause des dommages et des pertes de revenus de plus de 400 milliards de dollars par an, soit l'équivalent du PIB du Danemark ou de la Thaïlande, et ce chiffre pourrait encore être sous-estimé, selon l'AFP.
L’évaluation recense plus de 37 000 espèces exotiques apparues loin de leur aire de répartition naturelle, un nombre en augmentation, et les dégâts ont quadruplé chaque décennie depuis 1970.
Selon l'évaluation, le développement économique , la croissance démographique et le changement climatique augmenteront la fréquence et l'ampleur des invasions biologiques, ainsi que l'impact des espèces exotiques envahissantes. Seuls 17 % des pays disposent actuellement de lois ou de réglementations pour gérer ces invasions. La propagation des espèces démontre clairement que l'activité humaine a tellement modifié les systèmes naturels qu'elle propulse la Terre vers une nouvelle ère géologique, l'Anthropocène.
De nombreuses espèces envahissantes sont délibérément introduites par l'homme. Par exemple, la jacinthe d'eau aurait été introduite comme fleur de jardin par des fonctionnaires belges au Rwanda, en Afrique de l'Est. Elle a envahi la rivière Kagera dans les années 1980 et a même recouvert 90 % du lac Victoria. Elle entrave la navigation, étouffe la vie aquatique, empêche le fonctionnement des barrages hydroélectriques et constitue un lieu de reproduction pour les moustiques.
Les Everglades en Floride, aux États-Unis, sont aux prises avec des pythons birmans invasifs de 5 mètres, des poissons-chats blancs, des fougères Lygodium microphyllum et des plants de poivrons brésiliens, descendants d'animaux de compagnie et de plantes ornementales amenés ici.
Les lapins ont été introduits en Australie et en Nouvelle-Zélande au XIXe siècle pour la chasse et l'alimentation. Cependant, ils se sont rapidement multipliés, se nourrissant de plantes locales, provoquant une dégradation de leur habitat et menaçant la survie de nombreuses espèces indigènes.
Cependant, les espèces invasives arrivent souvent sur de nouvelles terres par accident, par exemple en faisant du « stop » sur des cargos. La mer Méditerranée abrite de nombreux poissons et plantes exotiques, comme la rascasse volante et la zostère marine Caulerpa, qui migrent depuis la mer Rouge par le canal de Suez.
Les pythons birmans ont été introduits en Floride dans les années 1980. Photo : Miami Herald
Selon un nouveau rapport de l'IPBES, l'Europe et l'Amérique du Nord présentent les plus fortes concentrations d'espèces envahissantes au monde. L'important volume d'échanges commerciaux y est en grande partie responsable.
Au Vietnam, en 2019, le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement a également publié une circulaire stipulant les critères d’identification et de promulgation de la liste des espèces exotiques envahissantes comprenant 19 espèces et de la liste des espèces exotiques envahissantes en péril comprenant 61 espèces.
Français Les 19 espèces exotiques envahissantes sont réparties en 6 groupes : micro-organismes (virus de la grippe aviaire...), invertébrés (escargot pomme d'or...), poissons (poissons moustiques...), amphibiens - reptiles (tortue à oreilles rouges), oiseaux - mammifères (castor d'Amérique), plantes (jacinthe d'eau...). La liste des espèces exotiques envahissantes en péril comprend 61 espèces réparties en 5 groupes : invertébrés (papillon blanc d'Amérique, crabe bleu...), poissons (cascadeur à corps blanc, poisson-tigre...), amphibiens - reptiles (grenouille léopard, couleuvre arboricole brune...), oiseaux - mammifères (belette d'Ecmin, écureuil brun...) et plantes (jacinthe d'eau géante, pâquerette grimpante...).
Le rapport de l'IPBES du 4 septembre révèle que les espèces envahissantes contribuent de manière significative à 60 % des extinctions de plantes et d'animaux recensées. Parmi les autres causes figurent la perte d'habitat, le réchauffement climatique et la pollution.
Ces facteurs interagissent également. Le changement climatique pousse les espèces exotiques vers des eaux ou des terres récemment réchauffées. Les organismes indigènes y sont souvent vulnérables à des envahisseurs qu'ils n'ont jamais rencontrés. Le mois dernier, des incendies meurtriers ont ravagé la ville de Lahaina, sur l'île hawaïenne de Maui, en partie à cause de graminées envahissantes introduites il y a plusieurs décennies pour nourrir le bétail et qui se propagent désormais.
Un traité international pour la protection de la biodiversité, signé à Montréal en décembre dernier, vise à réduire de moitié la propagation des espèces exotiques envahissantes d'ici 2030. Le rapport de l'IPBES présente des stratégies générales pour atteindre cet objectif, mais n'évalue pas les chances de réussite. Il existe essentiellement trois lignes de défense : la prévention, l'éradication et le contrôle/l'endiguement en cas d'échec des précédentes.
Thu Thao ( Synthèse )
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