Le 8 juillet, la Silicon Valley a été le théâtre d'un véritable tremblement de terre souterrain lorsque Ruoming Pang, ingénieur et cadre supérieur en charge du groupe Apple Foundation Models (AFM), a officiellement rejoint Meta Platforms. Il ne s'agissait plus d'un simple transfert de personnel, mais du symbole d'un bouleversement tectonique.
L'événement est considéré comme un choc majeur pour les efforts déjà lents d'Apple en matière d'IA et une démonstration claire de la campagne de « chasse de têtes » la plus audacieuse et la plus coûteuse de l'histoire de la technologie initiée par Mark Zuckerberg.
La division IA d'Apple semble avoir subi sa plus grande perte depuis le début du développement d'Apple Intelligence. Non seulement elle brise un vide au sein de son équipe d'élite, mais elle révèle également de profondes divisions au sein de l'entreprise, soulevant de sérieuses questions quant à sa capacité à rivaliser dans la course de plus en plus acharnée à l'IA.
La campagne « houleuse » de Meta : milliards, ambition et la marque personnelle de Zuckerberg
Pour comprendre pourquoi Apple a perdu si facilement un talent aussi essentiel, il faut examiner la stratégie ambitieuse et rentable de Meta. Le recrutement de M. Pang n'était pas un acte isolé, mais un maillon essentiel d'une campagne systématique et soigneusement orchestrée.
Selon des sources proches du dossier, Meta a proposé des dizaines de millions de dollars par an pour recruter Ruoming Pang – un montant qui a « cassé le marché » et largement dépassé le salaire habituellement versé par Apple. Cette décision montre que Mark Zuckerberg est prêt à tout pour attirer les meilleurs talents.
Mais l'argent ne fait pas tout. Cette décision s'inscrit dans une stratégie plus vaste annoncée par Zuckerberg fin juin : réorganiser l'ensemble de sa division IA pour se concentrer sur un objectif unique : développer la « superintelligence », une forme d'IA capable d'accomplir des tâches complexes aussi bien, voire mieux, que les humains. Pour y parvenir, Meta s'est engagé à investir des dizaines de milliards de dollars cette année, principalement dans les infrastructures de centres de données, les puces et, bien sûr, les ressources humaines.
La campagne de Meta a été marquée par la touche personnelle du PDG Mark Zuckerberg. Il a non seulement approuvé le budget, mais s'est également impliqué directement dans le processus de recrutement. Zuckerberg a personnellement contacté les candidats potentiels via les réseaux sociaux, les invitant même chez lui, dans la Silicon Valley et à Lake Tahoe, pour des entretiens et des présentations – une approche personnelle et intime rarement vue au niveau du PDG d'une grande entreprise.
La liste des « stars » que Meta a « attirées » s'allonge. Avant M. Pang, on comptait Alexandr Wang de Scale AI, l'investisseur Daniel Gross et l'ancien PDG de GitHub Nat Friedman. Plus récemment, Meta a continué de recruter deux experts de premier plan chez ses concurrents directs : M. Li Yuanzhi d'OpenAI et M. Anton Bakhtin, qui a participé au développement de Claude, l'assistant d'Anthropic.
De toute évidence, Meta mène une « course aux talents » à une échelle sans précédent, et vise directement les « trésors » de ses concurrents.

Meta propose à un groupe de chercheurs d'élite en IA des accords lucratifs pour développer une super intelligence artificielle (Photo : Shutterstock).
Fissures internes à Apple : crise de confiance et guerre civile du pouvoir
Alors que Meta mène une offensive extérieure, Apple est confronté à des troubles internes. Le départ de Ruoming Pang n'est que le symptôme d'un malaise plus profond : l'instabilité et une crise de confiance au sein de l'équipe de développement IA de l'entreprise.
La source du mécontentement provient d'une décision stratégique controversée. Certains dirigeants d'Apple envisagent sérieusement d'utiliser des modèles d'IA tiers, comme OpenAI ou Anthropic, pour les intégrer à la prochaine génération de Siri.
