Hanoï est une ville qui résonne de chansons. Chaque matin, je me réveille au son des haut-parleurs diffusant les informations du jour. Ça commence par un petit coup pour vérifier si le micro fonctionne, « tap tap », puis le test : « un, deux, trois, quatre ; un, deux, trois, quatre ». Enfin, une voix retentit.
Quand j'étais petite, cette voix me rappelait la grandeur et la puissance du Vietnam, la bravoure et la force de ce pays ; elle disait que le peuple vietnamien était le meilleur du monde , et c'était une merveilleuse façon pour mon petit cœur de commencer une nouvelle journée. J'étais toute excitée. Puis, les cris des vendeurs ambulants : « Voici un sandwich chaud ! »… Je leur achetais souvent un sandwich chaud.
J'ai fréquenté l'école française Alexandre Yersin, explorateur et médecin installé au Vietnam… Le matin, le bus scolaire jaune et blanc est venu me chercher. J'avais un sac à dos en peluche et des chaussures lumineuses qui jouaient de la musique quand je marchais. L'embargo commercial américain sur le Vietnam avait été levé un an avant ma naissance, et les produits de consommation étaient désormais disponibles sur le marché vietnamien.
En 1945, de jeunes soldats portant le drapeau du Viet Minh retournèrent à Hanoï. Photo : Libération |
J'étais loin de me douter à quel point l'histoire vietnamienne m'avait façonné, moi, enfant d'origines française et vietnamienne, scolarisé dans une école dont le nom évoquait l'Indochine. La levée de l'embargo et la vente de produits américains au Vietnam marquèrent la normalisation des relations entre les deux pays. C'était une ère de paix et de victoire. J'ai grandi dans une ville avide de désirs, certains avides de rattraper cinquante ans de privations, d'autres avides de mille découvertes…
À la télévision, je vois souvent des images de victimes de l'agent orange : des hommes à la peau qui pèle, des femmes aux bras amputés, des enfants déformés… L'horreur de la guerre est toujours présente, même si Hanoï résonne toujours de chansons… Des milliers de motos sillonnent les rues, rapides comme un torrent, propulsées par une énergie inépuisable. Hanoï me donne souvent l'impression d'être en Coupe du monde, l'ambiance d'après-match, le son des klaxons lors des défilés de victoire.
Cette année, je célèbre mon 30e anniversaire, qui coïncide avec le moment où le Vietnam célèbre le 80e anniversaire de la Révolution d’août et la Fête nationale le 2 septembre ; et le 50e anniversaire de la Libération du Sud et de la Réunification nationale.
Le mausolée du président Ho Chi Minh est situé sur la place historique Ba Dinh, où il y a 80 ans, il a lu la Déclaration d'indépendance et établi la République démocratique du Vietnam le 2 septembre 1945 devant des centaines de milliers de personnes... La Déclaration d'indépendance du président Ho Chi Minh en 1945 a conduit le pays à travers des années de guerre féroce avant de remporter la victoire au printemps 1975, libérant le Sud et réunifiant le pays.
Line Papin avec son frère et sa mère sur un cyclo à Hanoï, 2000. Photo : Libération |
À l'été 2025, j'ai visité le mausolée de Hô Chi Minh. En quittant les lieux, j'ai écouté les bruits de la ville : les cris des vendeurs ambulants, le rugissement des klaxons de moto, le crépitement des haut-parleurs et les voix des gens qui s'appelaient au loin. L'Orchestre symphonique de Hanoï jouait des centaines de morceaux, doux et puissants, se mêlant aux danses d'un pays toujours debout.
PHUONG LINH (brève traduction)
Source : https://www.qdnd.vn/quoc-te/doi-song/ban-giao-huong-cua-mot-viet-nam-kien-cuong-842395
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