À la fin de 1953, la guerre d'Indochine durait depuis huit ans. L'armée française, passive, s'enfonçait de plus en plus dans la défaite sur presque tous les champs de bataille. L'économie française ne parvenait alors presque plus à financer les dépenses de guerre des soldats français et de leurs hommes de main en Indochine, et la France dut solliciter l'aide économique et militaire des États-Unis. Dans ce contexte, le gouvernement français souhaitait trouver une solution pacifique acceptable pour mettre fin à la guerre, tout en préservant ses intérêts en Indochine. La France nomma donc le commandant en chef Henri Navarre en Indochine afin de rechercher une victoire militaire décisive et de fonder des négociations de paix sur une position de force. Avant la saison sèche de 1953-1954, la France était largement en avance sur son adversaire en termes de puissance militaire.
Bien que les Français disposaient d'un avantage écrasant en termes de nombre, d'équipement et de technologie, la stratégie de guerre populaire, appliquant rigoureusement la méthode de guérilla de l'Armée populaire vietnamienne (APV), les a contraints à disperser leurs forces sur les champs de bataille. Non seulement les Français ne pouvaient concentrer tout cet avantage dans une bataille décisive, mais ils ne disposaient pas non plus de suffisamment de forces pour lancer une attaque majeure contre le gros des forces de l'APV au Nord. Sur un total de 267 bataillons, 185 devaient effectuer directement des tâches d'occupation, ne laissant que 82 bataillons pour des missions de mobilité tactique et stratégique. Plus de la moitié des forces mobiles françaises, soit 44 bataillons, ont dû être concentrées au Nord pour faire face au gros des forces de l'APV. A cette époque, si l'on compte le nombre total de bataillons sur le champ de bataille du Nord, la force de l'Armée populaire vietnamienne ne représentait qu'environ 3/4 de la force française (76 bataillons/112 bataillons), mais si l'on compte uniquement la force mobile stratégique, la force de l'Armée populaire vietnamienne était supérieure en termes de nombre de bataillons (56/44).
Dien Bien Phu est une vallée fertile du nord-ouest du Vietnam. Longue de 15 km et large de 5 km, la rivière Nam Rom coule au milieu de la vallée, traversant les champs cultivés par les Thaïlandais toute l'année. On y trouve un petit aéroport, abandonné depuis le départ des fascistes japonais d'Indochine en 1945, situé le long de la rivière Nam Rom, au nord du bassin. Dien Bien Phu se trouve à 300 km à l'ouest de Hanoï et à 80 km au sud de Lai Chau. Entourée de collines et de forêts, elle constitue facilement un refuge pour les guérilleros. Comme Lai Chau et Na San, Dien Bien Phu est un point stratégique pour protéger le nord-ouest du Laos et la capitale Luang Prabang. Le bastion de Dien Bien Phu a été établi pour protéger le nord-ouest du Vietnam, contrôlant la connexion avec le Haut-Laos afin de servir de piège et de défier le gros des forces du Viet Minh. Selon le plan français, l'armée du Viet Minh y serait écrasée.
La forteresse de Dien Bien Phu constituait l'ultime et ultime effort de la France et des États-Unis pour résoudre définitivement la situation en Indochine à cette époque. Bien qu'elle ne fût pas incluse dans le plan stratégique du 7e général, la porte frontière nord-ouest du Vietnam devint finalement le point clé du plan Navarre.
Quant à l'Armée populaire vietnamienne, depuis la connexion de la frontière avec la Chine, elle a reçu une aide militaire précieuse de l'Union soviétique et de la Chine. Depuis lors, l'Armée populaire vietnamienne est devenue beaucoup plus forte et mature qu'avant 1950. Avec ses divisions d'infanterie (alors appelées régiments) et ses régiments d'artillerie et de génie, l'Armée populaire vietnamienne possédait une grande expérience dans la destruction de bataillons français retranchés dans leurs bunkers fortifiés. Des unités d'artillerie antiaérienne furent également construites (début 1954, l'Armée populaire vietnamienne disposait de 76 pièces d'artillerie antiaérienne de 37 mm et de 72 mitrailleuses antiaériennes DShK, en plus de plusieurs dizaines de Brownings M2 capturés aux Français), réduisant ainsi la supériorité aérienne française.
Le 6 décembre 1953, le Politburo tint une réunion présidée par le président Ho Chi Minh pour écouter le rapport de la Commission militaire générale et l'approbation finale du plan de campagne d'hiver-printemps 1953-1954. Il décida en même temps de lancer la campagne de Dien Bien Phu avec la détermination de détruire ce groupe bastion à tout prix. (Photo : documents VNA)
Le commandement général de l'Armée populaire vietnamienne vit la bataille de Dien Bien Phu comme une opportunité de détruire l'ennemi, de remporter une victoire éclatante et de mettre fin à une longue résistance. Il accepta donc le défi lancé par l'armée française d'attaquer la place forte de Dien Bien Phu. Ce fut une bataille stratégique décisive pour l'Armée populaire vietnamienne. Le Comité central du Parti des travailleurs du Vietnam (aujourd'hui Parti communiste du Vietnam) était déterminé à « détruire la place forte de Dien Bien Phu pour marquer un nouveau tournant dans la guerre, avant que les impérialistes américains n'interviennent plus profondément en Indochine ». L'opération dans le Nord-Ouest fut divisée en deux phases : • Phase 1 : La division 316 attaqua Lai Chau et prit fin fin janvier 1954. Après cela, les troupes se reposèrent et se réorganisèrent pendant environ 20 jours, concentrant toutes leurs forces pour attaquer Dien Bien Phu. • Phase 2 : Attaquer Dien Bien Phu. La durée estimée de l'attaque était de 45 jours. Si les Français n'envoyaient pas davantage de troupes, la campagne pourrait être raccourcie. Elle prendrait fin début avril 1954. La majeure partie des forces se retirerait alors, tandis que les forces restantes poursuivraient leur expansion au Laos, les troupes laotiennes assiégeant Luang Prabang.Laodong.vn
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