Ce fut un coup dur pour le moral de l'équipe AFM dirigée par M. Pang, responsable du développement des modèles internes pour Apple Intelligence, des résumés d'e-mails aux pages web, en passant par la génération d'emojis (Genmoji) et les notifications préventives. Le manque apparent de confiance de l'entreprise dans son propre produit a laissé l'équipe désemparée et déconcertée.
Il en résulte une potentielle « fuite des cerveaux ». Plusieurs ingénieurs du groupe AFM envisageraient de quitter Apple pour suivre leur ancien patron, et la destination n'est autre que Meta. Auparavant, Tom Gunter, connu comme l'adjoint de Pang, avait quitté l'entreprise en juin, signalant une profonde rupture.
Le chaos a même atteint les plus hauts échelons. John Giannandrea, vice-président senior de l'IA chez Apple, dont dépend l'équipe AFM, a vu son pouvoir s'éroder. Plus tôt cette année, il s'est vu retirer le contrôle de fonctions clés comme Siri, la robotique et Core ML.
La lutte de pouvoir aurait ajouté à l’instabilité de l’environnement de travail au sein de la division IA d’Apple, alimentée par la faible réponse au lancement d’Apple Intelligence et les longs retards dans le développement d’une nouvelle version véritablement intelligente de Siri.
Leçons pour retenir les talents : quand la culture prime sur l'argent
L'histoire d'Apple et de Meta illustre la guerre des talents en IA, où les anciennes règles ne s'appliquent plus. Si Meta propose des rémunérations de plusieurs millions de dollars, la réalité est que l'argent n'est pas le seul facteur qui retient ces génies.
Il est intéressant de noter que les données sectorielles montrent que, malgré des salaires extrêmement compétitifs, le taux de rétention des employés de Meta n'est que d'environ 64 %. Anthropic, une entreprise plus petite, conserve quant à elle 80 % de ses employés. Cela suggère que la culture d'entreprise, l'environnement de recherche et l'alignement sur la mission jouent un rôle tout aussi important, voire plus, que les finances.
Les tendances en matière de mobilité des professionnels de l'IA le confirment. Huit personnes sur dix ayant quitté DeepMind de Google ont rejoint OpenAI et deux autres Hugging Face. Ils se dirigent souvent vers des lieux qui offrent une liberté de recherche, où ils sentent que leurs valeurs individuelles sont respectées et où ils ont la possibilité de réaliser de véritables avancées, plutôt que de simplement courir après le salaire le plus élevé.
C'est un véritable casse-tête pour Apple. Connue pour sa culture fermée et secrète et son approche descendante des produits, Apple est-elle encore suffisamment attractive pour les meilleurs chercheurs en IA, avides de liberté, de collaboration ouverte et d'une vision technologique à long terme ?

Le départ de Pang marque un revers important pour les efforts de développement interne de l'IA d'Apple (Photo : Reuters).
Le départ de Ruoming Pang marque un tournant. Ce n'est pas seulement un échec pour Apple, mais aussi un signal d'alarme pour la Silicon Valley. La course à l'IA est entrée dans une nouvelle phase, plus brutale, plus complexe, et exige une stratégie plus globale.
Meta, avec l'agressivité, la flexibilité et la volonté de dépenser de Mark Zuckerberg, prend temporairement le dessus dans la chasse aux talents. Ils ont réussi à créer une puissante « gravité » alliant ambition, ressources considérables et environnement prometteur de percées.
Apple, quant à elle, se trouve à un tournant décisif. Elle doit s'interroger sérieusement, non seulement sur sa stratégie produit, mais aussi sur sa culture d'entreprise. Parviendra-t-elle à créer un environnement suffisamment ouvert et confiant pour former les meilleurs talents en IA, ou continuera-t-elle à perdre des talents au profit de concurrents plus agiles ?
La réponse ne décidera pas seulement du sort de Siri ou d’Apple Intelligence, mais façonnera également la position d’Apple dans la prochaine ère technologique : l’ère de la superintelligence.
Source : https://dantri.com.vn/kinh-doanh/dai-chien-ai-apple-chay-mau-chat-xam-vi-chien-luoc-ty-do-cua-meta-20250708231924326.htm
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