Mais je m'interroge aussi sur cette façon d'appeler. Elle touche d'une certaine manière à la souffrance infinie du Fils, mon peuple, au cours des 57 dernières années.
C'est pourquoi, lors de notre voyage vers le Sud pour célébrer le 50e anniversaire de la réunification du pays, nous avons visité le site archéologique de Son My, aujourd'hui situé dans la commune de Tinh Khe, district de Son Tinh ( Quang Ngai ). J'ai de nouveau frissonné devant la grande stèle énumérant les 504 victimes du massacre du 16 mars 1968 (aussi connu sous le nom de massacre de My Lai).
La ligne 25 est Nguyen Thi Be, 1 an, femelle.
La ligne 26 est Nguyen Thi Be, 3 ans, femelle.
La ligne 27 est gravée avec Pham Thi Be, 1 an, femelle...
Quel crime le Fils de mes enfants a-t-il commis en 1968 ? Je me suis posé la question et j’y ai répondu à maintes reprises.
Ils sont innocents. Aucun enfant au monde n'est innocent. Après 57 ans, sans ce massacre, ils auraient presque 60 ans aujourd'hui, trop jeunes pour prendre leur retraite s'ils avaient travaillé dans la communauté…
J'ai feuilleté les dossiers de Son My. Les pages étaient maculées du sang des personnes âgées, des enfants, des femmes pour la plupart… Ils étaient conduits aux champs, forcés de descendre dans des fossés… puis fusillés. Nombre de victimes ont également été violées, harcelées, torturées, battues ou ont eu des parties du corps mutilées…
Cette tragédie douloureuse a eu lieu dans les rizières, dans les champs de patates douces, dans les maisons des gens, dans la campagne même de Son My.
C'est une campagne révolutionnaire. Les habitants sont patriotes et résilients. Ils protègent les soldats communistes comme beaucoup d'autres dans cette bande de terre en forme de S. Ils détestent les envahisseurs. Et ils ont été victimes de représailles ignobles lors de la campagne de recherche et de destruction des soldats américains après le Têt Mau Than de 1968.
Au milieu de la brutalité de la guerre, parmi les nuées de soldats américains déterminés à tirer sur les civils, quelques cœurs humains apparurent. C'étaient les Américains éveillés, ceux que j'appelais « chanceux ».
Un soldat américain s'est tiré une balle dans la jambe, se blessant ainsi pour ne pas avoir à participer à l'exécution de civils innocents.
L'histoire du pilote Thompson survolant Son My et découvrant des cadavres. Il tenta de sauver des civils innocents des tirs des soldats américains. Il demanda au mitrailleur de l'hélicoptère de pointer son arme sur les soldats américains et d'ouvrir le feu s'ils continuaient à tuer les villageois. Thompson réussit à faire monter quelques personnes dans l'hélicoptère et à s'envoler…
Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire du massacre de My Lai, un vétéran américain se rend à Son My depuis l'autre bout du monde pour jouer du violon à la mémoire des civils innocents. Le film « Le Son du Violon à My Lai » est très célèbre. Il est comme un repentir, comme un désir de réconciliation, comme un son qui apaise la douleur du peuple de Son My et des Américains conscients.
Puis un autre vétéran américain, M. Billy Kelly, alors qu'il était trop faible pour s'y rendre, a envoyé 504 roses pour rendre visite aux 504 victimes.
Les Américains font cela pour se racheter.
Sans ces décisions, sans ces actes, leur conscience aurait été hantée toute leur vie. Leurs familles, leurs enfants, n'ont pu effacer ce sentiment de repentir obsédant… Ils ont donc eu la « chance » de réveiller leur conscience au moment le plus barbare du massacre. Ils l'ont fait après le massacre, après la guerre.
Les soldats américains n'ont pas gagné ce massacre, ils l'ont perdu. Ils ont perdu conscience et dignité. Ils ont été torturés. Selon la presse américaine, nombre d'entre eux ont souffert par la suite d'un grave syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Le Fils innocent. Mon peuple, sans armes. Ils ne s'attendaient pas au désastre qui les attendait et n'avaient aucune issue… Leur mort tragique a réveillé la conscience de nombreux Américains, poussant le mouvement anti-guerre à s'élever au cœur de l'Amérique par la suite.
Aujourd'hui, Son My a été ressuscité. Le peuple de Son My est empli d'un profond pardon. Le front de ceux qui sont restés est encore ridé, le coin de leurs yeux est sec, mais leur cœur est exempt de haine. Le pardon est l'arme la plus efficace pour réconforter les âmes de ceux qui ont péri lors du massacre de 1968 et de leurs proches profondément traumatisés.
C’est cela l’humanité, c’est cela la réconciliation.
Malgré les Américains, l’Amérique doit encore beaucoup à cette terre…
Le matin du 16 mars 1968, des unités de l'armée américaine ont massacré 504 habitants non armés de Son My, dont de nombreuses personnes âgées, des femmes et des enfants ; 247 maisons ont été incendiées, des milliers de bétail et de volaille ont été tués, et la nourriture et les récoltes ont été brûlées et complètement détruites.
Le massacre a choqué l'opinion publique mondiale quant aux crimes de guerre, créant une vague de protestations contre la guerre d'agression contre le Vietnam, même aux États-Unis.
Source : https://baohaiduong.vn/ve-chuyen-vai-nguoi-my-may-man-o-son-my-409299.html
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