Reuters a rapporté le 15 juin qu'il s'agissait de la première stratégie de sécurité nationale de l'histoire de l'Allemagne. Selon DW, bien que l'Allemagne ait publié de nombreux documents politiques liés aux questions de sécurité par le passé, Berlin n'a jamais annoncé de stratégie globale. Dès fin 2021, le gouvernement allemand a accepté d'élaborer « une stratégie plus globale », compte tenu du fait que l'Allemagne n'aurait pas prêté attention aux menaces mondiales émergentes.

La stratégie de sécurité nationale, élaborée par le ministère allemand des Affaires étrangères , est le fruit de plusieurs mois de consultation auprès d'experts et de citoyens de tout le pays. Le gouvernement du chancelier Scholz avait prévu de finaliser le projet au cours de la première année de son mandat, mais en raison de discussions internes divisées, le document n'a été publié que maintenant.

Le ministère allemand des Affaires étrangères souligne que la Stratégie de sécurité nationale propose une approche de « sécurité intégrée », ce qui signifie que la sécurité est intégrée à tous les autres domaines (pas seulement la diplomatie et l'armée) et que chaque domaine peut contribuer à améliorer la sécurité de l'Allemagne. Le document affirme que le « principe directeur » de toutes les actions allemandes est la protection du pays et de ses valeurs.

L'Allemagne s'engage à soutenir l'édification d'un ordre international libéral qui respecte et défend le droit international, la Charte des Nations Unies, l'égalité souveraine des États, le droit de tous les peuples à l'autodétermination, les droits humains universels et le principe de non-recours à la force. « En tant que pays le plus peuplé et première économie au cœur de l'Europe, l'Allemagne a une responsabilité particulière en matière de paix, de sécurité, de prospérité, de stabilité et d'utilisation durable des ressources naturelles », souligne la Stratégie de sécurité nationale allemande.

Le chancelier Olaf Scholz (au centre) et les membres du cabinet annoncent la première stratégie de sécurité nationale de l'Allemagne. Photo : Reuters

Le document identifie de profonds changements dans l'environnement sécuritaire de l'Allemagne. L'ordre mondial est de plus en plus multipolaire. Guerres, crises et conflits ont un impact négatif sur la sécurité de l'Allemagne et de l'Europe. La société et l'économie allemandes sont confrontées à des menaces complexes, notamment le terrorisme, l'extrémisme, le crime organisé, les cyberattaques et les risques croissants pesant sur la chaîne d'approvisionnement. « Grâce à une économie en croissance et à des partenariats solides en Europe et dans le monde, nous relevons les défis de notre époque avec confiance et optimisme. Dans un monde en mutation, nous intensifions nos efforts pour garantir la sécurité et la liberté de notre pays », indique le document.

La Stratégie de sécurité nationale affirme que la sécurité de l'Allemagne est indissociable de celle de ses alliés et partenaires européens. L'engagement de l'Allemagne envers l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et l'Union européenne (UE) est « indéfectible ». L'Allemagne consacrera 2 % de son PIB à la défense afin d'atteindre les objectifs de l'OTAN, tout en augmentant ses investissements dans la protection des infrastructures essentielles, les capacités de cybersécurité, etc. L'objectif de l'Allemagne est d'assurer « une Europe unie dans la paix et la liberté ». L'Allemagne souhaite garantir que l'UE puisse continuer à préserver sa sécurité et sa souveraineté « pour les générations futures », soutient l'intégration et l'élargissement de l'UE et souligne la nécessité de réformes au sein de l'UE. L'Allemagne a également annoncé qu'elle redoublerait d'efforts pour contribuer au maintien de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération nucléaire à l'échelle mondiale.

Le New York Times a rapporté que la stratégie de sécurité nationale allemande a été globalement bien accueillie et évaluée positivement par de nombreux analystes. Cependant, certains estiment que le document manque de détails, notamment sur la question du budget destiné à mettre en œuvre les « ambitions » proposées. « Dans une certaine mesure, cette stratégie ne parvient pas à établir de lien entre les objectifs et les modalités de mise en œuvre, car elle ne mentionne pas clairement le budget », a commenté Claudia Major, experte à l'Institut des affaires internationales et de sécurité de Berlin.

Reuters a noté que le document ne mentionnait pas les menaces qui constitueraient la réponse prioritaire de l'Allemagne, et que Berlin n'avait pas non plus créé de Conseil de sécurité nationale pour aider à la mise en œuvre de la stratégie. Par ailleurs, AP a cité le chef de l'opposition Friedrich Merz, déclarant que le document de 76 pages publié par le gouvernement du chancelier Scholz était « stratégiquement sans importance, sans valeur et dénué de sens » et avait été rédigé sans consultation des alliés de l'Allemagne.

HOANG VU