J'ai été subjugué par la beauté des brocarts en me perdant dans le marché de Y Ty ( Ha Giang ). Là, tout le monde portait des costumes traditionnels. Le marché était illuminé de couleurs vives sur fond gris-blanc de pluie et d'épais brouillard.
Dos au métier à tisser
Après un moment d'observation, j'ai progressivement distingué les costumes de chaque groupe ethnique. Le costume traditionnel des H'mongs présente de nombreux motifs colorés, tandis que celui des Dao Rouges est tout aussi remarquable avec ses deux tons de rouge et de noir. Le costume des Ha Nhi évoque de discrets coups de pinceau sur un tableau coloré, bleu foncé et noir.
En arrivant à Sa Pa, j'ai rencontré une vieille femme Dao assise au coin d'une rue, cousant des patrons sur des carrés de tissu, ce qui m'a permis d'en apprendre davantage sur les motifs des ethnies locales. Au deuxième étage du marché de Sa Pa, lieu de rassemblement des H'mongs et des Dao rouges, on vend des brocarts faits main.
Quand on parle de brocart, tout le monde pense à Sapa avec son petit coin de marché et l'image de femmes portant des enfants sur le dos ou d'enfants se suivant dans la rue invitant les touristes à acheter des produits en brocart.
Ha Giang abrite également la coopérative Lung Tam, un lieu où les femmes H'mong se réunissent pour préserver et développer l'artisanat traditionnel du tissage du lin. On y trouve de nombreux motifs de brocart conçus dans un style moderne et créatif, d'une grande applicabilité.
Le processus de tissage à la main du lin passe par 41 étapes, parmi lesquelles : le semis des graines, la récolte des plants de lin, la séparation des fibres, le filage, la connexion des fibres, le filage, le tissage, le lavage, le séchage... nécessitant du temps et beaucoup d'efforts.
Les machines à tisser primitives, sous le soleil de l'après-midi, étaient aussi belles qu'une scène de cinéma. Peut-être que, malgré tous les efforts de l'art, il ne parvient qu'à refléter la beauté des choses simples du quotidien. Heureusement, j'ai pu voir les ouvriers travailler dur sur leurs métiers sans avoir à acheter une place de cinéma.
Le village de Cong Don, commune de Zuoi, district de Nam Giang, est considéré comme le berceau du tissage traditionnel du brocart des Co Tu, dans la province de Quang Nam. Le village de My Nghiep (district de Ninh Phuoc) est un village de tissage traditionnel du brocart qui existe depuis plus de quatre siècles et qui appartient à la communauté Cham de Ninh Thuan .
Le village de Ha Ri (commune de Vinh Hiep, district de Vinh Thanh) conserve encore de nombreuses caractéristiques culturelles du peuple Bana, notamment le tissage traditionnel du brocart. De nombreux petits points sur la carte du brocart vietnamien ont été préservés à travers les âges par les dos fins des femmes vietnamiennes.
Prolonger la durée de vie du brocart
Le brocart est utilisé par de nombreux créateurs vietnamiens pour créer des vêtements uniques. Minh Hanh est l'une de ces créatrices célèbres. Elle a présenté à Paris, capitale mondiale de la mode , une collection intitulée « Souffle des montagnes et des forêts du Vietnam », comprenant des modèles d'ao dai et de costumes contemporains réalisés à partir de brocart des ethnies Mong et Co Tu.
La collection « Red Silk » de la créatrice Thuy Nguyen a également suscité un vif intérêt grâce à ses costumes inspirés des contes populaires thaïlandais. Les principaux matériaux utilisés pour cette collection sont le brocart, la dentelle et le satin, habilement combinés.
Récemment, la collection Soul of Ethnic du designer Tran Thien Khanh, inspirée des motifs de brocart du peuple H'mong, a été présentée à Fashion Art Toronto, dans le cadre de la Toronto Fashion Week au Canada.
Chaque créateur, avec sa propre perspective artistique, a créé des pièces de mode uniques. De nombreux créateurs dans le monde privilégient également le brocart dans leurs créations.
L'histoire d'Aldegonde Van Alsenoy, créatrice belge vivant et travaillant au centre du Vietnam pour la marque AVANA, est typique de la poursuite du modèle de la « slow fashion ». À l'opposé de l'industrie de la « fast fashion », AVANA propose des vêtements créatifs, confectionnés à la main en brocart. Chaque création est unique.
Un Américain a fondé la marque Ethnotek, spécialisée dans la vente de sacs de voyage aux designs simples, privilégiant la fonctionnalité, mais avec une touche unique : le brocart. Jake Orake, un Américain qui a erré au Vietnam, est tombé amoureux du brocart des minorités ethniques et a eu l'idée de vendre des produits en brocart.
Grâce à Ethnotek, nous avons découvert l'association Tip Me (tip-me.org), fondée par l'Allemande Helen Deacon. Cette association vise à mettre en relation des artisans de nombreux pays du monde avec des consommateurs afin de partager leur gratitude.
Tip Me aide les familles d'artisans à collecter des fonds pour réparer des motos, payer les frais de scolarité de leurs enfants ou acheter de la nourriture pour leurs familles. Des entreprises comme Ethnotek peuvent reverser l'argent des ventes de produits pour financer les frais de fonctionnement de Tip Me, et les consommateurs peuvent faire des dons directement aux artisans qui leur sont chers et qu'ils souhaitent aider.
Si l'industrie traditionnelle du tissage du brocart était une fille, elle vivrait encore une vie brillante, malgré les hauts et les bas. Je crois qu'il y aura de plus en plus de gens qui « l'aimeront de tout leur cœur »…
Source : https://baoquangnam.vn/doi-song-ruc-ro-cua-tho-cam-3143764.html
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